2021 : la réforme du bac est annoncée
"Qu'il soit un tremplin vers le supérieur pour les élèves."
Publié le 04/01/2018 à 16:55 - 3 min - Modifié le 15/05/2020 par Entshukdigubg
Le Ministre de l’ Education Nationale Jean-Michel Blanquer a confié à Pierre Mathiot, ancien directeur de l’ institut d’ études politiques de Lille, la mission de préparer la réforme du bac. Il doit rencontrer les syndicats d’enseignants, les organisations de parents ainsi que les associations professionnelles. En finir avec le bachotage, laisser de la place au contrôle continu, le baccalauréat "doit reprendre plus de sens", estime Jean-Michel Blanquer. Il a établi sa feuille de route : " Notre fil directeur est surtout d'aboutir à quatre matières pour les épreuves finales du bac. La disparition des filières L, S et ES est une option, parmi bien d'autres. Le bac doit à la fois certifier une qualité atteinte à la fin de l'enseignement secondaire, mais aussi aider à réussir par la suite", assure-t-il. Monsieur Mathiot doit donc tenir compte de ses contraintes et rendre son rapport au mois de janvier. Les textes seront publiés au printemps 2018.
Disparition des filières
Depuis plusieurs années, la tripartition des filières (S, L, ES) est considérée comme obsolète. La refonte de l’accès au supérieur implique de renforcer l’orientation au lycée et d’instaurer pour chaque filière universitaire des compétences. Dans cette logique, la réforme du bac porte en creux la profonde transformation des parcours de l’enseignement secondaire. L’exemple le plus frappant est la désaffection pour la section littéraire. Ce basculement a débuté aux débuts des années 60. « La politique gaullienne est pensée pour former des commerciaux, des ingénieurs, des financiers”. Selon l’historien de l’éducation Claude Lelièvre, le prestige et l’utilité sociale des séries littéraires s’érodent. En 2006, la filière littéraire était l’objet d’un rapport inquiétant. Concomitamment, la section scientifique est devenue un super bac généraliste qui draine les meilleurs étudiants. Aujourd’ hui, la réflexion des politiques est identique : toujours plus d’ingénieurs et moins de lettrés. La réforme est à peine ébauchée mais elle insiste sur la dimension de personnalisation des parcours, plus de souplesse, de compétence et d’humanisation, afin que chacun puisse trouver sa voie.
Quatre matières et un contrôle continu
Une épreuve anticipée en français est maintenue en première.
Quatre épreuves finales en terminale :
Deux épreuves écrites, passées en avril, dans les disciplines majeures inscrites dans des parcours (exemples : un parcours scientifique avec en majeures Mathématiques et Physique-Chimie, un parcours Littérature & Société avec en majeures la Philosophie renforcée et les Lettres…)
Deux épreuves universelles en fin d’année scolaire, passées par tous les élèves :
— une épreuve écrite de philosophie
— un oral sur la base d’un mini-mémoire interdisciplinaire
Les résultats de ces deux épreuves sont transmises avec le dossier scolaire, aux établissements de l’enseignement supérieur, qui pourront s’appuyer dessus pour prendre leurs décisions sur les vœux d’orientation des élèves.
Tout le reste des disciplines est évalué en contrôle continu.
Et les critiques fusent….
Bien sûr, ce bac avec quatre matières a ses détracteurs. Tout d’abord, les enseignants de sciences et vie de la terre, économie, histoire- géographie expriment leur mécontentement. Pourquoi privilégier la philosophie alors que les matières littéraires rencontrent si peu de succès ? S’agit-il de créer un bac élitiste, de valoriser une matière délaissée par les élèves ?
L’échelonnement des épreuves suscite également des interrogations. Un élève peut très bien réussir les deux épreuves majeures et obtenir une réponse positive de la filière de son choix en post-bac et ensuite échouer à obtenir le bac suite aux deux épreuves universelles (philosophie et oral interdisciplinaire). Ils seraient donc refusés par cette filière post-bac !
En outre, les élèves sont examinés en contrôle continu différemment suivant les lycées. Les épreuves du bac telles qu’elles existent aujourd’hui permettent à tous les lycéens d’être évalués de manière identique, ce qui ne serait pas le cas avec un contrôle continu. Les inégalités entre établissements pourraient alors se renforcer. Ensuite, il est plus difficile d’obtenir de bonnes notes dans un grand lycée très sélectif que dans d’autres établissements moins exigeants. Le contrôle continu séduit néanmoins une partie des lycéens, notamment les déçus de leurs résultats au bac, pas représentatifs de leur travail régulier au lycée. Aussi, le nouveau dispositif d’évaluation devrait être basé sur des critères identiques dans tous les lycées.
Mais la réforme n’est pas encore votée. Vous pouvez suivre son actualité sur le site Education.gouv.fr.
Et pour les associations, il est encore temps de faire entendre leur voix (voir le site Vie lycéenne)
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