L’Espace Lyonnais d’Art Contemporain

ELAC 1976-1996

- temps de lecture approximatif de 16 minutes 16 min - par Laurent D

Le Centre d’échanges de Perrache hébergea de 1976 à 1996 le premier lieu de l'art contemporain à Lyon, l'Espace Lyonnais d’Art Contemporain (ELAC). Celui-ci disparaitra en 1995 pour laisser place au nouveau Musée d’Art Contemporain (MAC) du quai Achille Lignon. Retour sur l’histoire de L’ELAC qui fut, avec le Centre d’arts plastiques contemporain (CAPC) de Bordeaux, l’un des premiers lieux dédiés en France à « l’art de son temps. »


I – Création du centre d’échanges de Perrache

Quartier de Perrache. Maquette du centre d’échanges. Auteur, Pierre Clavel. Collection BML

En matière d’urbanisme, l’idée forte au début des années 1960, c’est l’adaptation de la ville à l’automobile. Ce « tout-automobile » est très soutenu par le maire de Lyon de l’époque, Louis Pradel1. C’est ainsi qu’en 1963, émerge sous son patronage l’idée du percement du tunnel de Fourvière, doublant celui de la Croix-Rousse. Il faut permettre aux automobiles et aux camions de traverser la presqu’ile et de rejoindre l’autoroute A7 (du soleil). En outre, le passage de l’autoroute servira à la ville, et d’abord aux commerçants. La mise en œuvre du Centre d’échanges est lancée. L’ouvrage mis en chantier en 1972 et inauguré le 25 juin 1976 est un équipement fonctionnel. Implanté sur l’ancien cours de Verdun, il rassemble au-dessus d’un nœud autoroutier et routier en plein centre-ville, ce qui est à peu près unique dans une ville ancienne, une station de métro, des stations de bus, une gare routière, une station de taxis, un vaste parking, un centre commercial, des jardins suspendus, et un mail piétonnier qui relie la gare SNCF toute proche à la place Carnot. « Fonctionnel mais horrible », « ce véritable blockhaus, cette ligne Maginot, saccage l’une des plus belles perspectives de la ville 2.» Rare exemple avec le “centre Georges-Pompidou” (1977) d’une architecture qui tranche, impose ses fonctionnalités, la construction de l’architecte René Gagés suscite un rejet massif des lyonnais.

II – Situation de L’art contemporain à Lyon dans les années 70

Cette époque de grandes constructions marque également une sorte d’envol de Lyon sur le plan culturel. Alors que Pradel n’est guère apprécié par les milieux intellectuels (il n’a pas fait de grandes études), il va néanmoins réussir à concrétiser grâce à son « âme de bâtisseur » un effort culturel sans précédent : construction de la bibliothèque municipale de Lyon (1972), de l’auditorium Maurice-Ravel (1975), du musée archéologique de Fourvière (1975), création du conservatoire régional de musique de France.

Par contre, dans le domaine des arts plastiques, la ville accuse un sérieux retard. « Alors que l’on avait coulé quantité de béton culturel […] seules des initiatives privées avaient essayé de rendre présents les arts contemporains.3»   Durant la première moitié du XXe Lyon ne connait que l’activité d’une grande ville de second rang, où les galeries se font l’écho de l’art parisien, où dans les salons de peinture consacrés quelques manifestations veulent rendre compte des grands courants de l’art contemporain dans le monde. La situation évolue progressivement à la faveur de personnalités et de galeries un peu à la marge, mais les appuis officiels font toujours cruellement défaut.

