A quoi ça sert ?
À la baguette !
Publié le 03/09/2021 à 17:50 - 3 min - Modifié le 16/06/2023 par Julie
La baguette de direction semble être un élément indissociable de la musique symphonique... Pourtant son usage n'est en aucun cas indispensable.
Contrairement à ce que l’on peut penser, l’usage de baguette de direction est relativement récent. Aux époques baroque et classique, les formations orchestrales étaient dirigées par le clavecin ou le pianoforte ou bien encore guidées par le premier violon. Le premier témoignage connu de son usage remonte à 1594. Un compositeur évoquait alors son usage dans un couvent : «la maestra du concert est assise à une extrémité de la table avec une vergette longue, fine et bien lustrée… et quand toutes les autres sœurs sont clairement prêtes, elle leur fait sans bruit plusieurs signes pour commencer puis continue à battre la mesure du tempo qu’elles doivent suivre en chantant et en jouant ».
C’est dans les années 1820-1840 que son usage commence à devenir plus courant. Louis Spohr affirme l’avoir utilisé le premier lors de sa deuxième symphonie à la Royal Philharmonic Society de Londres. Des témoins rapportent pourtant que ce jour-là, il a eu du mal à diriger son orchestre sans sa baguette. Laissant ainsi supposer que celui-ci n’utilisait donc sa baguette que lors des répétitions. En 1825, George Smart explique qu’il bat parfois « le tempo avec un bâton court ». Puis, en 1932 lorsque Felix Mendelssohn retourne à Londres, il est encouragé à poursuivre sa direction avec une baguette. Elle devient en un an d’un usage habituel au Philarmonic puis dans tous les orchestres du monde.
Généralement faites en bois léger, en fibres de verre ou de carbone, elles sont terminées par un manche en forme de poire ou d’olive en liège ou en bois. Leurs dimensions peuvent varier. La plupart d’entre elles mesurent entre 25 cm et 60 cm. Le chef d’orchestre s’en sert comme le prolongement du bras pour indiquer le tempo, la mesure et les attaques durant l’exécution d’une œuvre musicale. Le premier temps de la mesure est toujours battu vers le bas, le dernier vers le haut. Entre ces deux repères immuables se placent les autres « battues », généralement sur les côtés. Les chefs d’orchestres rajoutent généralement à ces battues des gestes qui correspondent à l’atmosphère de la musique qu’ils dirigent (ampleur, discrétion, rondeur, rigueur, etc.), mais ils doivent s’efforcer de conserver une battue très claire. Le chef d’orchestre doit aussi tenir compte des impératifs de chaque catégorie d’instruments et de leur position géographique. Les instruments à vent doivent respirer, il leur donne donc le signe d’attaque légèrement plus tôt qu’aux cordes ou aux percussions, et en respirant lui-même. Lorsqu’un instrument est très éloigné, le chef d’orchestre doit tenir compte de la distance et corriger, par une anticipation, le décalage qu’elle pourrait provoquer.
De sa main libre, souvent la gauche, il développe l’expressivité. Cette main indique les nuances, le phrasé, les entrées principales, etc. Mais la gestique ne se limite pas aux bras et aux mains son corps tout entier son visage et plus particulièrement son regard en disent souvent long! Le chef d’orchestre n’utilise donc pas que sa baguette. D’ailleurs, celle-ci n’est en aucun cas obligatoire et certains chefs comme Pierre Boulez, Kurt Masur, Valery Gergiev, Leopold Stokowski, Dimitri Mitropoulos, ou Gianandrea Noseda préfèrent s’en passer et diriger entièrement sans.
Partager cet article