A la Pentecôte, un tournoi qui ne perd pas la boule… lyonnaise !

- temps de lecture approximatif de 17 minutes 17 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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Depuis 1894, Lyon a pris l’habitude de devenir le point de ralliement de plusieurs milliers d’amateurs de boule lyonnaise. Si l’annonce de la suppression du caractère férié du lundi de Pentecôte a eu de quoi inquiéter les boulistes et les spectateurs, cette année encore, celle surnommée « Bellecour » par les boulistes, prendra ses marques au cœur de la cité des Gaules, devenant du 10 au 12 mai prochains, un lieu incontournable pour les amateurs de pétanque.

[actu][*Sommaire : *][actu]

@ Le jeu de boules à travers les âges
@ La Boule lyonnaise, ses règles et son folklore
@ Historique rapide du tournoi de Pentecôte
@ Une discipline en déclin ?
@ Pour en savoir plus

[*[actu]@ Le jeu de boules à travers les âges[actu]*]

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Clos Jouve
(pétanque.org)

Si l’on peut affirmer assurément que l’historique du jeu de boules en général remonte presque aux origines de la vie en société, en retracer la genèse exacte est presque de l’ordre de l’impossible ! Toutefois, on en trouve des vestiges en Grèce, en Italie, en Egypte et même en Chine !

Le jeu aurait été importé en France via des marins de Phénicie, et se serait vite répandu sur tout le territoire de la vallée du Rhône.

Dès le Moyen-âge cependant, on trouve des évocations de ce jeu populaire tant dans la sphère paysanne que dans celle des bourgeois. Le jeu fut d’ailleurs à maintes reprises interdit, tant par le clergé que par les souverains eux-mêmes. L’aire d’influence du jeu ne fit qu’en croître, jusqu’au-delà des frontières.

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Concours de la fédération
(pétanque.org)

La boule de pétanque ne fut pas toujours celle que l’on connait aujourd’hui. Elle fut primitivement faite de bois, matériau bon marché et abondant, avant d’être en pierre. Ensuite, elle fut ferrée, puis en bois clouté, avant d’être une sphère creuse en bronze d’aluminium. C’est celle que l’on nomme la “boule intégrale”.

Au XVIIIe siècle, le jeu évolua grâce notamment aux Anglais. Ils normalisent un certain nombre de données comme le terrain, le « bowling green » qui, une fois francisé, deviendra le boulingrin. Après la Révolution française et l’abolition des privilèges, le jeu de boules retrouvera toute la ferveur populaire que nous lui connaissons encore de nos jours.

C’est au XIXe siècle que le jeu pris le plus d’essor avec le développement des villes et des loisirs. Pour l’anecdote, de nombreux maires durent prendre des ordonnances afin de freiner l’enthousiasme de leurs administrés pour ce divertissement qui était loin de toujours remporter un excellent suffrage ! C’est pourtant dans la seconde partie du XIXe siècle que l’on vit apparaître les premières sociétés de boules.

  • La boule lyonnaise.

    - Cet ouvrage d’André Duluc permettra à tous ceux, amateurs ou non, de comprendre la naissance de cette pratique sportive qui fait la spécificité de la ville de Lyon. Il consacre en outre un chapitre sur la boule lyonnaise dans la littérature, de Rabelais à Joseph Lavarenne en passant par Molière.
  • Anthologie du jeu de boules de Justin Godart.

    - Cet ouvrage, paru en 1938 est tout entier consacré à l’évocation du jeu de boules dans la littérature française et étrangère, du Moyen-âge à nos jours.
  • Lire la page de Wikipedia.
  • Consulter le site www.petanque.org, entièrement consacré aux jeux de boules à travers les âges et possédant une riche collection de cartes postales anciennes.

[*[actu]@ La Boule lyonnaise, ses règles et son folklore[actu]*]

Dans la région lyonnaise, le jeu de boules portait le nom de “jeu de grosses boules”.A Lyon, les endroits où l’on pratiquait ce sport étaient les bas quais du Rhône et de la Saône. Ce n’est que plus tard que ce jeu investit les fameux “clos”, en pleine ville et sur les places. D’ailleurs, à Lyon, le Clos Jouve fut l’un des premiers à s’être organisé en société bouliste.

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Joueurs de pétanque
(petanque.org

Les jeux d’adresse consistant à lancer des objets sphériques ont depuis toujours été sources de divertissement. De nombreuses expressions s’en font d’ailleurs l’écho : « prendre la balle au bond », « perdre la boule », « reprendre ses billes »… La tradition sportive lyonnaise ne fait donc pas exception. Sa spécificité viendra du jeu et de ses règles ainsi que de son importance dans la tradition sportive régionale.

