La Haye, le procès de poutine

Sasha Denisova

lu, vu, entendu par Clémence - le 24/09/2025

Les principaux dirigeants russes sont en prison, en attente de leur procès à la Cour pénale internationale. Bouffons pathétiques, ils s'entre-déchirent pour tenter de sauver leur peau. C'est détonnant, presque burlesque tout en étant évidemment tragique.

On assiste à une audience du Tribunal pénal international de La Haye, où dix dirigeants russes sont jugés pour crimes de guerre en Ukraine. En parallèle, dans leur cellule, ils se demandent comment ils ont pu en arriver là. L’un se rappelle ses parties de pêche avec poutine, une autre oublie qu’elle a menacé d’atomiser la Pologne, un troisième soupçonne les Etats-Unis d’user d’armes biologiques. poutine (dont le nom est toujours écrit sans majuscule) tente de tous les contenir. Qui sera condamné ?

Tous les personnages sont des dirigeants russes existants (la présidente de la Fédération de Russie, la propagandiste en chef, le ministre de la Défense, le dirigeant des opérations militaires, etc.). Ils se renvoient tous la faute, tentent de tout mettre sur le dos de poutine. Chaque personnage est outrancier, retors, et ne pense qu’à sauver sa peau. Bouffons tragiques, pathétiques, qui reprennent toute la propagande russe actuelle : « les Ukrainiens sont des nazis, il faut retrouver la grandeur perdue de la Russie, les Etats-Unis préparaient une attaque contre la Russie ».

L’autrice mêle des éléments réels de la politique russe avec des fragments imaginés de tragédies familiales, en particulier celle d’une gamine ukrainienne. C’est elle qui présente les protagonistes, et on comprendra que ses deux parents sont morts. Cela crée un récit non linéaire d’une grande force émotionnelle.

C’est détonnant, presque burlesque tout en étant évidemment tragique. Mais la pièce fait aussi exister l’espoir d’une justice.

L’autrice

Sasha Denisova est ukrainienne, autrice de plus de 30 pièces. Elle a travaillé à Moscou jusqu’en 2022 et s’est réfugiée à Varsovie au début de la guerre en Ukraine, tout comme l’auteur russe Ivan Viripaev.
Écrit peu de temps après le début de l’agression militaire, sa première représentation a eu lieu en février 2023 en Pologne. Le spectacle a été jouée au Théâtre de la Cité à Toulouse en 2024.