Un combat pour l’art moderne : hommage à René Deroudille : exposition, Musée des beaux-arts de Lyon, 29 mai-17 août 1997. Collection BML

En 1976, pour répondre aux diatribes publiques de René Deroudille, célèbre critique d’art, et ardent défenseur de l’art moderne, Louis Pradel décide de mettre à la disposition de  l’association des critiques d’art lyonnais 4 une salle restée inoccupée de 1 300m2 au dernier niveau du Centre d’échanges de Perrache. « Cette salle sera destinée à des expositions d’artistes contemporains. Elle permettra d’accueillir notamment des manifestations d’artistes régionaux, et des expositions organisées avec le concours du Centre Georges Pompidou et du Centre de National de Recherches, d’Animation et de Création pour les Arts Plastiques (CRACAP).5 »

III – Naissance de L’Espace lyonnais d’Art contemporain

La proposition de Louis Pradel est accueillie froidement par l’association des critiques d’Art lyonnais, le dernier niveau de la gare ne lui parait guère propice aux expositions. Il faut l’insistance d’André Mure pour qu’elle soit acceptée : « Il convient de reconnaître : ce centre d’échanges de Perrache aura été une aubaine. Où trouver ailleurs que dans ce que nous appelions trop tôt le « mur de la honte », le « monstre de béton », un espace privilégié, marqué par les techniques…et capable d’être irrigué constamment par un flux humain considérable, grâce à une situation hyper privilégiée. M. Pradel a fait là un cadeau savoureux aux arts plastiques qui s’estimaient réduits à la portion congrue […]6 » L’offre acceptée, Louis Pradel dégage aussitôt les crédits nécessaires pour des travaux complémentaires, l’acquisition de matériel indispensable au fonctionnement de la salle, le recrutement de trois gardiens et d’un directeur, Jean-Louis Maubant.

Le Centre d’échanges et l’Espace lyonnais d’Art contemporain – nommé Marius Mermillon, en hommage à l’ancien critique d’art, et co-créateur du mouvement artistique Les Ziniars – sont inaugurés le 25 juin 1976 par Louis Pradel et les critiques d’art réconciliés. Les discours officiels sont prononcés dans l’enceinte de l’Espace culturel. René Deroudille et Jean-Jacques Lerrant prennent la parole pour remercier Louis Pradel pour avoir donné à la peinture droit de cité à Lyon. Le maire de Lyon vient de signer par ailleurs une charte culturelle avec Michel Guy, secrétaire d’Etat à la culture, qui associe pour la première fois, l’Etat à la ville sur le plan culturel. Pour les arts plastiques cette charte prévoie une aide pour une salle à aménager dans le domaine de l’art contemporain.

Inauguration de L’ELAC en présence de René Déroudille et Louis Pradel. Collection BML

 

 

IV – l’ELAC se cherche une identité

Diffusion de l’art contemporain (de la région vers l’extérieur, et de l’extérieur vers Rhône-Alpes), création d’expositions de qualité « nationale » et d’événements culturels. animation et rencontre d’un public autour de la création, telles sont les tâches que Jean Louis Maubant assigne au nouvel établissement, et qui doit lui conférer son originalité.8

Très vite expositions et événements s’enchainent sur un rythme soutenu, entrouvrant des portes à différents partenaires, sans clivage, ni catégorie, choisissant l’événement plutôt que l’histoire avec les symposiums d’art performance  d’Orlan et Hubert Besacier, insistant sur la force du lieu, défendant très tôt l’art en train de se faire. « On a dit souvent de l’ELAC (entre 76 et 82) qu’il était un organisme pionner […] Comme tout pionnier, il fallait inventer, chaque jour. Et c’est la rencontre dans ce lieu, d’hommes et de femmes très différents, mus par la même passion de l’art, qui a permis l’invention. »9 « Ici pas de portes à franchir, de guichet à honorer. Tous ceux qui quotidiennement y circulent pour trouver transports selon leurs besoins, peuvent entrer, regarder, discuter, admirer, s’indigner. »10 

