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Ses yeux d’eau

Conceição Evaristo

« Ses yeux d'eau » fait partie de ces œuvres qui nous coupent le souffle, transpercent le cœur et froissent les idées reçues.

Composée de quinze courtes nouvelles, l’œuvre présente des histoires de femmes, des hommes et des enfants des favelas, tous d’origine afro-brésilienne, dont les trajectoires ont été traversées par les inégalités raciales et sociales qui existent dans cette société qui a souffert de plus de 300 ans d’esclavage.

L’autrice Conceição Evaristo, considérée comme l’une des plus importantes voix de la littérature afro-brésilienne contemporaine, et plus particulièrement des femmes afro-descendantes au Brésil, met le lecteur à la place de l’autre, et lui fait comprendre le monde du point de vue du narrateur, de ses personnages et de leurs intrigues.

“Ses yeux d’eau”, le premier conte et le titre de ce livre, est un hommage de l’autrice à sa mère. Ne se souvenant plus de la couleur des yeux de sa maman, l’autrice invite le lecteur à découvrir un univers douloureux et en même temps bercé de tendresse familiale entre une mère et sa fille. 

Dans ce livre, nous croisons aussi tour à tour Duzu-Carence, Luamanda, Lumbiá dont les noms sont tous originaires d’Afrique et qui portent en eux déjà la souffrance de leur terre natale perdue. Leurs histoires sont autant de destins tragiques dans lesquels s’entremêlent des histoires de suicides, d’assassinat, de prostitution, et de violences sexuelles.

Avec le dernier chapitre dédié à l’histoire d’Ayoluwa, nous avons une ode à la maternité. Ayoluwa est une petite fille qui grandit dans le ventre de sa mère, redonnant ainsi l’espoir à toute une communauté de femmes résilientes.

Conceição Evaristo est née dans une favela de Belo Horizonte, dans l’Etat du Minas Gerais. Deuxième d’une fratrie de de 9 frères et sœurs, elle s’est battue pour devenir institutrice, puis professeure. L’autrice est la première de sa famille à décrocher un diplôme universitaire.

Aucun lecteur ne ressortira indemne des torpilles de la réalité lancées par l’autrice dans ce livre, de sa sensibilité et de la richesse de sa prose de grande écrivaine. Le lecteur referme « Ses yeux d’eau » bouleversé d’avoir lu tant d’histoires cruelles écrites si brillamment et de manière si poétique aux termes desquelles tous les personnages ressortent plus grands face à l’adversité de ce grand pays  contrasté, le Brésil.

Par Ivna Maluly (bibliothèque 4ème Croix-Rousse)

Voir dans le catalogue de la BML

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