L’homme coquillage
Erdogan, Asli
lu, vu, entendu par FK - le 07/12/2018
« Nous étions tantôt deux miroirs où chacune trouvait son reflet, tantôt un prolongement de l'autre, et ainsi réussissions-nous parfois à survivre rien qu'en insufflant à l'autre ce qu'il nous restait de forces. »
Aslı Erdoğan est une romancière turque, journaliste, militante pour les droits de l’homme.
Elle fut arrêtée le 17 août 2016 et emprisonnée dans la prison Bakırköy d’Istanbul, libérée le 29 décembre 2016 :
« La romancière et opposante Asli Erdogan a fui la Turquie et un procès-fleuve pour lequel elle risque la perpétuité, afin de s’installer en Allemagne. »
En 2018, Actes Sud édite son tout premier ouvrage, L’Homme coquillage, un roman rédigé à ses 25 ans.
L’homme coquillage est un roman d’une grande maturité, dans lequel le récit est basé sur l’existence en tant que réalité vécue personnellement et concrètement.
Une jeune chercheuse en physique nucléaire est invitée dans le cadre d’un séminaire sur l’île de Sainte-Croix, aux Caraïbes.
Et là, ses rencontres, même très limitées, vont la transporter au plus profond d’elle-même.
La jeune femme est un être blessé, meurtri par la vie. Elle tend vers l’oubli de soi, et par là-même des autres.
Ce roman fait penser à l’univers d’Albert Camus avec, entre autres, la tentation déraisonnable de la vie, du suicide : « ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme ».
La jeune femme rencontre un homme noir avec des cicatrices diverses. Il est vendeur de coquillages.
Cet homme, Tony, l’attire par sa laideur et la peur qu’elle inspire.
Une liaison, en dehors de la norme, va naître entre ces deux personnages. Ils se confient, se cherchent, se perdent, se retrouvent. Tout cela dans un espace-temps limité et même dans un espace physique réduit entre un hôtel de luxe et une plage isolée.
La jeune femme connaitra, aussi, un danseur, caïd du marché de la cocaïne.
La jeune femme réapprend son corps, pour elle, l’air aux Caraïbes respire l’érotisme.
Mais l’atmosphère est, aussi, violence, racisme, pauvreté et autres maux de l’humanité.
Dans l’homme coquillage, l’absurdité de l’existence balance entre le silence, la force de la nature et l’appel humain qui sera ou ne sera pas entendu.
Un très bon roman au style impeccablement littéraire.
“La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant.”
– Sören Kierkegaard.
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