Des difficultés “comptables” contrarient cependant le bon démarrage du lieu. Lors de la signature de la charte culturelle de1975 l’Etat s’était engagé vis à vis de la municipalité à prendre une part égale au fonctionement du Centre. Or ces crédits ne sont pas débloqués. Deroudille s’insurge à nouveau contre le centralisme parisien et publie un article, « Ne parlons plus de décentralisation artistique ! », dans l’édition de la Dernière Heure Lyonnaise du 10 janvier 1977 : « Nous croyons avoir fait les preuves que l’art du peintre, du dessinateur ou du sculpteur intéresse tout le monde puisque depuis juin 1976 plus de 200 000 personnes sont venues visiter gratuitement les expositions du Centre d’échanges de Perrache […] Peut-être à Paris, se souviendra-t-on qu’il existe des contrats que l’on se doit d’honorer. » Lors d’une séance du conseil municipal du 26septembre 1977, André Mure réaffirme devant ses contradicteurs que la ville de Lyon réclamera, avec la volonté et la pugnacité qui la caractérise, ce qui était convenu pour l’ELAC dans la Charte Culturelle et qui n’a pas été respecté.

Autre sujet d’inquiétude pour le devenir de l’ELAC avec le départ soudain de Jean-Louis Maubant l’été1978, « Il ne faudrait pas que l’hirondelle Maubant n’annonce plus le printemps culturel Lyonnais que sa présence nous faisait espérer ». Marie-Claude Jeune lui succède le 1er septembre 1978. Tout en continuant dans la ligne tracée par son prédécesseur, la nouvelle administratrice souhaite faire de l’ELAC un lieu de réflexion sur l’art. Informer sur ses tendances actuelles vivantes à la fois par des expositions et des animations.

Vue de l’espace d’exposition. Collection BML

 V – Une décennie brillante

60 expositions sont présentées entre l’exposition inaugurale de 1976 et l’exposition rétrospective de 1986 « Elac : 10 ans ». C’est avec « Fluxus international and Co » que le lieu se positionne. Alternent des expositions de la même envergure, de grandes premières européennes confiées à des commissaires : « Europe 80 » (A.Charre), « Energie New-York » (G.Rey), et des expositions où la peinture lyonnaise reprend ses droits sur ce qu’elle considère comme sa « vitrine ». La lecture du catalogue bilan de l’exposition des « Dix ans de L’ELAC » en 1986 montre que les objectifs qui avaient été fixés au centre d’art ont été atteints. L’espace mieux structuré, complété avec des salles de conférence, de projections vidéo, d’une librairie spécialisée, et devenu un bon équipement pédagogique en restant ce qu’il était à l’origine un lieu de découverte.

Invitation à l’exposition “Energie New-York”. 15 janvier – 15 mars 1982. Collection BML

VI – La vidéo

Mais c’est Georges Rey compagnon de route de l’Elac depuis 1979 qui assoit la réputation de l’établissement dans le monde entier grâce à la vidéo.  « En 1977 j’ai proposé, avec l’équipe du Cinéma (salle située Impasse St Polycarpe Lyon 1er) , à Jean-Louis Maubant, d’inviter des cinéastes expérimentaux et de montrer leurs films. Le virage à la vidéo est venu en 1979 lorsque Marie-Claude Jeune, nouvelle directrice, m’a demandé de faire des projections régulières, pour arriver à 52 séances par an : tous les mardis à 18h30. L’ELAC vidéo montrait surtout des œuvres d’artistes sur support vidéo, mais aussi des films de chorégraphes, de musiciens, de stylistes… ainsi que des documents sur l’art […]11

Programme. Collection BML

Les mardis de la vidéo attirent un public très divers et fidélisé, et permettent le passage d’artistes importants : Bob Wilson, Robert Ashley, Philippe Sollers, Bill Viola,  Ange Leccia, Marie et les garçons, etc…

 « Ce que Marie-Claude jeune voulait nous faire comprendre, c’était le fait que ce qui comptait, c’était de faire découvrir des choses, montrer de la nouveauté. Il est vrai que tout ce que nous montrions à « l’ELAC vidéo » n’avait jamais été vu à Lyon. Les gens avides de nouveautés pouvaient être satisfaits. »12     

