Elégie op.36
Othmar Schoeck ; Andreas Schmidt, baryton ; Musikkollegium Wintherthur, ensemble instrumental ; Werner Andreas Albert, direction
lu, vu, entendu par Département Musique - le 25/06/2014
L’histoire du lied semble s’être arrêtée autour du carré magique formé par Schubert, Brahms Schumann et Wolf. Mort en 1909, ce dernier a poussé le genre vers une sorte de crépuscule post-romantique, amenant le lied aux confins de la tonalité et aux portes de la seconde école de Vienne.
Celui que la critique a parfois désigné comme l’artisan d’un « nouveau printemps du lied » et surnommé le « Wagner du lied » a sans doute ainsi éclipsé un autre artisan génial de la mélodie accompagnée, le suisse Othmar Schoeck (1886-1957).
Schoeck est à peu près passé de mémoire, si ce n’est pour son Penthésilée, opéra fracassant mais finalement peu représentatif de son esthétique. Car c’est dans le lied, avec quelques 400 pièces à son actif, que Schoeck a poussé au plus haut son art, témoin cette Elégie op.36, son premier cycle pour voix et orchestre, créé en 1923.
Embarqué dans le long échec d’une liaison, le musicien compose ces 24 mélodies au fil d’une désagrégation presque tranquille, que traduit superbement cet océan de mélancolie. Ecrite pour orchestre de chambre avec piano, la partition déroule une grisaille à hauteur d’homme, au rythme égal, d’une grande douceur, portée par des ostinatos de cordes, rehaussée par des traits de bois ou de piano.
Le baryton Andreas Schmidt porte le texte avec un timbre sobre et velouté, une musicalité nostalgique, parfois légèrement rentrée, dont la parenté avec Fischer-Dieskau (dont il fut l’élève) se devine avec bonheur.
Dans cette déploration sereine, presque étale, le compositeur semble clore, en même temps que sa relation amoureuse, sa période romantique, puisque dès après la rupture, Schoeck s’attelera à la composition de Penthésilée. Comme son lointain ancêtre classique, l’Elégie résonne comme un chant d’adieu, irrésistible et poignant, et ouvre les portes d’un continent secret du « Liederbuch » germanique.
Poster un commentaire