Alix Delmas

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - par ycadet

"Le rouge est un océan" Michel Pastoureau

©Alix Delmas. Bloody Sea, 2017

Bloody Sea, 2017

Artiste expérimentale et protéiforme, Alix Delmas joue, avec ses œuvres et ses installations, sur notre perception du réel. Pour transfigurer sa prise de vue d’une vague se brisant sur le sable, la photographe place devant l’objectif de son appareil un filtre en gélatine rouge. Conférant au paysage une dimension dramatique, la couleur prend le pas sur les autres éléments de la composition et agit sur l’œil du spectateur comme le ferait l’image rémanente d’un objet sur notre rétine.

Comme le fleuve qui s’écoule sans s’arrêter, la vague est aussi une métaphore du temps: “le réel comparaît pour disparaître aussitôt.”  écrit Jean-Christophe Bailly dans Une éclosion continue. En effet, dans la réalité, une vague se forme, disparaît en se brisant et laisse sa place à la suivante qui s’efface à son tour. L’effet hypnotique de ce mouvement continu et répétitif, suggéré ici par l’image fixe, est à la fois renforcé et contrecarré par la couleur rouge. Renforcé, car celle-ci plonge le spectateur dans une forme de stupeur; contrecarré puisque qu’elle demeure le signal universel du danger et de l’alerte. Bloody Sea renvoie de manière singulière et fascinante aux mouvements de notre conscience, oscillant entre les sentiments d’impuissance et de responsabilité que l’on peut éprouver face aux événements tragiques qui sont portés à notre connaissance. Une manière pour l’artiste d’évoquer le drame des migrants et de représenter le cimetière marin qu’est devenue, malheureusement pour un grand nombre d’entre eux, la Méditerranée.

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