Danse
Le flamenco contemporain
Publié le 26/06/2009 à 09:48 - 4 min - Modifié le 12/12/2017 par le département Arts Vivants à la médiathèque de Vaise
Pour Jean-Paul Montanari, directeur du Festival international Montpellier Danse, le flamenco se rénove aujourd’hui à tel point que "ces interprètes paraissent être les vrais vecteurs de la contemporanéité en Espagne !"
Les origines du flamenco
Les origines du mot “flamenco” et de l’art qu’il désigne ont donné lieu à de nombreuses hypothèses. Quelque soient ces différentes thèses développées, on peut affirmer avec certitude que ce sont les gitans andalous qui pratiquaient au départ entre eux le flamenco dans le triangle géographique formé par les villes de Cadix, Ronda et Séville. A la fin du XVIIIe siècle, le flamenco a commencé à se répandre et à développer sa forme traditionnelle. Au milieu du XIXe siècle apparaissent les « cafes cantantes » dans lesquels les gitans se produisent de façon professionnelle.
Au XXeme siècle, sous l’influence du chanteur Antonio Chacón, le flamenco fait son entrée au théâtre puis à l’opéra. En s’urbanisant, il touche un plus grand public, mais de nombreux artistes ne cherchant qu’à plaire au public acceptent de faire des concessions et des compromis qui finissent par dénaturer cet art. Dans les années 1950, le flamenco a entamé une lente reconquête de ses racines. L’année 1956, avec le concours national de Cordoue, marque le début de l’ère contemporaine du flamenco. Une nouvelle génération d’artistes flamencos va déferler, animée d’une passion et d’une soif de liberté.
Les ingrédients incontournables du flamenco
Le flamenco traditionnel utilise trois éléments fondamentaux : le chant, la danse et la guitare. Les liants sont l’âme gitane et le Duende, terme désignant un état particulier d’extase, d’envoûtement, une expressivité et un pouvoir de suggestion dont l’impact sur le public produit une émotion intense.
Le chant (el cante) est l’élément premier du flamenco. A l’origine, il s’interprétait “a palo seco”, c’est-à-dire sans aucun accompagnement, ne tolérant que quelques “palmas” (battements de mains). Puis différents styles de chant se sont développés.
De nombreux artistes de flamenco parmi les plus grands se sont spécialisés dans une forme unique.
La danse (el baile), est introduite dans un deuxième temps. Au début, la danseuse n’est qu’un élément décoratif de la scène, un complément esthétique du chant. Elle s’est imposée peu à peu en exécutant des chorégraphies complexes : la danse flamenca est ainsi devenue un art à part entière.
La guitare (el toque), apportée plus tardivement, accompagne le chanteur et le danseur. Limitée dans un premier temps à une musique de fond, elle s’est orientée vers une structure musicale appelée, le compas. Elle est aujourd’hui considérée comme l’alter ego du chant et de la danse.
Les thèmes
Dans le flamenco traditionnel, les thèmes les plus souvent évoqués sont la passion amoureuse, la société, l’amour maternel, la pauvreté, la mort, l’honneur et la religion.
Aujourd’hui, les thèmes abordés sont plus diversifiés et davantage en phase avec notre époque. Les flamencas n’hésitent pas non plus à adopter un langage plus familier.
Les flamencas célèbres
Parmi les grands chorégraphes espagnols liés à la rénovation du flamenco, on peut citer :
Mercedes Ruiz (née en 1980) a d’abord travaillé avec la Compagnie de Manuel Morao y Los Gitanos de Jerez, elle travaille ensuite avec des artistes tels que Antonio el Pipa, Eva la Yerbabuena ou Andres Marin. Sa danse, toujours très élégante, est à la fois expressive et introvertie. Elle inspire des émotions profondes et traduit une certaine fragilité. La tradition du flamenco est omniprésente dans ses créations. Elle se situe donc dans une mouvance plutôt classique. Voir son site.
Andres Marin (1969), quant à lui, se détache de la tradition. Il est surnommé le « Picasso de la danse ». Il expérimente et introduit des éléments modernes : vidéos, projections d’images et effets de lumière. Aux sons traditionnels de la guitare et du chant, il ajoute tambours, piano ou encoure des cloches. Voir un extrait de son spectacle El cielo de tu boca.
Israel Galvan (1973), surnommé aussi “le mythe Galvan”, est le danseur le plus radical et le plus connu de la génération du flamenco avant-gardiste. S’il n’oublie jamais ses racines, sa danse déborde d’innovations provocatrices : projections de films, photographies, jeux sonores et intégration de nouveaux instruments dans la musique traditionnelle flamenca. Ce sont surtout ses mouvements qui sont atypiques et « révolutionnaires ». Il saute, se contorsionne, fait des mouvements brusques. Il danse pieds nus, masqué, avec une chaise qui émet des bruits étranges. Il aborde des sujets macabres et repoussants avec un grand sens de l’autodérision. Cet artiste éblouissant d’inventivité a fait l’objet d’ un essai philosophique de Georges Didi-Huberman intitulé Le danseur des solitudes. L’art d’Israel Galvan, tenant à la fois du sublime et du grotesque, y est présenté comme appartenant à la naissance de la tragédie quand celle-ci n’était pas comprise au sens de tristesse, de drame, d’événement terrible.
Antonio Najarro (1975). Dans ce portrait, La danse espagnole en partage, réalisé par Jean-Marie David, le danseur et chorégraphe Antonio Najarro, nous ouvre les portes du Ballet national espagnol de Madrid dont il est désormais le directeur, ainsi que de lieux emblématiques du flamenco à Madrid et Séville. Il explique ses processus de création dans un art en constante évolution, mélangeant les styles de danse ibérique (flamenco, boléro, danse espagnole stylisée, folklore) pour représenter “l’âme de la nation espagnole”.
Rocio Molina (1984). Enfant prodige du flamenco contemporain.
Pour aller plus loin :
Pour connaître les principaux cantaores, tocaores et bailaores, rendez-vous sur cette page du site Flamenco Events.
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