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Une simple intervention

Yael Inokai

Un ébranlement des convictions

Une simple intervention est l’histoire de Meret, une infirmière d’un grand hôpital qui assiste les chirurgiens lors d’actes censés libérer les patientes de leurs fragilités et de leurs angoisses. Cependant, suite à l’une de ces interventions, une de ses patientes ne se réveille pas. Ce fait va totalement ébranler Meret qui ne sait plus comment se retrouver dans ses fonctions d’infirmière. Des discussions avec sa colocataire l’amèneront à remettre en question toute ses convictions et sa vision du monde.

Ce roman présente le basculement des convictions médicales d’une infirmière profondément bienveillante, qui cherche à participer à un mouvement médical censé aider les patientes. Que se passe-t-il lorsque ce que nous pensons être positif ne l’est au final pas tant ? L’autrice a pris un point de vue étonnant pour parler des méfaits des lobotomies (actes médicaux consistant à retirer chirurgicalement une partie du cerveau censé être responsable des « perversion » et « fragilités mentales » des personnes, majoritairement des femmes), mais cela ne rend le roman que plus poignant. Meret est proche de ses patientes, elle les comprend, est pleine d’empathie et ne souhaite qu’une vie épanouie pour elles. C’est aussi pour cela que les résultats catastrophiques de cette opération ont tant d’effets sur elle.

Il est intéressant de voir combien la question de certains traitements n’était pas aussi tranchée qu’aujourd’hui, car ceux-ci étaient présentés comme une grande avancée médicale visant à améliorer la qualité de vie des patients. Même le médecin semble certain de réaliser une prouesse capable de faciliter la vie des femmes. Yael Inokai présente combien chaque combat envers des violences (qu’elles soient sociétales ou médicales) commence par une remise en question de convictions bien ancrées, et parfois sans aucune intention néfaste. Cette remise en question passe souvent par l’empathie : ici, Meret se rend compte qu’elle n’est pas si différente de ses patientes et serait elle-même éligible pour ce type de procédures. Cependant, si cette intervention est si louable et qu’elle pourrait aider Meret, pourquoi refuse-t-elle l’idée qu’elle soit nécessaire pour elle ? Après tout, nous ne risquons rien d’une simple intervention…

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