L’art pariétal au paléolithique

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 12/07/2018 par alcollomb

Au plus profond de la terre, loin des yeux, se cache un trésor, des peintures datant de la période paléolithique qui épousent les cavités, se logent contre les rochers, marient volumes et couleurs. L’art pariétal dont les exemples les plus anciens remontent à au moins 50000 ans, suscite autant la curiosité des scientifiques que du grand public.

Lascaux
Lascaux frise des petits cerfs

Aujourd’hui, selon les scientifiques, plus de 45 millions de peintures et de gravures rupestres sont connues dans le monde, réparties sur 70 000 sites et 160 pays. En France, environ quatre cents sites ornés et 147 exemples d’art pariétal ont été acceptés ou authentifiés. Pour autant, il n’en a pas toujours été ainsi.

 

Les premières découvertes

Lorsqu’en 1879, l’archéologue amateur Marcelino Sanz de Sautuola découvre la grotte d’Altamira en Espagne et sa fille les  “bœufs et bisons polychromes,” la communauté savante de l’époque se moque de sa découverte et remet en cause la véracité de ces peintures magdaléniennes, datées de – 15 500 à – 13 500. Les publications et conférences n’y changent rien.

Grotte d'Altamira

Grotte d’Altamira

Il faut alors attendre la découverte de la grotte de la Mouthe en Dordogne en 1895 et avec elle les images pariétales pour que les « préhistoriens » reviennent sur leur jugement et admettent leur erreur.

Le congrès de l’association française pour l’avancement des sciences en 1902 permet une reconnaissance officielle de l’existence d’un art des cavernes.

Les études, les fouilles et les trouvailles se succèdent avec, entre autres, la révélation des peintures, en 1901, des grottes de Combarelles, de Font-de-Gaumes, puis en 1903, de Monte Castillo, sans oublier, Lascaux (1940), Rouffignac (1956) ou plus tardivement Chauvet (1994). Néanmoins, les scientifiques poursuivent leurs disputes autour d’autres questions : les techniques, les datations et les interprétations.

Les datations

L’art pariétal demeurant compliqué à dater, les techniques ainsi que les représentations font l’objet de différentes analyses : radiocarbone dans le cas de dessins exécutés au charbon, rapprochement stylistique entre des peintures de différentes grottes

grotte de rouffignac mammouth

Grotte de Rouffignac – mammouth

ou encore mises en rapport des représentations avec les espèces animales éteintes – comme le mammouth ou le renne.

Bien que l’analyse ne soit pas aisée, les conclusions les plus récentes tendent à montrer que la plupart des sites s’inscrit dans l’art magdalénien, soit entre – 17 000  et – 11 000. Avec la fin de la dernière glaciation, entraînant de profonds bouleversements et l’adaptation des chasseurs-cueilleurs, l’art pariétal disparaitrait.

Les techniques

Furent utilisés, pour les couleurs – le rouge, jaune, brun et blanc -, des pigments tels le manganèse ou les ocres, réduits en poudre et mélangés à des liants et pour le noir du charbon de bois. Ceux-ci furent alors apposés par le biais des mains, de pinceaux en poils d’animaux, de brosses en fibre végétale, de tampons mais aussi soufflés, parfois grâce à un tube creusé dans un os.

grotte Chauvet

Grotte Chauvet

La technique de vaporisation semble avoir été privilégiée pour représenter les mains en négatif et ce même si l’on retrouve occasionnellement des marques de tampons de fourrure ou de larges brosses. Certaines grottes comme Lascaux présentent un mélange de techniques où l’on retrouve aussi bien des traces de pinceaux, de tampons, de spatules que de pulvérisation.

De la fin d’un mythe à de nouvelles interprétations

picture      Contrairement aux croyances selon lesquelles les hommes habitaient dans les grottes on sait désormais que cela n’est pas vrai. Ainsi, Paul G. Bahn dans un essai remarquable,  l’Art de l’époque glaciaire, note qu’ils privilégiaient avant tout les ouvertures des cavernes ou l’abri sous des roches ensoleillées. Les cas d’occupation dans des grottes profondes sont relativement rares pour ne pas dire exceptionnels. Pourquoi alors avoir exécuté, dans ces cavernes, des chevaux, des bisons, des aurochs, des cervidés, des caprins  ou autres animaux ?  Que symbolise la représentation de corps humains,  souvent caricaturaux et fragmentaires ? Que signifient les signes géométriques ?  Au fil des découvertes, les interprétations fluctuent considérablement, les hypothèses abondent.

 

En fonction des domaines d’études les analyses diffèrent, d’une approche découlant à la fois de la philosophie et de l’histoire de l’art, l’art pour l’art, à celle ethnologique où l’art relèverait de la magie et aurait avant tout une fonction religieuse jusqu’à la vision d’une pratique chamane, les figures permettant un contact entre le monde des vivants et celui des esprits. Dans les années soixante, des personnalités comme Annette Laming-Emperaire voyaient dans ces images la représentation des systèmes sociaux tandis que, plus tardivement, des préhistoriens comme Jean Clottes réaffirmaient l’hypothèse d’un chamanisme paléolithique, remise en cause par la plupart des spécialistes.

Nous vous laissons découvrir toutes ces interprétations à travers les ouvrages suivants :

Vous trouverez une synthèse de celles-ci dans l’ouvrage de Brigitte et Gilles Delluc, L’art pariétal de cro-magnon (2017).

Lascaux Panneau de la vache

Lascaux. Panneau de la vache

En guise de conclusion, il est encore possible de programmer vos vacances pour visiter, en Dordogne, les très nombreuses grottes dont la grotte de Font-de-Gaume et de Combarelles, de Rouffignac, de Lascaux  ou de vous rendre en Ardèche pour  découvrir la réplique de la grotte Chauvet.

Pour parfaire vos visites, nous ne pouvons que vous encourager à vous documenter.

Pour aller plus loin

Le remarquable documentaire :

 

 

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