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Le cœur a ses saisons

Antonio Carmona

Jean et Emma, sont deux enfants un peu cabossés.

Jean est un petit garçon sensible, solitaire et mélancolique. Il veut devenir écrivain, mais il fait plein de fautes d’orthographes. Emma est une petite fille en apparence sauvage. Elle est sourde et porte des appareils auditifs.
Jean est amoureux d’Emma. Ils se prennent pour des adultes et confrontent leurs sentiments à toutes les saisons de l’amour.

L’auteur joue à chat perché et à saute moutons avec les mots. Cette pièce a pour distribution deux personnages et propose de nombreux jeux de rôles. Elle est savoureuse et drôle. C’est un texte plein de tendresse !

AUTEUR

Antonio Carmona est né en 1991 à Nîmes. Il a une formation au jeu d’acteur et également d’artiste clown. En 2012, il fonde la compagnie Si Sensible pour laquelle il écrit et met en scène des spectacles essentiellement destinés à la jeunesse. Il a aussi écrit Maman a choisi la décapotable, aux Editions Théâtrales, qui est tout aussi jubilatoire.

EXTRAIT

Printemps

Juste une seconde après la fin de l’hiver.

JEAN.– J’aimerais te dire que je t’aime quand même.

EMMA.– Qu’est-ce que tu racontes?

JEAN.– J’aimerais te dire que je t’aime, quand même, j’te dis.

EMMA.– Tu ferais mieux de la fermer, je comprends rien quand tu l’ouvres!

JEAN.– J’aimerais te dire que je t’aime quand même, j’te dis, tu le crois?

EMMA.– Non mais t’es bigleux ou quoi? (Elle sort l’appareil de son oreille droite.) Tu vois ce truc! Tu connais? Tu connais pas hein? Eh ben ce truc, dès que j’appuie sur le petit bouton, là : (très fort) j’baisse le son! j’te capte pas!

Jean va vers l’oreille gauche d’Emma.

JEAN.– J’aimerais te dire que je t’aime, quand même, j’te dis.

Emma sort l’appareil de son oreille gauche, elle appuie aussi sur le bouton.

EMMA.– (très fort) Désolée Jean mais si t’avais quelque chose d’important à me dire fallait t’y prendre un autre jour et à une autre heure surtout. Je suis complètement débranchée là. Tu devrais vraiment faire attention parce que quand une fille est complètement débranchée, elle peut être vachement craignos pour le garçon à côté d’elle. Surtout quand il est midi pile. Parce
qu’à midi pile, c’est plus moi qui parle. C’est les poings. (Elle remet son appareil.)
Donc va voir ailleurs si j’y suis, je suis pas comme tout le monde moi.
Jean s’éloigne, il sort un petit cahier avec un stylo et écrit. Emma s’approche doucement et lit par-dessus son épaule.

«Le héro est seule sur le quai de la gare. Voix B, il met dans ses poche troi fruit de la Pation cueilli sur un buisson-ardant. Le train arrive. Valentin monte en pleurant, il pense une foi de plus à sa mére qu’il n’as plus vu depuis lontem.»
Ton histoire elle marche pas.

JEAN.– Ah bon?

EMMA.– Oui, les vrais héros ils pleurent pas en pensant une fois de plus à leur maman, ça marche pas.

JEAN.– Ah…

EMMA.– En plus tu passes comme ça sur une histoire d’amour toi. Tu dis que tu m’aimes et puis tu prends le train!

JEAN.– Je croyais que t’avais pas entendu.

EMMA.– Ma mère dit que j’entends que ce que je veux bien entendre…

JEAN.– Ah…

EMMA.– Mais c’est pas ça le pire.

JEAN.– Le pire?

EMMA.– Ouais le pire.

JEAN.– C’est quoi le pire?

EMMA.– Le pire c’est l’accent.

JEAN.– L’accent où ça?

EMMA.– Sur le e de «mère». Il est aigu ton accent.

JEAN.– Et alors? Faut pas?

EMMA.– Les accents sont toujours graves sur maman, Jean.

Voir dans le catalogue de la BML

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