Le jeu lyonnais ne connaîtra aucune codification écrite avant 1894.

Ce fut dans le courant du XVIIe siècle que se développa vraiment la boule lyonnaise. Le jeu ne sera réellement réglementé qu’en 1894, lors de l’organisation du concours bouliste par le journal « Lyon Républicain », pendant trois jours.

Le premier championnat de France fut organisé quant à lui, place Bellecour par « Le Progrès » en 1900. ce n’est qu’en 1901, que fut joué le premier Tournoi de Pentecôte sur la place Bellecour.

A cette époque, jouer aux boules était une sorte de « religion populaire ». On comptait alors plus de 300 sociétés de boule dans le Rhône

Désormais, on a coutume de parler de « sport-boule » pour dénommer la boule lyonnaise.

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2Les règles du jeu2

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Jouer aux boules : règles et astuces pour bien jouer à la boule lyonnaise de Pascal Leroy.

Ce guide pratique, dont l’auteur est convaincu de la dimension sportive de la discipline, est le résultat d’une enquête et de rencontres de passionnés et de pratiquants. L’ouvrage est enrichi de schémas à visée didactique. Tout le monde, bouliste chevronné ou débutant, y découvrira les éléments du règlement ainsi que les manières modernes de pratiquer ce sport.

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<a href="http://sbibbh.si.bm-lyon.fr/cgi-bin/bestn?id=&act=8&form=F&auto=0&nov=1&v0=0&t0=seq(0000527910)

&i0=0&s0=5&v1=0&v2=0&v3=0&sy=&ey=&scr=1&x=0&y=0″ class=’spip_out’ rel=’external’>Le jeu de boules lyonnais et son vocabulaire de Jean Pellet.

Cet ouvrage est particulièrement utile pour ceux et celles qui souhaitent comprendre les origines de ce jeu et les nombreuses expressions qui jalonnent encore les conversations lyonnaises des amateurs de boules, telles qu'”embrasser la Fanny”, « faire des trous »…

Outre un historique très complet en première partie, l’ouvrage de Jean Pellet nous permet de mieux comprendre les particularités de cette discipline qui la distingue des pétanques et autres jeux de boules, grâce à un lexique complet et à des schémas.

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Jean Védrine, champion de boules : droit au but ! de Jean -Marc Perrat.

Jean Védrine est une figure à Lyon, notamment, en tant que « compétiteur de haut niveau et pointeur en second redoutable, entraîneur national, sélectionneur et professeur de sport au Ministère de la Jeunesse et des Sports ».

Son ouvrage est riche en anecdotes, et belles histoires (vraies). Il retrace l’histoire de la boule lyonnaise à travers les grandes compétitions, les personnages clés de cette discipline et les sociétés qui ont concouru, à différents niveaux, à la célébrité de cette boule.

  • Voir également, la page de Wikipedia dédiée au sport boules.

2Un folklore traditionnel2


La Fanny

Qu’elle figure est plus légendaire et autant associée au jeu de boules lyonnais que celle de la Fanny ?
Les origines de celle que l’on compara volontiers à une déesse, sont controversées. La tradition lyonnaise la fait naître, quant à elle, sur les flancs de la Croix-Rousse.

A la fin de chaque partie, les perdants qui n’ont marqué aucun point se font un “joyeux devoir”, sous l’hilarité générale, de baiser le postérieur de la Fanny. L’expression exacte est « embrasser la Fanny » ! C’est en quelque sorte un gage qui est infligé aux perdants. Si cette pénitence ne figure officiellement dans aucun règlement du sport, il s’agit-là d’une véritable tradition orale, à laquelle on ne dérogea guère pendant de nombreuses années !

L’Almanach des Amis de Guignol a publié deux contes célébrant la Fanny. L’un en 1929, intitulé Histoire de la Fanny, l’autre en 1931, Le Grand Joseph, l’Agathe et la Fanny.

  • La Fanny et l’imagerie populaire
    - Retrouvez en compulsant cet ouvrage riche en illustrations, toutes les représentations picturales de cette figure… dont on ne connaît finalement, que l’arrière-train,. A réserver aux amateurs !

