
Télescopages
Valérie Rouzeau
lu, vu, entendu par Bibliothèque du 4ème - le 27/06/2015
Les éditions Invenit, en collaboration avec le Musée des Confluences, propose une collection originale : à chaque fois, un auteur est sollicité pour se mesurer à un objet appartenant à la collection du musée. Dans Télescopages, c’est avec un morceau de météorite que se mesure la poétesse française Valérie Rouzeau.
Le 8 février 1969, une météorite en pleine chute explosa au-dessus du Mexique. La majeure partie des fragments furent retrouvés dans le petit village de Pueblo de Allende. Identifiée par les scientifiques comme une chondrite carbonée, mêlée d’aluminium, de calcium et de poussière d’étoile, des matières plus vieilles que notre système solaire, la météorite Allende fut une découverte majeure pour l’astronomie.
C’est d’un fragment de cet objet céleste que s’empare Valérie Rouzeau, pour en faire le prétexte d’une rêverie cosmique.
Comment l’univers s’est-il créé ? Pourquoi, par qui, et que pouvons-nous en comprendre, avec les limites de notre entendement ? Ces questions, soulevées à chaque page, pourraient sombrer dans la pesanteur déclamatoire – ce serait compter sans la légèreté coutumière de l’auteur. Dans ces poèmes courts, on retrouve la vitalité de son écriture, son vers immédiatement reconnaissable : parfois assonancé, toujours très rythmé, à la fois fragmenté et harmonieux, en paraissant toujours d’une grande simplicité.
Rouzeau s’amuse à faire éclater la forme poétique en pépites de verbe qui, semblables aux éclats de l’astéroïde, s’en vont de-ci de-là vivre leur vie propre – et comme l’astéroïde, dans un mélange de matières de natures et d’époques différentes.
Elle y convoque (invoque ?) Newton, Frida Kahlo, le capitaine Haddock, les paysans mexicains, l’astronome Jean-Pierre Verdet ou encore Paul Eluard (“la terre est bleue comme une orange…”). Mais passés par la plume de la poétesse, même les jurons d’Hergé et le discours scientifique se muent en poésie.
Une lecture qui rend l’infinité du cosmos étrangement proche, tout en conservant tout son mystère.
Poster un commentaire