L’immigration à Lyon, de la préhistoire au XXIe siècle

- temps de lecture approximatif de 15 minutes 15 min - Modifié le 17/06/2016 par ameyer

Dans la région Rhône-Alpes, l'archéologie a mis à jour des traces matérielles ou spirituelles qui révèlent un territoire marqué par d'importants mouvements de populations. L'après seconde Guerre mondiale marque un tournant de l'histoire des immigrations dans la région Rhône-Alpes : si les immigrants venus d'Europe restent majoritaires, les migrants issus des colonies commencent à affluer dès la sortie du conflit.

Bidonville à Méons. Léon Leponce.
Bidonville à Méons. Léon Leponce.

Premières vagues

Les empreintes de ces histoires individuelles et collectives entremêlées depuis l’origine des temps peuvent se lire, notamment, dans les paysages, l’architecture, les noms de lieux, les emprunts linguistiques, artistiques, culinaires mais aussi dans les mémoires vivantes des personnes ayant migré le plus récemment. Il ne peut pas être question ici de la région Rhône-Alpes à proprement dite, celle-ci n’existant que depuis la loi n° 72-619 du 5 juillet 1972 qui porte sur la création des régions. Le terme de région lyonnaise semble plus approprié, puisque les migrations dans cet espace géographique ont commencé bien avant la création de la région et même avant que la Savoie (département appartenant aujourd’hui à la région Rhône-Alpes) ne soit rattachée à la France (le rattachement définitif date de 1860). L’identité de la région lyonnaise, carrefour géographique, économique et culturel, a été façonnée depuis la préhistoire par des habitants de toutes origines et de toutes croyances parfois venus de loin. Le peuplement de cette région s’est ainsi constitué grâce à divers mouvements de populations : exodes entre campagnes, montagnes et ville, entre colonies et métropole, embrigadements de l’armée, appel massif à la main d’œuvre immigrée dans les mines et lors des « Trente Glorieuses ».

De la préhistoire à l’empire romain

En effet, 40 000 ans avant notre ère, des traces d’occupation humaine attestent du passage de populations qui ont pu séjourner, sans nécessairement se fixer, mais apporter les premières traces de la présence humaine. D’autres indices prouvent que diverses populations se sont côtoyées sur l’actuel territoire rhônalpin bien avant l’arrivée des Romains et la création de Lugdunum qui a donné son nom à la ville. Aussi, les Arvernes, Ambarres, Séquanes, Ségusiaves, Allobroges, Helvètes, se partagent et se disputent le territoire. Puis, en 43 Munatus Plancus, proconsul, c’est-à-dire gouverneur de la Gaule Chevelue conquise huit ans plus tôt, a choisi l’actuelle colline de Fourvière, pour créer la nouvelle colonie de Lugdunum où il installe ses colons. Ceux-ci sont des citoyens romains expulsés un an plus tôt de Vienne, la ville principale des Allobroges, sujets de la Narbonnaise. Cependant, à cette époque, il y avait deux villes sur l’actuel emplacement de Lyon : Lugdunum sur la rive droite de la Saône puis Condate sur la rive gauche, légèrement en amont de son confluent avec Rhodanus (le Rhône). La ville romaine accueille alors une trentaine de nationalités dans le sillage des Romains, dont les Gaulois, qui vont constituer la confrérie des Nautes, expert en navigation sur le fleuve.

Du Moyen Âge à l’époque moderne

JPEG - 21.8 koParadoxalement, la fin de l’empire romain et le début du Moyen-Âge marque une période de déclin politique et économique. Pourtant, la ville de Lyon reste attractive, située au carrefour des principales voies de communication autant terrestres que maritimes, une voie de passage entre le nord et le sud et vers les Alpes et l’est. Ainsi, à partir du XVe siècle, la création des grandes foires attirent de nouveaux arrivants, tel que des banquiers italiens mais aussi des artisans venus de Savoie, du Juras, du Languedoc, du Beaujolais. Avec le développement de l’imprimerie, les Allemands, les Suisses, les Milanais et les Vénitiens s’installent dans la région lyonnaise et principalement à Lyon.

L’époque contemporaine et le développement de l’industrie

Les développements liés à l’expansion de la production textile, verrière, métallurgique et chimique attirent les spécialistes étrangers.