[*[actu]@ Historique rapide du tournoi de Pentecôte[actu]*]

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Lyon Républicain (BML – 950007)

Le Tournoi de Pentecôte est devenu, depuis sa première édition, en 1894, une compétition d’envergure internationale. De nombreuses divisions nationales s’y donnent rendez-vous chaque année pour la Pentecôte (mai ou juin selon le calendrier). Ainsi, 8000 concurrents répartis en 2000 équipes de quatre à cinq joueurs (ou joueuses) s’y affrontent dans les catégories adultes, mais aussi jeunes, féminines ou encore militaires.

En 1892, Le Lyon Républicain avait innové en organisant une course de vélo qui remporta un vif succès. C’est pourquoi le journal décida de réitérer en organisant une compétition bouliste.

  • Grand concours de boules du Lyon Républicain des 3, 4 et 5 juin 1894 de L. W. Lowius (1894).

    - Ce compte-rendu critique retrace les prémices de ce concours et les circonstances qui ont prévalu à sa création. L’idée germa en 1892, dans le cerveau d’un certain Auguste Ferrouillat. Le 31 mars 1984, rendez-vous fut donné aux joueurs afin de mettre en place le règlement du concours. La question de l’emplacement souleva quelques difficultés, certains partisans d’un terrain plat, d’autres d’un lieu plus accidenté, tel que le Clos Jouve. Le jeu de boule étant considéré volontiers comme un sport démocratique, les participants ne furent soumis qu’à un franc de souscription… C’est ainsi que le premier tournoi de boules pris place du 3 au 5 juin 1894, avec la participation de pas moins de 1248 joueurs.

A cette période-là, les loisirs étaient plutôt rares. Mais les Lyonnais aimaient jouer aux boules. Aussi la plupart des débits de boisson possédaient-ils leurs propres terrains de jeu.

Traditionnellement, est organisé en avant-première de cette manifestation, la veille du début du tournoi, ce que l’on nomme un « gentleman », soit une compétition amicale opposant 16 équipes de personnalités locales issues du monde politique, sportif ou du spectacle, invitées pour l’occasion.

Le tournoi proprement dit débute le samedi matin pour s’achever le lundi matin.

Bien évidemment, les principaux sponsors sont locaux : la Ville de Lyon et le Grand Lyon. Les résultats sont immanquablement retransmis sur les chaînes de télévision locales et dans les journaux locaux et sportifs.

L’organisation de ce tournoi ne va pas sans impliquer une nécessaire rigueur logistique. Cela requiert en effet, outre le recrutement de 8000 accompagnateurs, la préparation simultanée de 700 terrains, dès le démarrage de la compétition. Ces lieux sont répartis sur 5 sites de l’agglomération lyonnaise. Celui que l’on nomme le « Carré d’honneur », est installé systématiquement place Bellecour avec une cinquantaine de « jeux » (terrains). C’est là bien évidemment que se tient la finale.

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Bellecour, petites et grandes histoires des tournois boulistes de Pentecôte de Yves Moreau (2000).
- Cet ouvrage en deux volumes, retrace l’histoire des tournois de Pentecôte pendant 106 ans, depuis 1894 jusqu’en 1999. Aujourd’hui, on associe toujours étroitement le Tournoi de Pentecôte et l’illustre lieu qu’est la place Bellecour.

Les connaisseurs y trouveront notamment le texte intégral du tout premier règlement, adopté le 31 mars 1894, spécialement pour la compétition.
En 1899, le Lyon Républicain organisa sa dernière édition du tournoi, qui fut repris dès l’année suivante par Le Progrès. A ce moment-là, la compétition commença à prendre le surnom de « Bellecour ».

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“Bellecour”
(petanque.org)

En 1967, les tournois avaient quitté Bellecour pour n’y revenir (que partiellement avec 52 jeux) en 2002. Auparavant le tournoi occupait l’intégralité de la place Bellecour. C’est en 1900, que le tournoi de boules s’était établi pour la première fois sur la plus grande place lyonnaise. Le tournoi connut bien évidemment des interruptions pour cause de guerres mondiales et pendant… mai 1968.

Lire l’article : Paul Chavin : « Le plus grand tournoi mondial » ; in Le progrès de Lyon, 7 juin 2003.

[*[actu]@ Une discipline en déclin ?[actu]*]

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Jeu au Pont de l’Université
(petanque.org)

En 1902, on pouvait lire dans les colonnes du journal :
Lyon-Boules,
devenu Le Bouliste, que les années passant, l’on constatait que de plus en plus de jeunes s’adonnaient à ce sport jadis pratiqué uniquement par des « hommes d’âge mûr ». Grâce aux grands tournois organisés par le Lyon Républicain et Le Progrès, les jeunes gens se sont découvert un goût certain pour cette pratique sportive.

