Eno piano
Bruce Brubaker
lu, vu, entendu par Civodul - le 05/12/2023
Bruce Brubaker est l'un des pianistes américains actuellement les plus populaires, cumulant des millions de vues sur Spotify. Avec son nouvel album il se met au défi de réinterpréter d'anciens morceaux d'ambient de Brian Eno : peuvent-ils être joués au piano ?
On considère souvent “Music For Airports” (1978) comme l’un des premiers albums d’ambient. Le concept, en l’occurrence, était de récréer, à l’aide de moyens électroniques, l’atmosphère feutrée très particulière qui règne dans les salles d’attente des aéroports.
Recréer cette ambiance sur un piano n’est – à l’évidence – pas tâche aisée. C’est pourquoi Brubaker opte pour une approche non conventionnelle qui réinvente le son du piano, créant un “nouvel instrument”, qu’il baptise piano Eno. Un nouvel instrument c’est peut-être beaucoup dire mais un son nouveau, à coup sûr. Lors des sessions d’enregistrement Brubaker utilise un Steinway, mais à l’aide d’archets électroniques (conçus au départ pour la guitare) et quelques autres artifices visant à faire vibrer les cordes du piano différemment il obtient un résultat étonnant. Les e-bows apposés aux cordes du piano permettent d’obtenir non seulement la note fondamentale d’origine mais, en outre, des fréquences harmoniques qui viennent enrichir et colorer le son. On imagine qu’un travail de studio minutieux ainsi qu’un montage idoine viennent parfaire le résultat, il est vrai très séduisant.
Cette musique à la pulsation évanescente, de peu de notes où octaves et quintes foisonnent, est toute de résonnances, de bourdons et de pédales supplémentaires. On l’estampillera easy-listening si on tient absolument à lui coller une étiquette. Mais surtout elle invite, même si l’on ne prend pas l’avion, à prendre son temps, ses aises, faire une pause et s’immerger dans son propre monde intérieur, trouver son propre sustain.
Voir dans le catalogue de la BML
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