Le dynamisme industriel de la région lyonnaise tient à plusieurs raisons : implantation ancienne des banques, ressources locales en énergie, compétences et savoir faire, réseaux internationaux alimentés par les échanges permanents entre les étrangers venus se fixer ici et leur famille ou leur pays. Pour les échanges de proximité, il faut mentionner le rôle du chemin de fer de l’est lyonnais qui, depuis la fin du XIXe siècle, jusqu’au milieu du XXe siècle, a assuré le transport des personnes et des marchandises vers la proche agglomération et les campagnes, jusqu’aux confins de la Savoie. C’est aussi par cette ligne qu’arrivent les ouvriers dans la ceinture maraîchère de Lyon ou, vers les industries de Pont-de-Cheruy, Crémieu, Morestel. Les employés grecs, arméniens, italiens qui, au début du XXe siècle, vont fournir la main-d’œuvre de la grande industrie de la plaine vont emprunter ce même chemin.
Il faut noter que ces vagues migratoires sont les conditions impératives du peuplement d’un pays, ainsi que de régulation entre pays surpeuplés et pays en déficit démographique.

Bibliographie


Les Trente Glorieuses

L’après-guerre est marqué dans la région par la reprise de l’activité économique jusqu’en 1949, puis après 1954 : il faut reconstruire et trouver des travailleurs pour la relance de l’économie. Les secteurs employant une main-d’œuvre importante tel que le bâtiment, la métallurgie, les industries hydroélectriques, les complexes chimiques sur le Rhône, l’industrie automobile autour de Lyon ou les usines de pneumatiques vont ainsi recourir aux travailleurs immigrés. L’immigration coloniale, jusqu’au début des années 1960, est essentiellement issue d’Algérie et a deux origines : l’immigration officielle organisée par l’Office National de l’Immigration (ONI) depuis 1945 et celle dite libre, favorisée par la liberté de circulation avec la métropole. Cependant, les Algériens, principalement des hommes, ne jouissent pas des mêmes droits politiques que les citoyens français sur le sol métropolitain. Pourtant, pendant la seconde Guerre mondiale, ils ont aussi été mobilisés, victimes de la répression et ont participé à la Libération. Poussée par la crise agraire et l’essor démographique en Algérie, cette immigration ne cesse de croître : en 1946, on dénombre 22 000 travailleurs algériens sur le territoire et 350 000 en 1962. A cette date, l’arrivée des rapatriés et des harkis accentue le flux migratoire en provenance d’Algérie. Les Algériens représentent, en 1962, plus de 90 % de la totalité des Maghrébins en Rhône-Alpes et en Auvergne.

L’emploi

La grande crise économique frappa durement les Algériens, comme elle toucha les plus pauvres en général. Beaucoup se retrouvèrent au chômage, sans ressources, car les entreprises les licenciaient en premier et les lois sociales ne les protégeaient pas toujours. Quai Gailleton, l’Office départemental de la Main-d’œuvre organisa à leur intention un centre de secours, délivrant des repas et incitant au retour les sans-travail. Au 31 décembre 1937, le centre comptabilisait 1 760 inscriptions à ses guichets et 678 rapatriements, le 31 décembre 1938 : 4 828 inscrits et 1 614 rapatriés.

En 1955, les immigrés algériens sont près de 90 % manœuvres ou ouvriers spécialisés, les 10% restant se répartissent entre les ouvriers agricoles, les employés et quelques commerçants, et sont majoritairement installés sur Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Clermont-Ferrand, Valence ou Romans. Les marocains sont également ouvriers spécialisés ou manœuvres pour 60% d’entre eux, mais on note 26% d’ouvriers qualifiés, témoignant d’une immigration plus urbaine, et 3% de commerçants. A partir de 1963 et la signature des accords franco-marocains, l’immigration marocaine va connaître un brusque essor.

L’immigration tunisienne est encore embryonnaire dans la région lyonnaise jusqu’au milieu des années 1960, se réduisant à quelques centaines d’individus dans les sites industriels et miniers.

A côté de l’immigration maghrébine se maintient une présence asiatique provenant essentiellement d’Indochine, avec des milliers de travailleurs recrutés par la MOI (Main d’Oeuvre Indigène). A partir de 1954, un très fort mouvement de rapatriement se produit depuis l’Indochine : cent mille personnes arrivent en France, suivies par un flux continu après 1956.

L’émigration en provenance d’Afrique noire est, par contre, encore marginale jusqu’au milieu des années 1960 (à l’exception des villes comme Grenoble et Lyon), les immigrés sont d’abord des étudiants et une petite immigration sénégalaise de travail qui s’organise en 1961 au sein de l’UGTSF (Union Générale de Travailleurs Sénégalais en France).