Dans le numéro suivant, le journal, soit le n°10 du 3 mai 1902, s’étonnait de voir arriver les femmes dans les compétitions… Visiblement, cela n’était pas pour leur déplaire.

On l’aura compris, le jeu de boules connut à Lyon, un véritable succès au début du XXème siècle. D’ailleurs, les pages des journaux sportifs de l’époque regorgent de concours et de « jeux », témoins de l’engouement suscité auprès des classes moyennes par la pratique de ce jeu à la fois simple et convivial, ouvert à tous et à toutes.

Entre 1905 et 1910, Lyon comptait plus de 400 sociétés de boules et presque 4500 jeux.

Toutefois, toute la presse sportive régionale ne se fit pas de la même manière l’écho de ce succès. Ainsi, peut-on lire dans le n°7 du 19 février 1898 de Lyon Sport, que d’aucuns se sentaient offensés par le fait que ce journal, sont le sous-titre était « seul journal de tous les sports de la région lyonnaise, des Alpes et du Sud-est » ne se fasse jamais l’écho de l’actualité du jeu de boules comme il le faisait pour d’autres pratiques sportives. Un lecteur, « gaiement offensé », y écrivit :

[*« §Pauvre joueur de boules, on le délaisse,
Car aucun de ces journaux sportifs,
Ne fait à notre jeu, vrai sport d’adresse,
L’amitié d’un article laudatif.
§
»*]

Ainsi, deux numéros plus tard, ce sport faisait son entrée dans ledit journal, bien confortablement installé entre le football (hé oui, déjà !) et la lutte !

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Le Progrès illustré
(BML – 5762)

De nos jours, il semble que cette activité sportive tende à perdre régulièrement de l’importance, même si elle suscite toujours un véritable engouement au moment du tournoi lyonnais. Cependant, les clubs enregistrent chaque année une perte de 500 licenciés (chiffres du comité départemental du Rhône). Lyon reste toutefois la capitale mondiale du sport-boule avec pour 2007, 11 500 licenciés dans le Rhône.

- Pentecôte : des tournois en danger ; in Le progrès de Lyon, 8 septembre 2003.
- A l’annonce de la suppression du caractère férié du lundi de Pentecôte, le monde sportif associatif s’est senti en danger. En effet, seul le lundi de Pâques et celui de Pentecôte offrent la possibilité de jouir de trois jours consécutifs de repos. C’est aussi la période privilégiée pour l’organisation de tournois, qu’ils soient de football ou de pétanque. Il y a aussi une grande part de tradition dans cette manifestation « populaire » que l’annonce pour cette année du retour à un lundi de Pentecôte férié permettra de maintenir.

  • Succès renouvelé du Gentleman bouliste du « Progrès » ; in Le progrès de Lyon, 6 avril 2008.

    - Cette année se déroulait la 13ème édition. de cette compétition.

– Si le tournoi de Lyon demeure la plus connue des compétitions de la discipline, il n’est cependant pas le seul tournoi à se tenir dans l’agglomération lyonnaise ! Pour preuve, du 30 mai au 1er juin prochain se tiendra au boulodrome Léo Lagrange de Bron, l’International de pétanque de Bron. Ce tournoi, organisé par le Club pétanque Bron Terraillon, a lieu chaque année et attire près de 1200 compétiteurs venus des quatre coins du globe. Cette épreuve de pétanque en triplette compte pour les championnats du monde et la France, championne du monde en 2007, devrait être présente cette année encore.

Si défection il y a dans les rangs des boulistes et des licenciés, elle serait essentiellement due, aux dires de certains spécialistes de la discipline, aux évolutions du jeu de boules lui-même et à celles des loisirs modernes.

Cependant, que chacun se rassure, le Tournoi de Pentecôte semble avoir encore de beaux jours devant lui.

[*[actu]@ Pour en savoir plus[actu]

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Concours Pont Pasteur
(petanque.org)

La boule intégrale de Monplaisir, article de J. Navrot, paru dans la revue Rive Gauche, n°162, pp. 27-29.
- après la lecture de cet article, vous n’ignorerez plus grand-chose de la fabrication de la boule entièrement métallique, créée par un villeurbannais, Paul Courtieu en 1923. Elle participa indubitablement à l’essor du boulisme.

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Lyon Boules (BML)


@Comité bouliste départemental du Rhône. Membre de la fédération française de sport boule.

Liste des clubs et des athlètes du sport-boules.

La pétanque, dimension officielle Voir

Jeux anciens ou traditionnels à Lyon Voir

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