
The complete piano works
Viktor Kalabis
lu, vu, entendu par GLITCH - le 09/06/2020
La musique tchèque a continué de prospérer au XXè siècle, après les géants de la modernité Janacek et Martinu. Cette superbe intégrale de l'oeuvre pour piano de Viktor Kalabis (1923-2006) en témoigne. Avec son style concentré, sans fioritures ni épanchements, la musique de Kalabis allie un souci virtuose de la forme à une terrible expressivité, toute en retenue et suggestion.
Le premier disque rassemble les 3 sonates, écrites dans un intervalle de 40 ans. La première (1947) contient déjà les éléments du style de Kalabis. A la trépidation urbaine de l’Allegro agitato initial succède un mouvement de marche nocturne, sourdine angoissée sous une lune froide. Puis vient conclure l’Allegro feroce, agité mais pas franchement allègre, tout en concision et densité, implacable.
Ici s’affirment les traits du musicien : l’économie et la clarté dans l’écriture, l’âpreté et l’inquiétude dans les affects.
Sonate n°1 : Allegro agitato
Les sonates suivantes développent encore ces caractères. La deuxième (1948) s’ouvre sur une méditation ample, où passent gravement les ombres de Bach, et celles du Clair de Lune de Beethoven. La troisième (1982) fait perler le givre sur des grondements, et gifle d’accords dramatiques les pas d’une errance gelée.
Sonate n° 2 : Largo, un poco rubato
Sans abandonner son sens de l’économie et de la tension, le reste du programme donne plus libre cours à la virtuosité, voire la fantaisie. Les lignes mélodiques s’éclaircissent, les rythmes respirent plus au large (3 polkas). La palette sonore du musicien s’élargit, laissant paraître son lignage avec Hindemith ou Stravinsky.
Un style antiromantique, par sa densité et sa concision mais d’une immense sensibilité. Passe le noir et blanc méditatif des Accents, le carillon nerveux de l’Entrata, Aria e Toccata, ou le ton plus plus confident et mystérieux des 4 énigmes pour Graham…
Le toucher très dosé, mesuré, parfois cassant d’Ivo Kahànek est au parfait diapason de ces pièces. Il achève de convaincre qu’on tient là une perle du piano moderne.
Four enigmas for Graham : Allegretto
Voir dans le catalogue de la BML
Poster un commentaire