L’Info retrouvée
L’appel du « comité Malville » de Villeurbanne
Publié le 21/02/2022 à 10:00 - 2 min - par Laurent D
Cette rubrique propose de revenir sur des événements survenus à Lyon et dans la région au cours des deux derniers siècles, dans les domaines les plus divers, à travers un article de la presse locale de l’époque, une photographie, ou une illustration
23 avril 1977, place de la Bascule à Villeurbanne, des militants antinucléaire offrent aux passants d’humeur flâneuse un spectacle improvisé fait de chants et de danses. Ils veulent alerter la population par leur joyeuse animation sur la plus brûlante actualité dans l’ordre de l’escalade nucléaire ; la construction en cours du plus gros surgénérateur du monde sur le site de Creys-Malville, en bordure du Rhône, à une quarantaine de kilomètres de Lyon. Les écologistes villeurbannais estiment insuffisante la connaissance du public sur le problème nucléaire.
Treize centrales nucléaires ont été mises en chantier depuis 1975. Pour ses promoteurs il s’agit de viser l’intérêt de la France. L’énergie nucléaire, utilisée sous forme d’électricité, peut seule permettre de diminuer les importations de pétrole et donc la dépendance énergétique de la France vis-à-vis de l’étranger. En outre elle est la seule énergie à pouvoir offrir une solution de rechange dans un monde où la consommation mondiale d’énergie double tous les quinze ans. Au cœur des préoccupations des écologistes figure au contraire la multiplication des centrales nucléaires et la gravité des dangers courus.
Les chants et les danses sont suivis par la diffusion d’un tract annonçant une occupation du site de Creys-Malville le 30 juillet 1977 “par 50.000 personnes au moins”, et dénonçant les dangers mortels encourus par l’environnement naturel et la population. Le “comité Malville” rappelle ainsi, pour justifier son action, que le combustible utilisé par le plus gros surgénérateur du monde sera le plutonium, dont quelques milligrammes suffisent à provoquer un cancer mortel, que le réfrigèrent (sodium, liquide) explose au contact de 1’eau et prend feu au contact de l’air, et enfin que la matière fissile y est si concentrée qu’il peut s’y produire des explosions de type nucléaire.
Il ne reste plus aux écologistes que de dévoiler une stèle dressée aux “futurs irradiés inconnus” sur laquelle on peut lire une invocation aux “saints” qui protègent les centrales : “saint raccord, saint joint, saint soudure, saint étanchéité et saint coude priez pour nous.”
Partager cet article