Les polluants de l’air et leurs effets sur la santé

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 21/06/2017 par Bib4

Les pics de pollution de ces derniers mois ont mis sur le devant de la scène les particules fines. Mais la pollution atmosphérique, à l'origine de 9% des décès en France, est un mélange complexe de milliers polluants qui interagissent. Focus sur quelques uns d'entre eux.

Masque, Oxygène
Masque, Oxygène

L’air que nous respirons peut contenir des centaines de polluants sous forme gazeuse, liquide ou solide.

En Rhône-Alpes, l’histoire de la surveillance des polluants a commencé il y a plus de 40 ans avec la mesure des concentrations d’acidité forte.

Depuis, le spectre des polluants surveillés n’a cessé de s’élargir, conformément au renforcement préconisé par les directives européennes.

Définition

Les polluants désignent des “substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives“.

On en distingue deux sortes : les polluants primaires et les polluants secondaires.

Les premiers sont directement issus des sources de pollution (trafic routier, industries, chauffage, agriculture…). Il s’agit par exemple des oxydes d’azote (NOx), du dioxyde de soufre (SO2), des composés organiques volatiles (COV), des hydrocarbures, et de certains métaux (plomb, cadmium…).

Les polluants secondaires sont créés dans l’atmosphère via des réactions chimiques entre des polluants. Il s’agit notamment de l’ozone, du dioxyde d’azote.

Quels effets sur la santé ?

Le tableau ci-après liste, pour chacun des  polluants surveillés [par Air Auvergne Rhone Alpes] leurs effets sur la santé. Il est contruit à partir de la page du site ATMO :

Polluants de l’air Origine / Sources principales Effets sur la santé
Les particules fines  (PM10 et PM2,5) Les particules en suspension, communément appelées « poussières », proviennent en majorité de la  combustion à des fins énergétiques de différents matériaux (bois, charbon, pétrole), du transport routier (imbrûlés à l’échappement, usure des pièces mécaniques par frottement, des pneumatiques…) et d’activités industrielles  très diverses (sidérurgie, incinération, photo chauffage, chaufferie Selon leur granulométrie (taille), les particules pénètrent plus ou moins profondément dans l’arbre pulmonaire.

Elles entraînent des inflammations répétées, conduisant à une irritation chronique qui peut aller jusqu’à la mutation cellulaire. C’est pourquoi les particules fines sont classées comme cancérogènes certains pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé

Les oxydes d’azote (NOx) : Le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Ces composés sont formés par oxydation de l’azote atmosphérique (N2) lors des combustions (essentiellement à haute température) de carburants et de combustibles fossiles.

Les sources principales sont les véhicules et les installations de combustion

A forte concentration, le dioxyde d’azote est un gaz toxique et irritant pour les yeux et les voies respiratoires.

Augmente la fréquence et la gravité des crises d’asthme.

Favorise les infections pulmonaires chez l’enfant.

Pas de risque cancérigène estimé.

Le dioxyde de soufre (SO2) Polluant essentiellement industriel.

Les sources principales sont les centrales thermiques, les grosses installations de combustion industrielles, l’automobile et les unités de chauffage individuel et collectif.

Irritant des muqueuses, de la peau et des voies respiratoires supérieures (toux, dysphées, etc.). Il agit en synergie avec d’autres substances, les particules fines notamment. Comme tous les polluants, ses effets sont amplifiés par le tabagisme.
L’ozone (O3) N’est pas directement rejeté par une source de pollution, il n’est donc pas présent dans les gaz d’échappement des véhicules ou les fumées d’usine. Il se forme par une réaction chimique initiée par les rayons UV (Ultra-Violet) du soleil, à partir de polluants dits « précurseurs de l’ozone », dont les principaux sont les oxydes d’azote (NOx) et les composés organiques volatils (COV). Les enfants, les personnes âgées, les asthmatiques, les insuffisants respiratoires sont particulièrement sensibles à la pollution par l’ozone

La présence de ce gaz irritant peut provoquer toux, inconfort thoracique, essoufflement, irritations nasale et oculaire. Elle augmente aussi la sensibilisation aux pollens.

