Newsletter féministes
Publié le 12/10/2020 à 23:50 - 7 min - Modifié le 13/10/2020 par Camille
L'occasion de découvrir celles qui parlent de livres ou bien celles qui se livrent, celles qui nous confient, lettre après lettre ce qui les inspire, anime et agace. Petit tour d'horizon à travers quelques coups de cœur.
Vous avez dit newsletter ?
Amateur·ice·s de culture “vintage” ou internautes de la première heure, vous avez peut-être déjà usé et abusé des newsletter. Ou bien vous en receviez sans franchement l’avoir souhaité. Quoiqu’il en soit, des petites précisions que ce qu’est une newsletter semblent opportunes.
Ces lettres, ou infolettres sont entendues comme des “Bulletins d’information périodique envoyés par l’organisation ou le site Web qui l’édite, sur la messagerie électronique des personnes qui y sont inscrites” (Larousse, 2020). Souvent reléguées à l’imaginaire de l’internet des années 90 ou bien à une simple lettre informative, la newsletter connaît pourtant une vitalité, notamment dans les milieux féministes. Loin de n’être qu’un médium informatif ou bien un peu poussiéreux, elle peut également devenir un média polymorphe alliant informations, réflexions et inspirations, à travers une approche définie ou des angles thématiques.
Cette diversité d’approches est l’occasion pour nous d’effectuer un tour d’horizon de ce souffle qui redonne à l’exercice de la newsletter ses lettres de noblesse.
Règle 30
“Rule 30 : There are no girls on the internet”. “Règle 30 : Il n’y a pas de femmes sur internet”. Cette phrase reste fréquente sur certains réseaux sociaux mais également dans l’imaginaire autour du numérique. Et pourtant, cette boutade qui pourrait faire office de dogme pour certain·e·s est plus que discutable statistiquement, comme le démontre en autres l’Étude sur l’usage d’internet et des réseaux sociaux dans le monde en 2020 proposée par Hootsuite et We are social et résumée ici.
Aussi, appeler règle 30 une newsletter féministe autour du numérique, il fallait l’oser. Ce contre-pied, c’est Lucie Ronfaut et numerama qui ont choisi de le prendre. Journaliste indépendante, spécialisée dans l’industrie des nouvelles technologies et la culture web, Lucie Ronfaut commente l’actualité numérique chaque mercredi depuis bientôt un an, via un concentré “d’actualité tech, de manière féministe et inclusive”.
Chaque semaine, un sujet qui fait l’actualité est longuement travaillé. L’éventail est très large et peut passer des joueur·euse·s d’Animal Crossing, au fait d’être trans sur internet en passant Adele et les algorithmes. Elle se termine par quelques liens qui parlent d’actualité autour de la tech dans le monde et avec un “à lire à écouter”. Bien que référencée et pointue, cette lettre est très accessible et réussi le pari de l’inclusivité. Le ton est mordant et les liens passionnants.
Et petit bonus si vous aussi vous aimez le travail de Lucie Ronfaut : on a pu l’entendre dernièrement dans 4 épisodes, Mort à la ligne, pour le Podcast Programme B, proposé par Thomas Rozec sur le média Binge Audio. Elle traite du deuil et de la mort sur le web ou comment nos sociétés hyper connectées viennent questionner et bousculer notre propre rapport à cet événement.
Pour s’abonner, c’est par ici.
Books by Women
Dans Une chambre à soi , Virginia Woolf s’interroge sur la création féminine, particulièrement dans la littérature britannique. Elle y évoque les difficultés matérielles que rencontrent les femmes qui veulent devenir écrivaines. Aujourd’hui encore, en France, les femmes ne représentent que 36,5% des auteur·ice·s.
Les autrices classiques ne sont pas en reste, car les femmes sont plutôt absentes des programmes de français et de littérature : dans les genres les plus étudiés comme le théâtre classique, le réalisme, la littérature médiévale, les femmes sont peu présentes.
