Les adolescents et l’alcool

- temps de lecture approximatif de 15 minutes 15 min - Modifié le 04/07/2016 par Bib4

La consommation de boissons alcooliques diminue régulièrement en France depuis plusieurs années, mais une nouvelle forme alarmante d'alcoolisation abusive est apparue chez les jeunes. Le « binge drinking » consiste à absorber ponctuellement une quantité excessive et intensive d'alcool pour parvenir le plus rapidement possible à l'ivresse.

Il concerne essentiellement les adolescents de 12 à 16 ans. Ce mode de consommation est en augmentation rapide chez les jeunes, notamment au Royaume-Uni et en Irlande où il est considéré comme un problème majeur de santé publique. Les médecins parlent de « consommation frénétique » et insistent sur la notion « d’intentionnalité » de l’ivresse, mais aussi sur le caractère « organisé » de la consommation, ainsi que sur la recherche de sa « visibilité » : les jeunes se saoulent désormais dans la rue. Suite à une augmentation d’admissions aux urgences pédiatriques de jeunes de moins de 15 ans hospitalisés pour des comas éthyliques, les médecins tirent la sonnette d’alarme et appellent les adultes à la vigilance !
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Paroles de jeunes

1 – Etat des lieux de l’alcoolisation des jeunes
2 – Des jeunes témoignent
3 – Motifs d’inquiétude et propositions d’actions
4 – Eduquer et informer pour une meilleure prévention
5 – Parents démunis comment réagir ?
6 – Les adolescents et la prise de risques
7 – Et plus généralement sur l’alcoolisme

1 – État des lieux de l’alcoolisation des jeunes



Tabac, alcool et cannabis durant la primo adolescence

Résultats du volet français de l’enquête HBSC 2006.
Tendances n°59, OFDT, mars 2008.

En 2006, des élèves de 11, 13 et 15 ans scolarisés en France ont été interrogés sur leurs comportements de santé et leurs consommations de produits psychoactifs.
Ces premiers résultats réaffirment la prééminence de l’alcool à l’adolescence.
La diffusion de l’alcool apparaît très précoce puisque 59 % des jeunes de 11 ans déclarent en avoir déjà bu alors qu’à peine 8 % disent avoir déjà fumé une cigarette…



Alcool, plaisir et dépendance : les jeunes et l’alcool
Article extrait de la revue Cerveau & Psycho, n°29 octobre 2008.

La consommation d’alcool par les jeunes varie selon les pays, l’âge et le sexe. Toutefois, toutes les études montrent que la consommation d’alcool est plus ancrée dans les pays nordiques, et que la consommation occasionnelle et les ivresses ont augmenté dans tous les pays d’Europe depuis 1999. Le binge drinking, ou ivresse rapide, est un phénomène en expansion.



Ados & alcool : ils boivent trop, que faire ?

Par Christine Vilnet et Audrey Leclere, éditions Josette Lyon, 2010.

Une enquête qui fait l’état des lieux de la consommation d’alcool par les adolescents, avec des témoignages, des avis et des conseils des professionnels.
Aujourd’hui, pas de fête entre ados sans alcool. Et l’amusant n’est pas de boire un verre, mais d’être « bourré ». 6 jeunes sur 10 ont d’ailleurs déclaré avoir été ivres dans l’année. Ils ont 13-16 ans et s’entraînent à boire très rapidement, jusqu’à l’ivresse. Le binge drinking devient un phénomène de société. Les nouveaux mélanges, les prémix, les happy hours, la législation plus restrictive mais ambiguë, les parents qui leur ont appris à trinquer…, toute la société concourt à donner une image festive de l’alcool.


Alcool et adolescence : jeunes en quête d’ivresse

Sous la direction de Patrice Huerre et François Marty, aux éditions Albin Michel, 2007.

A la recherche de sensations fortes, les ados boivent de plus en plus tôt, de préférence en bande, et parfois en association avec d’autres produits toxiques. Mais parce que le problème de l’alcool est quasiment tabou en France, contrairement à celui de la drogue, on constate un grave décalage entre la prise en compte de ce phénomène et sa réalité, démontrée notamment par les chiffres.
Et si l’on admet et dénonce la responsabilité de l’alcool dans les accidents de la route, on commence tout juste à parler de ses ravages depuis le collège jusqu’aux grandes écoles.
Il est grand temps d’affronter cette question, car l’alcoolisme de plus en plus précoce met en péril l’avenir des jeunes, inquiète à juste titre les professionnels de santé, les enseignants et les familles, et touche à des enjeux sociaux essentiels.

