Songs
Stanislaw Moniuszko
lu, vu, entendu par Civodul - le 22/09/2020
On pourrait facilement passer à côté de ce très bel enregistrement : un compositeur polonais du 19ème siècle quasi inconnu en France, un récital confidentiel d'obscures mélodies, un packaging austère sinon ingrat ... Et pourtant une superbe réussite, prière de s'approcher.
Stanisław Moniuszko (1819-1872) est un compositeur, pianiste et pédagogue polonais. Peu prolixe dans le domaine instrumental il composa principalement pour la voix : on lui doit une vingtaine d’opérettes et d’opéras, dont le moins inconnu en France reste le Manoir hanté (pas précisément un hit du répertoire cependant ). Il fut pourtant – et demeure – en Pologne une espèce de compositeur d’opéras national, à l’instar de Smetana, Glinka ou Rossini dans leurs patries respectives. Les œuvres lyriques de Moniuszko, qui se distinguent par une grande richesse mélodique, trouvent leur inspiration dans des sources populaires multiples : chansons polonaises, biélorusses et même lituaniennes. C’est sans doute ce qui rend cette vocalité si immédiatement plaisante et attachante.
Moniuszko connaissait souvent les poètes dont il mettait les vers en musique. Il s’agit, c’est clair en feuilletant le livret, de thèmes populaires, scènes de vie quotidienne, bucolique ou citadine, avec une prédilection pour les embrouilles amoureuses et émois divers. Tout cela est assaisonné d’un humour attendri ou caustique et fourmille de détails sans ambages (beaucoup de caquets coquins et cocus cocasses). De cette collection de vignettes folklorisantes se dégagent à la fois une force émotionnelle et musicale évidente et une énergie bouillonnante autant que réjouissante.
La veine mélodique de Moniusko semble intarissable. La belle voix, claire et virile, du baryton Mariusz Godlewski, tour à tour tonitruant et caressant, est merveilleuse de fluidité et de pouvoir évocateur. Et quelle riche idée d’avoir troqué le piano contemporain pour un pianoforte, dont les harmonies grêles et délicieusement surannées ajoutent assurément à la magie du récital.
Seul bémol : hélas, à moins de savoir le polonais, il faudra suivre les textes dans leur (délicieusement poétique) version anglaise.
Do Niemna : hymne à la rivère natale
O matako moja : Ô ma mère
Czaty : l’embuscade (ou le dénouement tragi-comique et inattendu d’un règlement de compte amoureux à la cosaque : coucou, c’est l’heure !)
Voir dans le catalogue de la BML
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