VII – Ouverture du Musée Saint-Pierre Contemporain

Installation de Marinus Boezm sur la façade du Palais Saint-Pierre contemporain. Photographe René Lanaud. Collection BML

L’existence de l’Elac et sa réussite ne remettent pas en cause le projet plus ambitieux d’un musée d’Art moderne pour la ville de Lyon. Louis Pradel en avait fait la promesse aux Lyonnais en 1975, au Musée des Beaux-Arts, lors de l’inauguration des salles de la peinture lyonnaise au XIXe siècle. Ce nouveau musée devait prendre place dans des locaux du Palais Saint-Pierre bientôt vacants (fin 1976-1977). La commission consultative des Beaux-Arts (René Deroudille en est membre), demande donc au nouveau maire, Francisque Collomb, de faire respecter l’engagement pris par son prédécesseur, dans l’intérêt de Lyon, qui doit tenir son rang de ville internationale (tandis que Grenoble, Marseille, Saint-Etienne, font de gros efforts pour créer des collections contemporaines). La décision de créer un musée d’art moderne devient effective en 1979 grâce à l’action d’André Mure qui annonce cette année-là l’ouverture en 1983 d’une véritable section d’art contemporain dans l’aile Desjardins du Palais Saint-Pierre (rue Herriot), là où se trouvaient les services techniques de la ville. Faisant suite à cette décision Thierry Raspail est nommé en septembre 83, Conservateur Municipal chargé de concrétiser la politique de la ville en matière d’art contemporain ; c’est-à-dire mettre en place la section art-contemporain du musée Saint-Pierre, en assurer la programmation, ainsi que de celle de l’Elac, qu’il confie en 1986, après le départ de Marie-Claude-Jeune, à Odile Plassart, et endosser la direction artistique d’Octobre des Arts.  

 VIII – “L’affaire de l’Elac”

Invitation à l’inauguration de l’exposition Toi et moi pour toujours. Elles sont de sortie. 10 mai-17 juin 1984. Collection BML

Mai 1984, une exposition « Elles sont de sortie », et une brochure supposée la représenter vont être pendant plusieurs jours à l’origine d’un petit scandale que la presse désigne comme « l’affaire de L’Elac ». En cause la publication d’un catalogue jugé pornographique. Imprimé à l’insu de la ville de Lyon et pourtant sous une couverture au sigle de l’Elac, le catalogue dont certains exemplaires avaient déjà été distribués, est retiré sur ordre du conservateur municipal Thierry Raspail … mais trop tard, le scandale s’étale sur la place publique, par l’intermédiaire de la presse. André Mure, adjoint aux affaires culturelles de la ville, mis devant le fait accompli, juge que la ville de Lyon s’est fait piéger »13.

Quelques jours plus tard, c’est l’exposition « Elles sont de sortie » qui devient le sujet du débat. En effet, le maire du 2éme arrondissement qui a pu apprécier de visu l’accrochage exprime son indignation : « cette exposition n’est pas convenable. C’est délirant, bête et laid. Je dirai même qu’un tableau sur trois est immonde (…) » 14. Il est suivi par le comité rhodanien de l’Action pour la Dignité Humaine » qui juge que l’exposition toute entière attente aux bonnes mœurs et l’accuse de pornographie. Francisque Collomb interdit par arrêté l’accès de l’Elac aux mineurs et avertit les visiteurs par des pancartes du « caractère agressif de certaines des œuvres exposées pouvant choquer la moralité de certains ». L’affaire devient nationale et fait la joie de la presse parisienne, “heureuse de ravaler Lyon au rang de Clochemerle”. André Mure, réuni  autour de lui une sorte de commission de haute autorité pour trancher la question : l’exposition « Elles sont de sortie/Toi et moi, pour toujours » a-t-elle ou non un caractère pornographique ? Six membres : l’adjoint aux Beaux-Arts, deux critiques d’art, le directeur des affaires culturelles de la ville, une chargée de mission, et Jacques Oudot, peintre, élu, et président du F.R.A.C Rhône-Alpes. Après une scrupuleuse visite l’exposition est considérée visible par tous les publics. Dans le Progrès du 22/05/1984 on lit : « La conclusion de l’affaire est pleine d’humour : il n’y a jamais eu autant de monde à l’Elac ».

