Mourad Merzouki émancipe le hip hop
Danse
Publié le 05/02/2021 à 10:39 - 4 min - Modifié le 12/02/2021 par Hélèna D.
Figure incontournable du mouvement hip hop depuis les années 90, Mourad Merzouki s'est imposé comme l'un des chorégraphes les plus emblématiques du hip hop en France et à l'étranger. Il confronte la gestuelle née dans la rue à d’autres langages chorégraphiques. Il ne cesse de se jouer des codes de la danse hip hop et repousse les frontières de cette expression artistique.
Sa rencontre avec le hip hop
Originaire de Saint-Priest, Mourad Merzouki commence par étudier à 7 ans à l’école du cirque et à pratiquer les arts martiaux. Comme beaucoup de jeunes à cette époque, il découvre et s’initie au hip hop avec la célèbre émission de télévision H.I.P.H.O.P. datant de 1984. C’est dans son quartier, qu’à l’âge de 15 ans, il enchaîne ses premières figures. De 5 à 18 ans, en parallèle aux arts martiaux, au cirque, puis au hip hop, Mourad Merzouki pratique la boxe.
Sa rencontre avec la culture hip hop l’emmène vers le monde de la danse. Il réalise alors des stages, notamment auprès de Josef Nadj.
L’aventure Accrorap
Il crée en 1989 la compagnie Accrorap avec son complice Kader Attou, ainsi qu’Eric Mezino et Chaouki Saïd. Il s’attaque alors à la chorégraphie.
En 1994, cette compagnie présente lors de la Biennale de la Danse de Lyon la création Athina, qui est remarquée par le public et les professionnels. Il parvient à faire passer le hip hop de la rue à la scène.
La compagnie Käfig
En 1996, le chorégraphe crée sa propre compagnie, qui prend le nom de son premier spectacle : Käfig (qui signifie « cage » en arabe et en allemand). Ce nom indique son parti pris d’ouverture. Lors de celui-ci, un danseur hip hop et une interprète contemporaine se défient et dansent ensemble sur un plateau bordé par un filet, tel un ring.
La compagnie crée et voyage beaucoup. Elle connaît un véritable rayonnement international.
Au carrefour de diverses disciplines et cultures
Mourad Merzouki confronte le hip hop à d’autres disciplines : le cirque, la boxe, les arts martiaux, les arts plastiques, la vidéo, les arts numériques et la musique live. Sans perdre de vue les racines du mouvement, ses origines sociales et politiques, il renouvelle ainsi le langage du hip hop. Sa démarche permet également au hip hop de sortir des clichés. Il mêle par exemple la musique classique et le hip hop et ces créations sont souvent pleines d’humour.
Chaque spectacle est une nouvelle investigation. Il explore la 3ème dimension dans Pixel en 2014 ou l’apesanteur dans Vertikal en 2018. Dans cette création, il expose les danseurs à un défi : la verticalité.
De part ses voyages et ses collaborations, il confronte le hip hop à d’autres cultures. La rencontre, l’échange et le partage sont des moteurs et des sources créatrices.
Il collabore avec des interprètes de tous les horizons, afin de développer son langage contemporain. Parmis ceux-ci, Josette Baïz, une ancienne danseuse de chez Jean-Claude Gallotta, et en 2003, Kader Attou pour sa création de Mekech Mouchkin – Y’a pas de problème, dans le cadre de l’année de l’Algérie en France.
Sensibiliser et promouvoir
Il s’engage sur le plan artistique, mais aussi social… Il mène un travail d’éducation artistique dans les quartiers défavorisés. Il poursuit également un travail de formation et de sensibilisation à la danse hip hop afin de favoriser l’accès à l’art chorégraphique et de soutenir les équipes indépendantes.
À partir de 2006, il imagine et conçoit un lieu de création et de développement chorégraphique de la danse hip hop avec le festival Karavel à Bron. Cette même année, il reçoit le Prix SACD du nouveau talent chorégraphique.
Il dirige le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne depuis 2009. “Le projet de Mourad Merzouki cherche à faire du CCN un véritable lieu de vie, un des poumons du « vivre ensemble », un lieu de croisement et de décloisonnement”.
En 2013, il crée le festival Kalypso à Créteil. Il offre ainsi un nouvel espace de visibilité aux compagnies de danse hip-hop.
En 2016, il devient conseiller artistique des Pôles en scène à Bron et son maître-mot est toujours l’ouverture.
Il reste fidèle à sa démarche artistique en proposant de créer des passerelles entre les disciplines, d’ouvrir les espaces et de les investir avec un public toujours plus large.
Sur nos étagères
- La danse aux poings de Mourad Merzouki / réal. de Mohamed Athamna / CNC / 2011 [DVD]
- Récital à 40 / réal. de Julien Condemine / chorégraphie de Mourad Merzouki / La Compagnie des Indes / 2014 [DVD]
- Pixel / réal. de Mohamed Athamna / chorégraphie de Mourad Merzouki / Naxos / 2017 [DVD]
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- Boxe Boxe / Cie Käfig [Article sur linflux.com]
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