Piloté par le site ActuaLitté, quotidien numérique d’actualité autour du livre, Book by Women, entend “rééquilibrer la balance” en présentant des livres écrits par des femmes. Deux fois par mois, une libraire met en valeur une sélections de romans, recueils de poèmes ou des bandes dessinées. L’objectif est aussi de faire découvrir des autrices, des maisons d’éditions méconnues.
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Women who do stuff
Des femmes qui font des trucs. Toutes sortes de femmes. Toutes sortes de trucs.
L’idée de nous en parler vient de l’association Women who do stuff, qui depuis 2017 publie une newsletter dans laquelle elle met en avant des parcours inspirants. Elle entend être “un média associatif, indépendant, féministe et engagé qui veut contribuer à l’émancipation des femmes et minorités de genre”.
A raison d’une fois par mois, elle nous délivre avec énergie des portraits de personnes s’identifiant comme femmes, de manière thématique comme pour la rentrée littéraire par exemple, ou non. La lettre peut aussi prendre la forme d’un interview avec une femme en particulier. Elle est souvent accompagnée pendant la lecture par des liens vers divers coups de cœur (essais, magazine, etc.).
Elle se termine par le nom des contributrices de la newsletter envoyée, ce qui n’est pas anodin à préciser puisque c’est une équipe complètement bénévole qui fait ce travail tous les mois. Le résultat est éclectique et fluide. Un sentiment de sororité important se dégage de ces écritures et les influences multiples en font un média riche.
Et si vous souhaitez aller plus loin dans la découverte, Women who do stuff, c’est également une revue par an, un instagram alimenté régulièrement ainsi que des événements ponctuels.
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Deuxième page
Deuxième page c’est un webzine participatif engagé et culturel qui propose aussi une newsletter et un magazine papier.
Deuxième page c’est la culture au féminin avec des revues de presse, des interviews, des playlist… pour parler de tout. Par exemple, lors de la sortie du film Wonder Woman de Patty Jenkins en 2017. Annabelle Gasquez, qui a écrit cet article, s’est beaucoup questionnée sur le contexte de sortie du film. Elle a estimé que dans un monde éminemment masculin, produire un film dont le personnage principal est une femme n’est pas anodin mais que néanmoins, ce type de production relève surtout d’un féminisme “marketé et pop”.
Et si vous aimez lire en musique, Deuxième page propose aussi des playlists. On aime particulièrement les playlists littéraires où l’on découvre l’oeuvre d’un auteur comme la poétesse anglaise Felicia Hemans qui a beaucoup écrit sur la condition féminine. Qu’il soit contemporain ou non de l’auteur, le choix musical est appréhendé comme révélateur de l’oeuvre littéraire.
Deuxième page c’est aussi Imaginarium, lieu virtuel d’écriture créative. Pendant le financement participatif du magazine papier de Deuxième page. Les textes publiés tournent autour du thème principal de la revue: la colère. Deuxième page veut ainsi proposer une réflexion autour d’un sentiment qui anime chacun de nous à un moment donné de sa vie.
Pour vous abonner, c’est ici.
Pour aller plus loin …
Pour appréhender cet univers foisonnant, le mieux reste de les tester vous-même alors avant de vous laisser les découvrir, voici :
- quelques pépites supplémentaires :
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- Newsletters de ma chatte qui propose toutes les six semaines des informations gynécologiques
- Les Glorieuses qui envoie tous les mercredis un édito militant ainsi que Les petites glo destinée aux ados et #economie, anciennement 5 novembre 16h47, qui parle d'”économie, de genre et de race”
- mais aussi des articles qui parlent d’autres newsletter formidables comme :
- La newsletter, nouvelle arme des féministes de Télérama
- Six lettres d’information féministes auxquelles s’abonner du Monde / Pixels
- Enfin, on ne peut que vous conseiller de lire cet article de l’Influx sur les Podcasts féministes !
Cet article fait partie du dossier Féministes tant qu’il le faudra !.
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