Shallow
Sea Oleena
lu, vu, entendu par pj - le 17/12/2014
Superficiel, futile, peu profond - ce que signifie Shallow, titre du nouvel album de la canadienne Charlotte Loseth aka Sea Oleena. Et pourtant...
Après notamment Sea Oleena (2010) et Sleeplessness (2011) autoproduits, Shallow est donc la première véritable sortie sur le label Lefse (Portland, Oregon). Le disque semble vouloir tout à la fois nous attirer dans ses eaux singulièrement troubles et faire ressurgir des limbes d’anciennes impressions (flottaison, flottement).
Les enregistrements précédents, de facture plus classique, recélaient déjà une palette hétéroclite d’atmosphères folk délicates, quelque part entre Marissa Nadler et Animal Collective.
Ici la production plus homogène de Luke Loseth (propre frère de la chanteuse), gagne en précision, prend une ampleur et une finesse supplémentaire et atteint un équilibre qui confine à l’apesanteur – entre dream pop et ambiant, une guitare, un piano et des cordes en nappes réverbérées.
Terrestres ou célestes, les ambiances de ces chansons caressantes évoquent Julee Cruise, Benoit Pioulard, Grouper, Lisa Germano ou Sol Seppy. Un peu comme si la jeune femme était venue poser sa voix cristalline sur les albums d’Harold Budd et Robin Guthrie, Shallow évoque donc aussi This Mortal Coil ou Cocteau Twins.
Un beau disque sensible, moins purement atmosphérique et conceptuel mais tout aussi passionnant que Nepenthe de Julianna Barwick, les albums de Julia Holter, ou même le très récent Right from Real de Lydia Ainsworth.
Sea Oleena s’est rasé la tête, a coupé ses cheveux d’ange déchu. Sur la pochette, le sang coule de sa main ; de quoi est-il le stigmate ? De quelle blessure, de quelles cicatrices intérieures ? A défaut de réponse, les sept titres de l’album apportent le réconfort. Au-delà de la douceur. En deçà de la douleur.
sea oleena by pierre-jean chignard on Grooveshark
Du baume au cœur de l’automne.
Pour l’hiver, encore…
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