The Nickel Boys
Colson Whitehead
lu, vu, entendu par Etienne M. - le 12/10/2020
Un scandale national éclate lorsqu’un cimetière secret est découvert en périphérie d’un ancien centre de correction pour mineurs délinquants en Floride. Les ossements montrent des fractures, des morts par balle. L’information parvient à Curtis Elwood, un ancien du centre du pavillon des noirs de Nickel, qui a fait sa vie à New-York mais qui n’a jamais oublié le centre.
Elwood se souvient de son enfance lumineuse, éclairée par les discours de Martin Luther King, auprès de sa grand-mère aimante… Il plonge aussi dans les souvenirs terribles de son séjour au centre, où seule son amitié avec un autre pensionnaire l’a sauvé. Il se souvient de Jack Turner, un garçon pessimiste et réaliste, et de tout ce à quoi ils ont survécu.
Whitehead écrit dans une forme classique une histoire absolument bouleversante, qui fait écho au mouvement Black Lives Matter. Le racisme profond, la violence, mais aussi la défaillance des institutions sont exposés dans un réalisme glacial.
On entrevoit la difficulté pour un survivant d’affronter la peur, la douleur et les fantômes, et en creux le défi de l’affirmation des noirs aux USA. On est captivé par le style froid et sec, qui fait jaillir avec une force incroyable la résilience d’une communauté, et les discours spirituels du pasteur King :
« Jetez-nous en prison, nous continuerons à vous aimer… Mais ne vous y trompez pas, par notre capacité à souffrir nous vous aurons à l’usure, et un jour nous gagnerons notre liberté.»
Last but not least : avec ce roman Colson Whitehead fait partie du cercle très fermé des 4 écrivains américains à être récompensés deux fois par un prix Pulitzer de la meilleure fiction de l’année ! (après Underground Railroad en 2017) .
Voir dans le catalogue de la BML
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