
Reconnaissance
Kaija Saariaho
lu, vu, entendu par GLITCH - le 23/11/2023
Pleine d'irisations et de mystère, la musique de Kaija Saariaho (1952-2023) a toujours manifesté une sensibilité organique, que ne dément pas l'emploi fréquent de l'électronique. Si elle a composé des opéras passés au répertoire (L'amour de loin, Emilie..), son oeuvre pour choeur reste en retrait de sa notoriété.
Cette anthologie offre enfin un substantiel et convaincant focus sur l’oeuvre chorale de Saariaho.
Dans Nuits, adieux, les voix prolongées par l’électronique glissent et résonnent sous une voûte étoilée. Appels, chuintements, murmures et échos fantômes font une envoûtante procession vocale. La version pour voix seules donne aux lignes une tonalité plus rituelle, plus archaïque, mais toujours en soie et volutes.
Dans une veine plus narrative, Reconnaissance se présente comme un “madrigal de science-fiction.” Le choeur y conte une fresque dramatique, sur la corruption des espaces et des êtres par la soif de conquête. Une dystopie vocale, qui vogue dans l’éther sombre d’une contrebasse, et s’inscrit dans la tradition expressive du madrigal européen.
Tag des Jahrs décline les quatre saisons ressassées par Hölderlin dans ses textes ultimes. Visions parfaites, extases simples aux mots élémentaires, d’un poète à la lisière du monde, et d’un chant lumineux.
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