En mai 1964, deux ans après les accords d’Evian, la préfecture du Rhône soulignait « l’extraordinaire poussée de l’immigration algérienne ces derniers mois (plus de 9 000 personnes débarquées à Bron du 1er janvier au 30 avril 1964) ». Le 10 avril, avaient été signés des accords bilatéraux de coopération destinés à « normaliser » les courants de main-d’œuvre. Comme autrefois, il s’agissait d’une immigration de travail, occupant les postes les moins qualifiés. Cette situation ne se modifie guère dans les années qui suivent. Le faible niveau de scolarisation des immigrés de la première génération pouvait expliquer en partie le maintien d’une si forte ségrégation sociale.

Le logement

A Lyon dès 1946, le problème du logement des immigrés est si important qu’une ancienne caserne de la Part-Dieu est aménagée pour accueillir 1 600 travailleurs algériens. Les usines Michelin à Clermont-Ferrand organisent un dispositif d’aide « globale » (embauche, logement, soins, assistance morale et matérielle) qui prend en charge l’intégralité de la vie du migrant. D’autres entreprises fondent des foyers pour les immigrés et, dans le Rhône entre 1948 et 1965, dix associations sont créées dans le but de les accueillir et de gérer les foyers de travailleurs (dont ceux de la Sonacotra). Cependant, ces efforts sont insuffisants devant une situation que même les autorités jugent dramatique. En 1951, les Renseignement Généraux entreprennent une enquête sur les conditions de vie des Nord-Africains et arrivent à la conclusion qu’ils vivent « comme des miséreux », soulignant une situation particulièrement difficile à Lyon et dans sa banlieue. Les efforts entamés dès le milieu des années 1950 vont aboutir à une résorption partielle de cette situation : construction par les HLM du centre d’hébergement nord-africain de Bois Monzil dans la Loire en 1954, démolition des maisons-bus de Gerland à partir de 1956, destruction du bidonville des Buers en décembre 1960 (ses habitants nord-africains relogés à Vaulx-en-Velin, dans des HLM de la rue Anatole France) ou encore fermeture du centre d’hébergement de la caserne de la Part-Dieu en 1962.

Toutefois, cette politique de réhabilitation urbaine a des côtés négatifs : à la périphérie des villes ou dans certains quartiers se constituent maintenant des enclaves immigrées. Un tel phénomène se constate par exemple dans la banlieue industrielle de Villeurbanne, dans les communes de Saint-Fons, de Vaulx-en-Velin, de Vénissieux, de Saint-Étienne, Grenoble, Clermont-Ferrand, Valence ou Bourgoin-Jallieu. A l’intérieur de ces communautés immigrées, les liens lignagers sont essentiels. Ces solidarités croisées permettent d’assurer l’arrivée des nouveaux entrants, constituent les assises d’entraide et structurent les sociabilités.

La guerre d’Algérie

La guerre d’Algérie va fixer le rejet des Maghrébins en général et des Algériens en particulier. Dès avant la guerre, les descentes de police dans les garnis et les bidonvilles sont caractérisées par une très grande brutalité. Avec la guerre d’Algérie, cette répression institutionnelle se systématise, entraînant contrôle policiers répétés, rafles et arrestations. Cependant, le racisme « anti-arabe » se prolonge bien au-delà de la guerre et atteindra son apogée entre 1962 et 1976. La colonisation et la décolonisation ont ainsi fourni les bases mentales d’un rejet pérenne, encore accentué après 1962 par l’hostilité manifeste d’une partie des rapatriés installés en Rhône-Alpes (dont trente-cinq milles en Isère).

A partir des années 1960

Entre 1969 et 1980, s’opère une lente et déterminante transformation de l’immigration. Comme par le passé, se sont les impératifs tant économiques que démographiques qui recomposent les cadres de l’immigration. La fin des Trente Glorieuses est aussi une période de troubles, marquée par une forte mobilisation. La figure silencieuse du travailleur immigré devient emblématique lorsqu’elle surgit sur la scène publique et sur le terrain des luttes et des revendications sociales et économiques. (1)

Bibliographie

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration, offre une bibliographie de la littérature concernant l’immigration, pour chaque ouvrage une présentation de la couverture et un résumé est proposée.

Bibliographie sur l’immigration : les ressources de la Documentation française

De Nicolas Bancel, Léla Bencharif et Pascal Blanchard (dir.), Lyon capitale des outres-mers : immigration des Suds & cultures coloniale en Rhône-Alpes & Auvergne, Paris, la Découverte, 2007 : Une importante bibliographie concernant l’immigration de 1872 à 2007.

