
Return
deathcrash
lu, vu, entendu par Luke Warm - le 26/03/2022
Originaire de Londres, deathcrash (avec un d minuscule) est un groupe slowcore / post-rock composé du chanteur et guitariste Tiernan Banks, du bassiste Patrick Fitzgerald, du guitariste Matthew Weinberger et du batteur Noah Bennett. Après s'être formé en 2019, le groupe a sorti deux EP et un 7″ qui les ont vus développer un son lourd, s'éloignant de la scène post-punk du label Speedy Wunderground à laquelle ils étaient associés au début, devenant une sorte de cousin sombre et mystérieux de cette scène frénétique et foutraque.
Dès le morceau d’ouverture, deathcrash annonce le programme de ce qui sera un album d’une intensité incroyable. “Sundown” s’ouvre sur un tempo lent mais martial avant de bifurquer à plusieurs reprises au gré de structures mouvantes. Le morceau devient quasi pop à sa moitié avant de se conclure dans une explosion de guitares. Ou comment créer en musique une narration et cultiver l’émotion uniquement par le son dans des constructions lentes tortueusement tendues.
Return rappelle à la foi le classique du genre qu’est Spiderland de Slint, pour les ambiances sombres et inquiétantes, les lignes de guitares anguleuses et l’instrumentation minimaliste, mais aussi les débuts de Mogwaï notamment dans le traitement de la section rythmique et les montées en puissance parfaitement maîtrisées, les morceaux tout en progression.
Ce qui peut distinguer deathcrash de leurs aînés écossais, c’est la place de la voix dans leur musique : parfois absente dans de longues plages instrumentales, la voix du chanteur Tiernan Banks est ailleurs délicate mais tendue, parfois susurrée, d’autres fois parlée ou juste marmonnée. L’apport de voix peut aussi être extérieur comme sur “What to do” basée sur une interview du défunt Mark Linkous (Sparklehorse) pendant laquelle il parle de la façon dont la dépression a affecté sa capacité à écrire et à enregistrer. Même chose sur “Metro 1” qui repose sur la voix glanée sur archive.org d’un certain Dj Bennett.
La musique de deathcrash est une musique faite de contrastes, entre fragilité et puissance, entre silence mortel et son déchaîné, entre intimité tendue et immensité atmosphérique. Comme sur “American metal“, probablement le morceau le plus représentatif du groupe, à la fois raide et souple, qui suggère la tristesse, l’accablement mais aussi la rédemption dans un final d’une folle intensité (rappelant la puissance de My Bloody Valentine) sans jamais accélérer le rythme.
Enregistré dans des conditions live, Return varie les ambiances entre l’acoustique et atmosphérique “Matt’s song” et la chevauchée infernale et anxieuse qu’est “Wrestle with Jimmy“, entre la sérénité de “Slowday” (sLOWday ?) et l’étouffant “Doomcrash“, morceau onirique à la mélodie répétitive et au chant fragile qui se conclut dans une explosion doom (le titre ne ment donc pas).
Voir dans le catalogue de la BML
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