Mort le soleil
Gwendoline Soublin
lu, vu, entendu par Delphine - le 23/12/2023
10950 jours à "être condamné à la vie sans la vie"
Mort le soleil évoque l’histoire d’un jeune homme condamné à 30 ans de prison pour avoir commis un crime. Ce jeune homme, sans prénom dans le texte, est manipulé par Bertrand, un “ami” de son père qui squatte leur maison. Bertrand voue une haine à toutes les femmes, haine qu’il transmet insidieusement à ce garçon de 18 ans.
Cette pièce de théâtre est percutante, sa langue est à la fois poétique et crue. Sans pathos, elle évoque le mécanisme qui transforme un jeune homme sans histoire en monstre froid. En manque de repères, il se laisse endoctriner par Bertrand, son frater comme il l’appelle. A la manière d’une prière qui s’adresse à son père, le jeune homme, âgé d’un cinquantaine d’années à sa sortie de prison, revient sur sa vie : la manipulation, ses parents, son crime mais aussi les mots qui l’ont sauvés en prison. La pièce commence et se finit par le jour de sa libération : il va enfin voir le soleil, cet astre qui est mort pour lui depuis si longtemps. Il espère pouvoir dire que c’est beau.
Née en 1987 et formée à l’ENSATT de Lyon en Écriture Dramatique, Gwendoline Soublin a joué avant de recevoir l’aide d’Artcena pour son texte, Swany Song, en 2014. Elle écrit des textes théâtraux à destination des adultes, de la jeunesse et des marionnettes.
Extrait
Mon pater,
Crois-moi
Quand la juge a dit Perpétuité j’aurais préféré la
chaise électrique
Une conclusion franche
Plutôt que 10 950 jours de
sang sans flot
cœur sans battement
pieds sans exil
sexe sans caresse
langue sans appétit
Long temps mort du mitard
Long temps mort où rien n’a la saveur du vrai
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