De Stéphane Bienvenue et Daniel Pelligra, Rhône-Alpes, terres de passage, de rencontre et de métissage, 2005, (Peuplement & Migrations) : Ce livre à pour vocation de présenter l’histoire des différents peuples qui sont passés sur l’espaces géographique que constitue la région Rhône-Alpes depuis la préhistoire jusqu’à aujourd’hui. A la fin de chaque chapitre, une courte bibliographie permet d’approfondir la question.

De Marie-Claude Blanc-Chaléard, Histoire de l’immigration, Paris, Découverte, 2001 : Les chapitres 4 et 5.

De Pascal Blanchard, “Les guerres de mémoires”, 2007
Le numéro de L’Histoire consacré à l’immigration : 50 ans d’immigration , n°229, février 1999. Notamment l’article d’Yvan Gastaut, pp.48-53.

De Gérard Noiriel, Les ouvriers dans la société française, XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2002

De Gérard Noiriel, Le creuset français. Histoire de l’immigration, XIXe-XXe siècles, Paris, Le Seuil, 2006

De Philippe Videlier, L’Algérie à Lyon : une mémoire centenaire, Lyon 2003


(1) Bancel Nicolas, Bencharif Léla et Blanchard Pascal (dir.), Lyon capitale des outres-mers : immigration des Suds & cultures coloniale en Rhône-Alpes & Auvergne, Paris, la Découverte, 2007, p.162


L’immigration dans la région Rhône-Alpes depuis la fin des Trente glorieuses

Qu’est-ce qu’un immigré ?

Dans son rapport sur la population (Julien Boëldieu, Catherine Borrel, ” Recensement de la population 1999. La proportion d’immigrés est stable depuis 25 ans “, Insee première, n°748, novembre 2000.), L’ INSEE rappelle que l’immigré est une personne née à l’étranger, mais qui ne possédait pas la nationalité française à sa naissance. Après son arrivée en France, il peut devenir français par acquisition (immigré français) ou garder sa nationalité (immigré étranger).

La population immigrée est majoritairement citadine, concentrée dans les grandes villes : 16% des immigrés résident en agglomération parisienne. En mars 1999, 37% des immigrés résidaient en Ile-de-France, 11% en Rhône-Alpes et 10% en région PACA, qui sont les trois principales zones de localisation des immigrés. Seuls 3% des immigrés vivent dans une commune rurale.

Bilan des années 1980

Entre 1982 et 1988 en Rhône-Alpes seuls le Rhône et l’Ain attirent de nombreux nouveaux arrivants. Le dynamisme économique favorise une mobilité certainement sous-estimée. Il faut cependant noter que seul le Rhône voit augmenter sa part d’étrangers par rapport à sa population totale. Parallèlement, les événements politiques et économiques du monde modifient la situation en Rhône-Alpes. Ainsi, de 1982 à 1987, la part des Européens diminue de 44 à 39%. La proportion d’immigrés reste stable et pourtant mouvante : en dehors des Algériens, Tunisiens et Marocains, de nouveaux immigrants turcs, africains et asiatiques accroissent la diversité des ethnies rencontrées.

Selon une étude menée par Lyon Figaro (12/01/1986), 500 000 étrangers sur les 5 millions installés en France vivent dans la région Rhône-Alpes. Il apparaît que l’immigration s’est faite dans la région par vagues successives : l’immigration Italienne après la guerre a été relayée par l’arrivée d’Espagnols au début des années 1960 puis 5 ans plus tard par les Portugais. Cette tendance va s’inverser de façon très nette à partir de 1968, au bénéfice des Maghrébins. Algériens, Tunisiens et Marocains qui représentent aujourd’hui [en 1986] près de la moitié des immigrés Rhône-Alpins. Aujourd’hui [en 1986], la première nationalité reste algérienne. Suivie par la nationalité italienne et portugaise (environ 15% chacun de la population étrangère). Puis viennent les Marocains, les Espagnols et les Tunisiens (7,5 à 8% chacun). En ce qui concerne les Turcs (25 000), ils semblent très attirés par la région Rhône-Alpes. Puisque comme les Algériens, un Turc sur cinq résidant en France a choisi la région Rhône-Alpes. L’auteur précise plus loin que, d’après les statistiques de L’INSEE, d’ici une dizaine d’années, alors que les maghrébins domineront nettement avec un taux de 60%, d’autres nationalités confirmeraient leurs percées. Les Turcs par exemple, ainsi que les asiatiques et les ressortissants d’Afrique noire.