2 – Des jeunes témoignent



Le premier verre : alcoolique à 12 ans

Par Elodie Comte, aux éditions Lafon, 2009.

Pour Elodie, la transition entre l’enfance et l’âge adulte ne ressemble pas vraiment à une adolescence ordinaire.
A douze ans, en sixième, elle partage quelques bières avec des camarades pour s’amuser, pour faire comme les grands. L’alcoolisme, dès lors, s’empare de sa vie. Boire devient son seul et unique centre d’intérêt : dérober de l’argent à ses parents pour acheter des boissons, planquer des bouteilles à proximité de tous les lieux qu’elle fréquente quotidiennement, lutter pour cacher sa dépendance à ses proches, défier l’institution scolaire en inventant des stratagèmes pour boire jusque dans la salle de cours…
Et Elodie s’enlise. Elle opte pour les grands moyens, s’injecte l’alcool par intraveineuse. Elle s’enfonce aussi dans le mensonge, dans la violence, dans le mal-être. Guérie à force de volonté, Elodie met aujourd’hui son expérience au service des autres et se rend régulièrement dans les lycées pour témoigner, expliquer, prévenir.



J’ai commencé par un verre

Par Geneviève Casasus, aux éditions Oh ! Ed., 2008.

Comme de très nombreux jeunes gens, Geneviève découvre l’alcool par la fête et la convivialité.
Une cuite, puis deux, puis des verres chaque jour. Bientôt des bouteilles. En quelques mois, cette jeune fille timide, issue d’une famille comme les autres, sombre dans la dépendance. Comment boire sans inquiéter ses proches ? Geneviève apprend à donner le change. Faire semblant d’être sobre devient une seconde nature. Elle réussit la sélection exigeante pour être hôtesse de l’air. Une hôtesse souriante et attentive, appréciée par les passagers comme par ses collègues.
Elle s’envole vers les plus belles destinations, fait la fête dans le monde entier… En fait, elle boit du matin au soir. Nul ne peut imaginer quelle femme ravagée se dissimule derrière son uniforme irréprochable. Geneviève est alcoolique. Et parce que personne ne s’en aperçoit, personne ne vient à son secours. Jusqu’au moment où viendront les comas, les hospitalisations, les crises de démence, les internements…
de nombreux sevrages et autant de rechutes. Aujourd’hui tirée de l’enfer de l’alcool, Geneviève Casasus raconte avec une force rare ses années d’autodestruction et le calvaire qu’elle a vécu pour en sortir.

3 – Motifs d’inquiétude et propositions d’actions



Jeunes et alcool : quelle prévention ?

Dossier extrait de la revue La Santé de l’homme, n°398 – décembre 2008

Comment prévenir la consommation excessive d’alcool chez les jeunes ? Educateurs, psychiatres, addictologues, sociologues mais aussi anthropologues dressent un état des lieux de la consommation, des représentations de l’alcool chez les jeunes, des démarches de prévention possibles. Avec un focus sur le binge drinking et la présentation des pratiques de prévention aux Pays-Bas, en Allemagne et au Québec.



L’alcoolisme adolescent : en finir avec le déni

Par Frédérique Gardien, aux éditions L’Harmattan, 2007.

Agir préventivement sur le risque alcool auquel s’exposent de nombreux adolescents nécessite que soient préalablement définis les dangers qu’ils encourent.
On ne peut à la fois pointer ce jeune public comme la cible privilégiée de la prévention, et réfuter l’installation de l’alcoolisme à cet âge. Dans ce contexte, mieux vaut parler de politique de réduction des risques. Mais quelle en est la véritable utilité ? L’alcoolisme, processus particulièrement captieux, s’installe bien avant que ne se déclarent d’éventuelles alcoolopathies. S’il n’est pas admis aujourd’hui que les pratiques d’alcoolisation à l’adolescence participent pour certaines à l’installation de cette pathologie, c’est bien parce que les représentations de l’alcoolisme et de la personne alcoolique nécessitent un véritable et honnête questionnement.
Quelle est la place de la consommation d’alcool aujourd’hui en France ? Ce travail de recherche propose un nouvel outil pédagogique d’intervention qui permettra aux adolescents qui en bénéficieront de questionner leur rapport à l’alcool autrement qu’en termes de rituels de passage ou d’expériences festives. Il invite également à s’interroger sur les raisons qui laissent à penser que les ” cuites ” des adolescents seraient comme un passage obligé à l’adolescence.


