Les spectateurs
Nathalie Azoulai
lu, vu, entendu par FLO L - le 20/02/2018
Dans la France des années 60 une famille se réunit pour la première fois autour du poste de télévision tout neuf.
Le père souhaite écouter la conférence de presse du général de Gaulle du 23 novembre 1967 : celle où il parlera des Israéliens comme d’un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». La mère, la tête pleine de films hollywoodiens, est persuadée que son bonheur dépend des robes qu’elle porte, répliques exactes de celles des grandes actrices américaines. Le fils aîné, âgé de treize ans, fervent patriote et admirateur du Général, comprend que ses parents ont connu l’exil. Il s’interroge et veut savoir comment on quitte un pays ; qu’est-ce qu’on emporte avec soi, qu’est-ce qu’on abandonne ? La fille, encore bébé, se traîne sur le tapis, gardant une jambe bizarrement repliée sous elle, peinant à soulever une hanche qui, il faudra bien l’admettre, va poser un problème. Les personnages de Nathalie Azoulai existent avec une telle force qu’ils n’ont pas besoin de prénom. Le récit, proche des pensées et des sentiments du garçon, se tisse et se tricote en une étoffe épaisse où parfois il reste les épingles ; on aperçoit le faufilage, les plis et les coups de ciseaux à venir.
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