Je voudrais que la nuit me prenne
Isabelle Desesquelles
lu, vu, entendu par cb - le 05/07/2019
Avec une infinie délicatesse, l'autrice explore la mémoire d'une enfant confrontée au bonheur et à l’amour, mais aussi au chagrin et à la perte.
Avec son nouveau roman récompensé par le prix Fémina des lycéens 2019, Isabelle Desesquelles nous offre le récit à la première personne d’une enfance heureuse, raconté par une petite fille qui semble pourtant ne plus en être une. Ce texte écrit à pas de fourmis est à déguster plus qu’à dévorer. On a envie de le lire à voix haute, pour faire sonner les mots et qu’ils retentissent dans l’air vibrant.
Nous suivons au fil des pages la description des souvenirs de Clémence, fille de Alexandre et Rosalie Sauvage. Parents fantasques, ils vivent la relation à leur enfant comme le prolongement de leur amour mutuel. Ces souvenirs sont racontés au travers de trois espaces temps différents tissés avec brio et dextérité sans que jamais le lecteur ne se perde. La petite fille nous confie l’histoire de ses parents, et avec elle, l’émerveillement du quotidien, mais aussi la difficulté pour un couple à intégrer un nouvel être dans la cellule amoureuse des amants devenus parents.
Comment se fait-il que cette petite fille de 8 ans ne parle plus vraiment comme une enfant, et ait une telle conscience de la fugacité du bonheur ? Le roman est ainsi construit en deux étapes. Ce n’est que dans la deuxième partie du livre que la gravité des propos trouvera tout son sens. Au fur et à mesure que l’histoire avance, le destin des personnages vient s’encrer durablement dans la peau du lecteur.
L’autrice fait le choix d’un aller et retour temporel sans que jamais le lecteur se perde dans cette valse continue. Bien au contraire. Elle réussit à retranscrire le lien qui se tisse entre les êtres proches, et nous découvrons avec Clémence la valeur du bonheur passé révélée par le désenchantement du poids des années.
Voir dans le catalogue de la BML
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