IX – Sur le bon usage des lieux

En quelques années, les lieux d’expositions et d’interventions consacrés à l’art contemporain se sont multipliés, ainsi que les manifestations internationales, notamment L’Octobre des Arts. Le développement des arts plastiques après le théâtre, la musique et la danse donne à Lyon un rayonnement semblable aux grandes villes étrangères. « Incontestablement, l’Elac a ouvert la voie, la marque est de fait indélébile » écrit Thierry Raspail, dans le catalogue des dix ans de l’espace. Pour Jean Jacques Lerrant, L’Elac contribue à l’effervescence nouvelle à Lyon pour l’art contemporain dont « l’Octobre des Arts est le signe majeur ».

Affiche de l’exposition Status of sculpture. 23 mars-21 mai 1990. Collection BML

Quel est à présent son avenir alors qu’il dépend depuis septembre1983 d’un ensemble tripode qui inclut Octobre des arts et le Musée Saint-Pierre art contemporain. « Je prétends que l’éclectisme doit rester l’esprit même de l’Elac, ne serait-ce que pour le différencier d’un lieu plus radical comme le Musée d’art contemporain de Saint-Pierre […] J’imagine que Thierry Raspail, qui a aussi autorité sur L’Elac, doit souhaiter que celui-ci et le Musée Saint-Pierre aient une vocation différente. A l’Elac le soin d’informer le plus objectivement possible. Au Musée celui d’accueillir ses choix de conservateur à la personnalité forte, très engagé dans les propositions les plus pointues15 ». Pour Thierry Raspail, « A terme, et sans que les choses soient aussi bien définies, les salles du Musée St-Pierre présenteront surtout des expositions biographiques et historiques, alors que l’Elac se consacrera à des manifestations plus polémiques16 ». Mais une urgence se fait sentir. En 1992 si le planning est respecté, les salles du Palais St-Pierre ouvertes depuis 1984 sous le nom de Musée d’art contemporain de Lyon seront récupérées pour être intégrées au projet de réhabilitation du grand palais St-Pierre. Reste un point non élucidé : Où ira l’art contemporain après 1992.

X – Création du MAC

La perspective de libération des locaux occupés par l’ancienne Foire de Lyon, et de leur éventuelle réhabilitation, avait amené la ville et le ministère de la culture à demander à Thierry Raspail de réaliser pour le lieu une étude préalable pour un musée d’art contemporain quai Achille Lignon. Mais la municipalité ayant décidé de détruire les bâtiments pour y construire la Cité internationale sur le projet de l’architecte Renzo Piano (alors qu’un classement du site avait été envisagé), l’implantation d’un musée était devenue incertaine. Ce n’est qu’en raison de l’obligation faite à la ville de conserver le pavillon d’honneur de l’ancienne foire que l’installation du musée à la Cité Internationale est finalement rendu possible. Mais il aura fallu auparavant convaincre la municipalité de la pertinence d’un tel investissement du fait de la proximité des institutions grenobloise et stéphanoise dédiées à l’art contemporain.  A l’automne 1993, après de longs débats, le conseil municipal est finalement appelé à entériner le projet d’installation du nouveau musée d’art contemporain, et à adopter un plan de financement. En novembre se produisent la fermeture des locaux de Saint-Pierre, et le transfert provisoire des activités du site vers l’Elac. Le chantier du musée s’engage en 1994.

