Chasseurs d'images

Feyzin, vue aérienne

Photographe : Georges Vermard, 11 mai 1962.

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - par dcizeron

Il n’est jamais simple de reconnaître les paysages du passé ; le remembrement, l’industrie, l’aménagement et l’étalement urbain, les réseaux de transports ont reconfiguré les territoires. Aviez-vous réussi à identifier Feyzin sur cette photographie de Georges Vermard ?

Lyon et sa région, Feyzin, Georges Vermard, P0702 B04 16 486 00016
Lyon et sa région, Feyzin, Georges Vermard, P0702 B04 16 486 00016

En ce temps-là, Feyzin est un village de campagne. La commune compte, après la guerre de 1939-1945, moins de 1800 habitants ; elle en recense plus de 5000 en 1968 après le boom industriel. Une grande partie de la population travaille la terre. On trouve encore de nombreux maraîchers, éleveurs, la plupart bovins, et des rosiéristes le long de la nationale 7. La plaine du Rhône, à défaut d’être particulièrement fertile est délaissée au profit des cultures. Il faut dire que ce sont des terrains sujets à de fréquentes crues ; les deux dernières ont lieu en 1955 et 1957.  L’industrie n’est pas complètement absente, elle est même déjà développée, en particulier en direction de Saint-Fons, le long du fleuve dont l’eau est utilisée et « usée » à loisirs. On fabrique ici des engrais, des pellicules photographiques, de la soie artificielle, du caoutchouc.

Georges Vermard photographie Feyzin en 1962, à un moment charnière, un tournant.

Le quatrième plan de modernisation et d’équipement de la France pour la période 1962-1965 affiche une volonté marquée de transformer la vallée du Rhône, au sud de Lyon, en une vaste zone industrielle. L’Etat décrète notamment, dans ce cadre, la construction d’une raffinerie aux portes de Lyon car il faut construire des raffineries à l’intérieur du territoire, proche des lieux de consommation. Le choix de l’emplacement se porte sur Feyzin. Les travaux d’études commencent dès 1962, appuyés et pilotés par le Préfet de l’Isère (Feyzin rejoint le département du Rhône en 1968) qui voit dans la pétrochimie un formidable outil de développement. Le chantier proprement dit débute en avril 1963.

La plaine du Rhône connaît une dernière crue, de fer et d’acier. Terrassement, endiguement, drainage des sols… Les cheminées de la raffinerie se substituent aux terres agricoles et aux guinguettes de l’allée du Rhône, à la Grande Gravière, lieux des flâneries du dimanche, propice aux activités nautiques (baignades, barque, water-polo) et surtout terre d’accueil des célèbres joutes rhodaniennes où excellaient les Sauveteurs de Feyzin. La dernière passe de joute sur la Grande Gravière a lieu en 1962, comme l’épilogue d’un paysage qui disparaît.

Raffinerie de Feyzin, Georges Vermard, 1969, P0702 B04 16 223 00001

Bibliographie :

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