Le monoxyde de carbone (CO) Gaz incolore et inodore. Sa présence résulte d’une combustion incomplète (mauvais fonctionnement de tous les appareils de combustion, mauvaise installation, absence de ventilation), et ce quel que soit le combustible utilisé (bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane). Il diffuse très vite dans l’environnement. Il agit comme un gaz asphyxiant très toxique qui, absorbé en quelques minutes par l’organisme, se fixe sur l’hémoglobine.
Il peut provoquer nausées, vomissements, vertiges, fatigue, maux de tête.Chaque année, il est responsable de 8000 intoxications, et de 100 à 200 morts.
Les métaux lourds regroupent une famille de composés assez vaste Les principaux métaux surveillés sont l’Arsenic (As), le Cadmium (Cd), le Chrome (Cr), le Nikel (Ni), le Plomb (Pb) et le Zinc (Zn). Ils proviennent de la combustion des charbons, pétroles, ordures ménagères et de certains procédés industriels (métallurgie des métaux non ferreux notamment). Les métaux s’accumulent dans l’organisme et provoquent des effets toxiques.
A court et/ou à long terme, ils peuvent affecter le système nerveux, les fonctions rénales, hépatiques, respiratoires, etc. Le potentiel toxique et carcinogène varie cependant considérablement d’un composé à l’autre.
La famille des Composés Organiques Volatils (COV) regroupe toutes les molécules formées d’atomes d’hydrogène et de carbone (hydrocarbures) comme le benzène (C6H6) et le toluène (C7H8). Les COV se trouvent à l’état de gaz ou de vapeur dans les conditions normales de température et de pression.
Ce sont principalement des vapeurs d’hydrocarbures et de solvants divers. Parmi les composés organiques volatils (COV), le benzène est pour l’instant le seul polluant soumis à des valeurs réglementaires
Ils vont de la simple gêne olfactive à une irritation des voies respiratoires, une diminution de la capacité respiratoire, ou des risques d’effets mutagènes et cancérigènes (benzène). Les solvants organiques peuvent être responsables de céphalées, de nausées…
Les dioxines et furanes font partie de la famille des Polluants Organiques Persistants (POP) au même titre que les PCB (PolyChloroBiphényles) et de nombreuses dizaines d’autres polluants (certains pesticides et autres produits chimiques industriels). Les dioxines sont issues de combustions en présence de chlore, d’oxygène, de carbone et d’hydrogène.
Les principales sources d’émissions sont : l’incinération de déchets et de boues, le chauffage, les feux de bois, incendies, le brûlage de câbles, le blanchiment du papier avec des composés chlorés, le transport routier, la fabrication d’herbicides…
L’impact des dioxines et furanes sur la santé humaine est avéré.

Une exposition à court terme à des teneurs élevées en dioxine peut être à l’origine de lésions cutanées, chloracné et formation de taches sombres sur la peau par exemple, ainsi qu’une altération de la fonction hépatique. Une exposition prolongée peut endommager le système immunitaire, perturber le développement du système nerveux, être à la source des troubles du système endocrinien et de la fonction de reproduction.

Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) sont des composés à base de carbone et d’hydrogène qui comprennent au minimum deux cycles benzéniques. Ils se forment par évaporation mais sont principalement rejetés lors de la combustion de matière organique. La combustion domestique du bois et du charbon s’effectue souvent dans des conditions mal maîtrisées (en foyer ouvert notamment). Plusieurs HAP sont classés comme probables ou possibles cancérogènes, pouvant en particulier provoquer l’apparition de cancers du poumon en cas d’inhalation (phase particulaire surtout). Les métaux s’accumulent dans l’organisme et provoquent des effets toxiques. Ils peuvent affecter le système nerveux, les fonctions rénales, hépatiques, respiratoires, etc. Le potentiel toxique et cancérigène varie cependant considérablement d’un composé à l’autre.
Les pesticides Toutes substances ou préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes vivants jugés indésirables ou nuisibles pour les plantes, les animaux ou les hommes.
Les pesticides les plus couramment utilisés sont les herbicides, les fongicides et les insecticides.
Les pesticides peuvent pénétrer dans l’organisme par voie cutanée, par inhalation ou ingestion et avoir des effets aigus et/ou chroniques sur la santé humaine.
Les effets immédiats sont variés, il peut s’agir des troubles cutanés, hépato-digestifs, ophtalmologiques, neuro-musculaires, respiratoires et ORL.
Les effets chroniques sont beaucoup plus difficiles à déterminer et font l’objet de nombreuses controverses.
Les pollens Le prélèvement et le comptage des pollens sont réalisés par les partenaires du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique)

La surveillance des pollens débute selon les villes entre janvier et mars pour se terminer entre septembre et octobre. A noter que les pollens ne sont pas identiques sur tous les points de mesures.

Pénétrant par les voies respiratoires, ils provoquent une réaction du système immunitaire : rhinite, conjonctivite, toux, fatigue, crise d’asthme, œdème et urticaire…

Un problème de santé publique mondial

Les dernières estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montrent qu’en 2012, ce sont 3,7 millions de décès qui étaient provoqués par la pollution de l’air extérieur au niveau mondial. En mars 2014 l’OMS estimait que 80 % de ces décès résultaient de maladies chroniques telles que les cardiopathies ischémiques et d’accidents vasculaires cérébraux, 14 % de bronchopneumopathies chroniques obstructives ou d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures, et 6 % étaient imputables au cancer du poumon.

cop. OMS

A court terme, la pollution va entraîner des symptômes plutôt bénins, comme des toux, des ­gênes respiratoires légères, des irritations des yeux et de la gorge. Les personnes qui ont des problèmes de santé, qui sont âgées, ou qui sont plus exposées que d’autres, peuvent avoir besoin de recourir aux soins pour des affections respi­ratoires ou cardio-vasculaires. Dans les cas les plus graves, des décès peuvent survenir.

 

A long terme, c’est-à-dire au-delà de quelques mois, la pollution peut induire des maladies chroniques, respiratoires ou cardio-vasculaires, telles que des cancers du poumon ou des coronaropathies (famille des infarctus du myocarde). Elle a des effets chez les femmes enceintes, comme des naissances prématurées, les particules fines pouvant traverser la barrière placentaire. Elle peut avoir aussi des conséquences sur la fonction cognitive de l’enfant, et des maladies neurologiques chez les personnes âgées. Dans les cas les plus graves, la pollution peut conduire à une réduction de l’espérance de vie et à des décès.

 

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