Liens de sang
Octavia E. Butler
lu, vu, entendu par Mad - le 22/05/2022
Dana est une femme noire bien dans son époque, celle de la fin des années 70. Tandis qu’elle emménage avec l’homme qu’elle aime plus que tout et qu’elle vient d’épouser, elle se retrouve brutalement et inexplicablement projetée dans le Sud esclavagiste de la fin du XIXe siècle, sur la terre de ses ancêtres… Elle devra alors sauver sa lignée, mais, surtout, survivre.
Liens de sang, Kindred en version originale, est le roman qui a révélé Octavia Butler au grand public, en 1979. Son héroïne, Dana, lui ressemble comme deux gouttes d’eau : forte, indépendante et résiliente, c’est surtout une écrivaine noire, cultivée et éclairée. L’histoire nous fait basculer très vite dans le fantastique, lorsque la narratrice disparaît sous les yeux de son mari. Elle est en réalité “appelée” pour la première fois dans le sud des Etats-Unis, au plus fort de la période esclavagiste, par un petit garçon sur le point de se noyer. Elle se porte à son secours, et comprend très vite qu’il s’agit de son aïeul, Rufus Weylin.
Un cycle diabolique s’installe alors : à chaque fois que ce dernier manque de mourir au cours de son existence, Dana est projetée dans son époque, afin de le sauver et de perpétuer sa lignée. Ne maîtrisant pas ces voyages temporels, elle y reste coincée, subissant une existence rythmée par les violences et les privations. Mais à chaque fois qu’elle manque de mourir, brisée par les hommes blancs, elle est ramenée au XXe siècle, dans son appartement californien rassurant, ressentant malgré tout au plus profond de ses chairs la souffrance que ses pair·e·s ont subi durant cette période terrifiante. Jusqu’au dénouement bien sûr tragique qui marque l’écrasement de la société coloniale sur les individus qu’elle ne cesse de déshumaniser.
Liens de sang est une œuvre engagée dans la lignée de l’afroféminisme qui essaime l’essentiel de la production littéraire d’Octavia Butler. Marquant toute une génération, elle a traversé les époques pour être aujourd’hui republiée en français par la maison d’édition Au Diable Vauvert. C’est un roman fantastique bien ficelé, mais aussi un pamphlet engagé contre le racisme et le sexisme, avec en toile de fond une belle histoire d’amour et de réconciliation. Octavia Butler est une autrice à découvrir ou à redécouvrir, ici par exemple !
Voir dans le catalogue de la BML
Poster un commentaire