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L’ami

Sigrid Nunez

L’histoire d’une écrivaine New-Yorkaise qui, suite à la mort de son meilleur ami, recueille son chien, un grand Danois -plutôt encombrant- qui répond au nom d’Apollon : liés par la perte de l’être aimé, une femme et un chien se rencontrent et s’épaulent dans leur deuil comme dans la vie du quotidien.

Bien sûr, si l’on ne creuse pas plus loin que ce résumé simplet faisant la part belle à la cohabitation entre une femme et un grand Danois de plus de quatre-vingt kilos dans un appartement d’à peine quarante mètre carrés, on pourrait s’attendre tout au plus à un bon roman feel-good, de ceux qu’on lit pour se détendre, rire un bon coup.

Et drôle, on peut dire qu’il l’est, ce roman de Sigrid Nunez, avec des anecdotes hautes en couleur sur les aléas de la relation homme-chien allant de l’inéluctable anthropomorphisme dont est victime le maître (comment vaincre la dépression canine dont est victime Apollon et comment le rendre heureux ?) à la présence de plus en plus prégnante et poignante du chien pour son maître créant une relation somme toute idyllique entre deux êtres (Apollon, la tête sur ses genoux, ne se lassant pas d’écouter sa maîtresse lire à voix haute les Lettres à un jeune poète de Rilke, par exemple).

Cela suffirait à en faire une bonne histoire ; mais ajoutez à cela que l’héroïne du roman est écrivain et qu’elle vient de perdre son meilleur ami, écrivain lui-aussi, d’un suicide, qui plus est.

L’histoire pourrait alors virer au pathos, aller de mal en pis ; au contraire, à la relation homme-chien s’ajoute celle, complexe, de l’amitié, ainsi que les thèmes du deuil, de la vieillesse, de l’indicible tristesse enfouie en chacun de nous, et de la Littérature bien sûr, malmenée d’un côté par son inadaptation au monde pressé qui nous entoure, mais souveraine toujours, trop riche et foisonnante pour plier face à une société en demi-teinte, perdue, que seuls les mots pourraient sauver.

Les mots de Rilke, Woolf, Roth, Yourcenar et tant d’autres qui donnent matière à ce roman, mais aussi ceux d’auteurs contemporains qui, à l’instar de Sigrid Nunez, ne se plient ni à l’offre, ni à la demande, et s’attachent à nous faire voir plus loin que nos pauvres yeux et tristes écrans nous offrent à regarder.

Voir dans le catalogue de la BML

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