Ces 15 dernières années

D’après une autre étude menée par l’INSEE, en 1999, 471 600 immigrés résident en Rhône-Alpes, soit 8,4% de la population. Près des deux-tiers d’entre eux sont étrangers, le tiers restant ayant acquis la nationalité française. En effet, tout immigré n’est pas étranger et réciproquement. La population immigrée est définie par un double critère de nationalité et de lieu de naissance : est immigrée toute personne née étrangère dans un pays étranger. La notion d’étranger, quant à elle, se base sur le seul critère de nationalité. En 1999, 363 800 étrangers habitent en Rhône-Alpes, soit 6,4% de la population. Historiquement, il apparaît que la région Rhône-Alpes est caractéristique des vagues migratoires qu’a connues la France : après avoir été favorisée dans l’entre deux guerres, puis dans les « Trente Glorieuses », l’immigration a subi un coup d’arrêt en 1974, suite au ralentissement économique. Depuis 1975, la proportion d’immigrés s’est ainsi stabilisée à 7,4% en France métropolitaine. En Rhône-Alpes, elle tend à se réduire, tout en restant supérieure à la moyenne nationale. En 1999, 60% des immigrés Rhône-Alpins sont originaires de cinq pays : l’Algérie, l’Italie, le Portugal, le Maroc et l’Espagne. Les courants migratoires en provenance d’Italie et d’Espagne sont anciens, ceux venant du Portugal ou du Maroc sont plus récents. Les natifs d’Italie et d’Algérie sont davantage représentés dans la région qu’au niveau national. En 1999, la population immigrée de la région est ainsi très majoritairement issue d’un pays de l’Union Européenne (40%) ou du Maghreb (32%). Ces proportions sont légèrement supérieures à la moyenne nationale. Cependant, depuis les années 1970 et 1980, l’éventail des origines géographiques s’est davantage ouvert, avec notamment l’arrivée d’Asiatiques, de Turcs ou d’originaires d’Afrique subsaharienne.

La population immigrée résidant en Rhône-Alpes en 1999 et qui est arrivée en France depuis 1990 illustre et nuance ces différentes tendances. Elle est majoritairement féminine et les jeunes de moins de 18 ans y sont davantage représentés que dans la population immigrée d’implantation plus ancienne. Il s’agit là des conséquences des mesures de regroupement familial. Depuis 1999, la tendance à la diversification de l’origine géographique des immigrés se confirme au niveau national : les résultats du recensement de 2004 montrent une forte croissance, au sein de la population immigrée, du nombre de personnes venues d’Europe orientale, du Royaume-Uni, d’Asie et d’Afrique.

515 000 immigrés en Rhône-Alpes

Ce sont les derniers chiffres, ceux de 2005, que vient de publier l’Insee
En 2005, 515 000 immigrés résident en Rhône-Alpes. Algérie, Italie, Portugal et Maroc sont les principaux pays d’origine. 13 % des immigrés sont installés dans la région depuis moins de 5 ans. Les femmes sont désormais aussi nombreuses que les hommes et le vieillissement se stabilise. Les immigrés sont plus nombreux parmi les 30-59 ans. Ils sont plus diplômés qu’en 1999 mais moins que les autres rhônalpins.

Avec 8,9 % d’immigrés contre 8,2 % en 1999, Rhône-Alpes se situe au dessus de la moyenne métropolitaine (8,0 %) et demeure en 6ème position derrière l’Île-de-France, l’Alsace, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon et la Corse. La part des immigrés augmente, mais la progression régionale depuis 1999 est plus faible qu’au niveau national.

Les pays les plus représentés sont…
– l’Algérie
– l’Italie
– le Portugal
– le Maroc
– la Turquie
– la Tunisie
– l’Espagne
– la Suisse

Bibliographie

Rappel des principales lois, projets de lois et discussions relatives à l’immigration

Pour élargir la question à l’Europe, un article du Monde rédigé par Bernard Philippe et daté du lundi 10 juin 2002 est consacré au “Grand dossier de l’immigration en Europe”, p. 14

Julien Boëldieu, Catherine Borrel, ” Recensement de la population 1999. La proportion d’immigrés est stable depuis 25 ans “, Insee première, n°748, novembre 2000

FASILD, Atlas des populations immigrées en Rhône-Alpes, INSEE, 2005

FASILD INSEE, Une population immigrée aux multiples visages, 2005

Les étrangers dans la région Rhône-Alpes, dossiers de presse couvrant les années 1974-1992 édités par la Bibliothèque Municipale de Lyon.

Base dossiers de presse Rhône-Alpes : cette base met à la disposition du public les dossiers de presse contenant des articles postérieurs à 1992 et jusqu’à ce jour.

Cet article fait partie du dossier Lyon, carrefour des peuples.

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