Alcool, drogues chez les jeunes : agissons

Par Daniel Bailly, aux éditions Odile Jacob, 2009.

Alcool et drogues à l’adolescence : quels sont les risques de les consommer ? Ce qui compte dans la consommation abusive, ce n’est pas tant le produit que le fait que ce comportement témoigne de difficultés affectives, relationnelles et/ou sociales, qui risquent de conduire l’adolescent à la dépendance.
Pourquoi et comment un jeune est-il amené à expérimenter des pratiques illicites ? Quand faut-il s’inquiéter ? Quel rôle les parents doivent-ils avoir ? Banaliser ou dramatiser ? Comment prévenir ? Comment traiter ? Solidement étayé, ce livre propose des éléments de réponse pour repérer et comprendre les comportements d’abus et d’addiction. Il s’adresse aussi bien aux parents qu’aux enseignants, aux professionnels de la santé et, de façon plus générale, à tous ceux qui sont concernés par les problèmes de l’adolescence.

4 – Eduquer et informer les jeunes pour une meilleure prévention

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Paroles de jeunes

Alcool plus d’infos pour moins d’intox

Brochure édité par l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé), 2008.

Par ces dessins et son style, cette brochure s’adresse directement aux jeunes. Elle transmet des informations objectives qui aborde l’alcool d’un point de vue scientifique, ses effets sur l’organisme et en particulier sur le cerveau, rappelle le principe des équivalences entre verres, fait le point sur les prémix, alcopops, vinipops et bières fortes, traite des risques à courts et longs termes, propose un questionnaire d’évaluation de sa consommation et enfin délivre quelques conseils et contacts utiles sur la question.


L’alcool, un drôle d’ami

Par Anne-Marie Thomazeau. Aux éditions de La Martinière, 2007.

Constatant que la consommation d’alcool débute de plus en plus tôt, l’auteure informe les jeunes sur les dangers de l’alcool, et propose un test pour faire le point sur sa consommation et les raisons de cette pratique. Elle donne des conseils concrets pour changer son rapport à la boisson, ou aider un ami et propose des adresses d’organismes spécialisés.

5 – Parents démunis comment réagir ?

 

Drogues, alcool : en parler en famille

Par le docteur François Besançon, aux éditions InterEditions, 2006.

Parler en famille des dépendances est le meilleur moyen d’aider son enfant ou un proche à ne pas en devenir la victime. Mais comment le faire efficacement et être écouté ? Quand prendre les devants pour prévenir son enfant avant qu’il ne soit trop tard ; comment lui apprendre, dès 11 ans, à refuser le premier joint ; quelles sont les différentes drogues et leurs effets ; comment apprendre à un ado à ne pas franchir le seuil du ” premier verre en trop “…
L’ouvrage aide les membres adultes d’une famille et notamment les parents à trouver une démarche appropriée et des arguments solides pour prévenir leurs proches contre les dangers de l’alcool et de la drogue. Il permet de dépasser le stade du conseil bien intentionné mais peu efficace pour rentrer dans la prévention “active” dès 11 ans.

L’effet cacahuète : questions réponses sur les drogues et les autres dépendances à l’usage des adolescents et des parents

Par Jean-Claude Matysiak, aux éditions Pascal, 2005.

Ce livre est avant tout un outil pour favoriser le dialogue entre parents et adolescents, sur la drogue et les autres dépendances.
Si parfois certains d’entre nous s’alarment à l’excès devant la moindre conduite jugée excessive de leur enfant, il nous faut dire que la majorité des ados qui commence à déraper vers une dépendance ne s’en rend pas vraiment compte. S’il faut en connaître les dangers, le plus important reste sûrement de comprendre pourquoi les dépendances peuvent nous attirer au point, pour certains, d’en devenir esclave.
Adolescents et parents, nous avons tous envie de savoir : “Comment ça marche ?” Mais la dépendance ne tombe pas du ciel. Bref, pourquoi devient-on accro ou addict ? Pour l’ado, ce dialogue sera une façon de ne pas garder un problème ou une interrogation pour soi, sans réponse.

6 – Les adolescents et la prise de risques

 

Jeux dangereux : quand l’enfant prend des risques

Par Marie-France Le Heuzey, aux éditions Odile Jacob, 2009.