Vestige de l’atrium du Palais de la Foire de Lyon. Photographe, Claude Essertel. Collection BML

XI – Fermeture de l’Elac    

Mais bientôt une inquiétude sur le devenir de L’Elac se fait sentir; l’espace est-il condamné à cause de la construction programmée d’un vrai musée d’art contemporain lyonnais ? Pour Jacques Oudot, l’adjoint à la culture de la ville (1989-1995), la réponse est oui. Il s’en explique dans un courrier publié en janvier 1994 dans le journal le Progrès « A Lyon pendant vingt ans il y eu un déficit d’art contemporain, dans les années à venir, quand le nouveau musée sera en surchauffe, on sera en état d’overdose. Il ne sera pas indispensable d’avoir deux autres centres d’art contemporain sur le Grand Lyon, l’Elac et le l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne. Il faut savoir ouvrir des pistes et savoir les refermer, c’est de la cohérence.17 » 

L’Elac qui a organisé entre 1986 et 1995 des expositions de nature historique, comme Manessier la passion 1948-1988, de découverte, comme Nouveaux Francs en 1989 et Top 50 en 1991, et des confrontations thématiques, comme Histoires de sculptures en 1989 et Here’s Looking At Me, l’autoportrait contemporain, cesse de fonctionner à la fin de l’été 95 avec une dernière exposition, Regards croisés, œuvre de la collection d’art contemporain de la fondation la Caixa, Barcelone.

Pour Jean-Jacques Lerrant qui en fut l’un des pères fondateurs, “l’Elac n’était pas un musée avec ses cohortes d’amateurs avertis, mais de passage et de surprise, dont la vocation populaire s’est affirmée au fil du temps. Cette singularité plaidait en faveur d’une continuité des activités du lieu. »

  • Photos n° 1-2-3 : Espace lyonnais d’art contemporain (Elac). Auteur Marcos Quinones. Collection BML
  • Photos n° 4-5 : Exposition Top 50 à l’Elac. Marcos Quinones. Collection BML
  • Photo n°6 : Exposition des diplômés de l’Ecole des beaux-arts de Lyon à l’Elac]. Claude Essertel
  • Photo n°7 : Exposition Verso de l’Arte Povera à l’Elac. Robert Deyrail. Collection BML
  • Photo n°8 : Exposition sur le mouvement chicano à l’Elac. Marcos Quinones. Collection BML

Notes

1 : « Pradel, en fait, est à la fois un acteur et simultanément un otage de la modernisation tous azimuts du pays. Il voit son action municipale étroitement encadrée par les services de l’état, tant dans le domaine de la conception que dans la mise en œuvre, et être directement dépendante des subventions de l’état. » Gilles Pollet, in l’Intelligence d’une ville, P23-30.

2 : Dictionnaire historique de Lyon

3 : André Mure, in X ans de l’ELAC

4: L’impulsion donnée à l’art contemporain revient à un groupe de critiques Lyonnais composé d’André Mure, René Deroudille et Jean-Jacques Lerrant. Leur groupe, nommé l’ACAL (Association des Critiques d’Art Lyonnais), mène alors une politique offensive en faveur du développement de l’art contemporain à Lyon. Cette association soutient vigoureusement les artistes et la promotion des œuvres dans l’espace public, notamment par des catalogues et des articles et est suffisamment décidée et militante pour influer sur la politique des élus, notamment celle de Louis Pradel.

5 : Le Bulletin Municipal Officiel de Lyon, 18/07/1976

6 : André Mure, in l’Intelligence d’une ville 

7 : Geneviève Breerette ” Tissu et création” à Lyon, in Le Monde, 12/09/77

8 : ELAC Magazine n°4

9 : Marie-Claude Jeune, in X ans de l’ELAC

10 : André Mure, in X ans de l’ELAC

11 :Georges Rey: ELAC video Lyon

 12 : Georges Rey, entretien avec « Convoi exceptionnel » 

13 : Journal Rhône-Alpes, 17/05/1984

14 : Le journal : 19/05/1984

15 : Elite n°23 P.4

16 : Lyon : un nouveau contexte, Opus international, n°95

17 : Le Progrès, 09/01/1994

Bibliographie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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