Chasseurs d'images
Les Gognands du Garet
Photographe : Georges Vermard, 3 mars 1965.
Publié le 25/02/2020 à 09:00 - 2 min - Modifié le 22/02/2020 par dcizeron
Le carnaval lyonnais est une affaire de « bande » : bande d’un quartier, masquée, sonore, gaillarde... Celle du coiffeur François Saby, les "Gognants du Garet", n’est pas la moins joyeuse, qui a défilé dans les rues du 1er arrondissement pour fêter Mardi Gras.
Nous sommes le 2 mars 1965 ; mardi est gras. Un homme invisible, un pirate, un chef cheyenne, une gitane, un grenadier de Napoléon et les fameux duettistes Dupond-Dupont animent les boutiques, sèment des têtes de cochon tout au long de leur pérégrination et, pour finir, dans un bistrot, couronnent le roi Bidule Ier, perché sur le comptoir et oint, comme il se doit dans la région, de Beaujolais. Et comme toujours à Lyon, la fête se termine par un mâchon. Le menu était ce jour-là cocasse : salade de puce, veau mort-né, côte de Choulans, sans oublier les traditionnelles bugnes !
La joyeuse « bande » à l’origine de ce tohu-bohu s’appelle les « Gognands du Garet ».
Gognands ou gôniots ?
Gognand : L. adj., employé quelquefois substantivement. Imbécile, décontenancé, qui a mauvaise grâce. Un grand gognand ; un grand décontenancé. Telle est la définition que nous donne Onofrio du « gognand » dans son Glossaire des patois.
Une autre étymologie correspondrait mieux aux gognands de François Saby. En roman, “gona” est la robe et “gôner” signifie s’habiller, principalement s’habiller de travers, se déguiser… ce qui a donné les fameux Gôniôts du Carnaval de Chalon-sur-Saône.
Le carnaval Lyonnais
Les Gôniots de Chalons-sur-Saône sont toujours bien vivants ; on en attend encore, cette année, quelques milliers pour défiler à pied ou juchés sur leur char, avec leur roi Cabache et sa tendre Moutelle. A Lyon, Carnaval n’a pas connu la même postérité. Il n’y était pourtant pas moins pittoresque et animé. La fête remonte au Moyen-âge et s’est perpétuée jusqu’en 1848. Nizier de Puitspelu fait, dans ses Oisevetés, une description assez circonstanciée des carnavals au moment de la Restauration. Il décrit les mascarades, les bandes dont celle de Bourg-Neuf et celle des Souffleurs (le mercredi des Cendres), la joie et la soif, l’effervescence dans la ville, enfin la promenade jusqu’à Saint-Fons quelques jours plus tard, le dimanche des Brandons.
Mais en 1848, le carnaval est ajourné suite à l’insurrection des Voraces, en février. Il n’aura plus jamais lieu. Ni la République, ni l’Empire ne le rétabliront. Si l’esprit est, bien sûr, toujours présent, enraciné, et porté par quelques joyeux drilles, le carnaval n’est plus une affaire municipale. Tombé tout d’une pièce comme le dit Nizier de Puitspelu. Bas les masques.
Bibliographie
- “Les Gognants du Garet ont couronné Bidule Ier”, in. L’Echo-Liberté, 3 mars 1965.
- Gamichon (Louis), Quand Lyon s’amusait, Bellier, Lyon, 1995.
- Grosses têtes, goniots et soufflaculs : apects du carnaval : Exposition Bibliothèque municipale. Lyon. 20 février-20 mai 1981, BML, 1981.
- Onofrio (Jean-Baptiste), Essai d’un glossaire des patois du Lyonnais, Forez et Beaujolais, Horwath, Roanne, 1975.
- Tisseur (Clair), Les oisivetés du sieur du Puitspelu, Lyonnais, H Georg, Lyon, 1883
Partager cet article