Prendre des risques fait partie du développement normal de l’enfant, cela lui permet de gagner en assurance et en autonomie.
Mais il arrive que l’enfant, poussé par le besoin de se mettre à l’épreuve ou de soulager une souffrance cachée, ou parfois juste pour s’amuser, se retrouve en situation de danger. Jeux dangereux, sports à risque, pratiques sexuelles non protégées, consommation d’alcool ou de drogues, scarifications, anorexie, conduites suicidaires… Comment, sans être intrusif ni surprotecteur, armer l’enfant contre ces dangers ? Comment lui faire prendre conscience des risques et lui apprendre à préserver son intégrité ? Marie-France Le Heuzey nous donne des conseils pour transmettre à nos enfants et adolescents le goût de la vie et le sens du respect.



Le passage

Par Marcel Rufo. Aux éd. Anne Carrière, 2006.

A travers l’histoire de trois adolescents, Dom, Jules et Nassama, lycéens dans la même classe, cet album aborde le problème du suicide chez les 15-24 ans et les comportements à risque comme l’usage du cannabis, l’absorption d’alcool, la conduite de véhicule à une vitesse excessive…

7 – Et plus généralement sur l’alcoolisme



L’alcool, moi et les autres

Par Jérôme Hoessler, aux éditions Springer, 2009.

« Est-ce que je bois trop ? Sincèrement, je ne pense pas. Par contre François, qu’est-ce qu’il boit ! » Il semble instinctif de se dire que l’on boit moins que l’autre, peut-être parce que cela rassure : les préjugés que nous avons sur celui qui s’alcoolise « trop » ne nous empêchent-ils pas de s’interroger sur notre propre relation à l’alcool ? En France, environ 5 millions de personnes sont confrontées à un problème d’alcool. Fondé sur les avancées de la recherche, cet ouvrage propose une vision accessible de la place et du rôle de ce produit dans notre société.



Alcool : de l’esclavage à la liberté

Par Dr Philippe Batel et Serge Nédélec. Aux éditions Demos, 2007.

Cet ouvrage a l’originalité d’associer l’expertise d’un médecin, Philippe Batel, et de son ancien patient, Serge Nédélec.
Construit à partir de onze témoignages singuliers et authentiques, il décrit de l’intérieur l’enfer de l’alcool. Il permet de découvrir les méandres de leur cheminement, souvent chaotique, vers le rétablissement et l’accession à une vie nouvelle, permise par l’acceptation de l’abstinence. Chacun de ces témoignages-parcours de vie est commenté par le docteur Philippe Batel qui nous fait bénéficier de sa grande expérience clinique en alcoologie et de son humanisme. A partir de l’expression de chacune de ces personnes, il apporte un éclairage sur les mécanismes de l’alcoolisation excessive, les formes diverses de vulnérabilité, de dépendance et de co-dépendance et les traitements appropriés. Pour donner des repères clairs et précis, des contacts et des adresses aux lecteurs les plus concernés, l’ouvrage inclut des fiches-conseils pratiques sur les différents aspects des soins et de l’accompagnement des malades alcooliques et de leur entourage.

Pour en finir avec l’alcoolisme : réalités scientifiques contre idées reçues

Par le Docteur Philippe Batel, aux éditions La Découverte, 2006.

Alors que l’alcoolisme affecte 5 millions d’individus en France et en tue 45 000 chaque année, cette
maladie semble toujours subir les mêmes préjugés. Pourtant, au cours des cinquante dernières années, la recherche en alcoologie a considérablement progressé et a permis de fournir des connaissances scientifiques aujourd’hui solidement étayées.
En s’appuyant sur la synthèse de ces données, publiées dans des expertises collectives de l’Inserm, et sur son expérience de praticien, le docteur Philippe Batel expose ici de façon accessible les principaux progrès que la recherche en alcoologie a accomplis, par l’exploration des circuits neuronaux, la biologie, la génétique, la psychologie, le comportementalisme et l’étude du fonctionnement des sociétés.
Destiné aux personnes qui sentent que leur relation à l’alcool n’est pas toujours “saine”, à celles déjà dépendantes, à leur entourage, mais aussi aux professionnels du secteur médical et médico-social, cet ouvrage permet d’appréhender les différents niveaux de risque face à une alcoolisation excessive, de comprendre les mécanismes de vulnérabilité, de dépendance et de codépendance, et de connaître les différents traitements existant.

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