Tenir sa langue

Polina Panassenko

lu, vu, entendu par MCB - le 27/05/2023

Un premier roman à la langue bien pendue !

Polina bouillonne, enrage. La justice française ne veut pas comprendre pourquoi la jeune femme ne veut plus de son prénom francisé Pauline. Un parcours juridique commence pour retrouver plus qu’un prénom : un héritage.

Née à Moscou, Polina quitte ses grands-parents et l’appartement communautaire pour la France. Son père a obtenu un poste à l’Université de Saint-Etienne après la chute de l’Empire soviétique. Un premier déracinement pour Polina. Elle doit s’intégrer à son nouveau pays et parler français.

Elle ne le sait pas mais ses parents ont modifié son prénom sur ses papiers d’identité pour sa naturalisation, Polina est devenue Pauline. Ce qui semblait un détail pour la petite fille (on l’appelle “Poline” à l’école) devient lourd de sens pour la jeune adulte. Or ce prénom a une histoire dans la famille.

De plus, Polina/Pauline est sans cesse coupée en deux et pas seulement dans son prénom mais aussi dans sa langue, sa vie. Elle raconte son intégration en France, ce qui fait le quotidien, sa découverte des lieux : le centre commercial, l’hôpital et surtout la “materneltchik”. Sa mère refuse qu’elle mélange les deux langues. Elle doit parler français avec les Français et russe lorsque la famille passe les vacances dans la datcha des grands-parents. Elle est touchante quand elle évoque son grand-père. Elle retrouve avec lui ses racines, son côté russe.

L’écriture de Polina Panassenko est dynamique, parfois explosive à l’image de sa révolte face à l’incompréhension de la justice française. Elle joue avec les mots, la syntaxe. Elle tord la langue, la malaxe.

Dans ce livre qui n’est pas tout à fait autobiographique, Polina nous parle d’intégration, d’identité avec humour et à coup de phrases bien senties !