Avoir la rage
du besoin de créer à l'envie de détruire
Daniel Marcelli
lu, vu, entendu par Sabine Bachut - le 04/01/2017
« Depuis quelques années, une expression s’est répandue dans la bouche des contemporains, les adolescents en particulier : J’ai la rage… ». Dans son dernier livre, le pédopsychiatre Daniel Marcelli, auteur de plusieurs ouvrages sur l’enfance et l’adolescence, s’intéresse à cette nouvelle expression.
L’auteur nous montre que l’apparition de cette expression est concomitante avec l’hyper-individualisme de notre société contemporaine. Nous sommes passés d’un fonctionnement basé sur les contacts et les liens avec autrui à la possibilité, et même l’incitation, à se réaliser en quasi-autonomie. Tout en continuant à chercher l’approbation et la reconnaissance des autres.
Un paradoxe, qui, pour les jeunes générations déjà en quête d’identité et confrontées à des sentiments de solitude et d’impuissance, mène tout droit aux extrêmes. Ces extrêmes, tout en étant de formidables moteurs créatifs, peuvent aussi mener à la destruction : « A l’origine des engagements les plus sectaires et les plus radicaux, on retrouve toujours à l’œuvre cette rage qui, ne trouvant pas d’exutoire créatif,… ne peut s’exprimer qu’en détruisant… soi-même ou les autres ».
Ce qui explique le risque de radicalisation de ces jeunes pour le Daniel Marcelli. Les émissaires des extrêmes de tout bord l’ont bien compris : ils utilisent cette ambivalence, ce besoin de s’accomplir en écoutant les jeunes, en leur proposant d’effectuer des missions humanitaires ou des « bonnes » actions envers des gens nécessiteux, puis, ensuite, en dévoyant cet engagement vers d’autres formes plus radicales.
Mais, comment sortir de ce cercle infernal ? L’auteur avance plusieurs propositions, comme intégrer l’enseignement religieux dans les écoles, aller au-devant des jeunes et provoquer le dialogue, restaurer le besoin de considération. Mais, est-ce suffisant ?
A écouter sur RFI : Avoir la rage
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