Laterna magica
Théo Ould (accordéon)
lu, vu, entendu par Civodul - le 19/06/2024
Depuis quelque temps l'accordéon émerge de son ghetto musette pour accéder au statut d'instrument à part entière, capable de rendre justice à tous les répertoires. Le jeune virtuose Théo Ould nous en donne la démonstration dans un superbe récital aux allures de kaléidoscope.
On aura du mal, dans le cadre de cette brève présentation, à détailler le menu d’un programme aussi copieux qu’enthousiasmant.
Dans ce vrac, obéissant probablement à une logique d’humeur et d’esthétique parfaitement explicable, se trouve une foule de pépites. Délibérément éclectique et prospectif, Ould marie les sonorités de son instrument au violon, à la voix synthétisée, à l’électronique, balayant les styles et les époques de façon magistrale.
Côté baroque, on redécouvrira avec délices la fameuse gavotte en la de Rameau et ses doubles endiablés. Bach est également mis à l’honneur avec une toccata et la célèbre chaconne réécrite par Busoni, dans laquelle l’accordéon sonne avec les fastes généreux et les subtiles registrations de l’orgue.
Les amateurs du répertoire romantique ne sont pas laissés pour compte, Théo Ould propose une nostalgique transcription d’une romance de Tchaikovski ou encore cette relecture touchante de la fameuse danse espagnole de Granados :
Les compositeurs d’aujourd’hui qui reconnaissent le potentiel de l’accordéon écrivent à présent volontiers et avec bonheur dans un grand nombre de styles. Ecoutez, par exemple les variations humoristique et frétillantes de Régis Campo (né en 1968) sur un thème de Paganini :
Et aussi … Du tango, habilement marié à l’électronique, spécialement composé pour cet album par Tomas Gubitsch (né en 1957).
Des clins d’oeil à Mozart et Chostakovitch viennent panacher ce plantureux récital d’un interprète aux allures de camélon.
Un album bluffant d’inventivité et de virtuosité qui convaincra les plus réfractaires des charmes irrésistibles du piano à bretelles.
Voir dans le catalogue de la BML
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