
Le miroir de Jésus
André Caplet
lu, vu, entendu par GLITCH - le 08/06/2023
André Caplet (1878-1925) est bien moins connu que son contemporain et ami Debussy. Presque seul son chef-d’oeuvre « Le miroir de Jésus » a franchi le cap de la notoriété discographique.
Ce cycle atypique se compose de 3 parties : Miroir de joie, Miroir de peine et Miroir de gloire. Chacune comporte un prélude orchestral et cinq mélodies, dans lesquelles la Vierge raconte la vie de son enfant. En voici une version de référence -et enfin dans son orchestration originelle- pour mezzo-soprano, orchestre à cordes et harpe.
Le Miroir offre un vitrail polychrome aux contours nets, offrant pourtant de subtils dégradés.
C’est un alliage assez inouï d’archaïsmes et de modernité, qui ménage le tendre et le poignant, de la ligne claire, quasi liturgique du chant, jusqu’aux chromatismes les plus raffinés.
Les préludes orchestraux sont les pages les plus proches du clair-obscur debussyste. On y trouve même l’étoffe recueillie du Parsifal de Wagner.
Des réminiscences grégoriennes affleurent à l’Agonie, tandis que le 3e prélude est d’un minimalisme que ne démentirait pas John Adams. La Flagellation, le Portement ont l’âpreté scénique du Pierrot de Schönberg. Et la tendre effusion des Mystères de gloire semble annoncer les extases harmoniques de Messiaen..
Subtilement divisé, l’orchestre use d’une palette de nuances, qui suggère tous les pupitres d’un ensemble symphonique. Les partie du chœur ont cette plénitude marine que Debussy avait su donner aux Sirènes de son 3e Nocturne.. Un joyau spirituel et musical, aux charmes préraphaélites, traversé par le mezzo ambré d’Anke Vodung.
Voir dans le catalogue de la BML
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