L’art phonographique – premiers enregistrements : 1860-1934
Compilation
lu, vu, entendu par Civodul - le 02/06/2023
A force de baigner au quotidien dans une atmosphère de sons enregistrés, on en oublie à quel point l'invention de l'enregistrement des sons est récente. La présente compilation, passionnante et émouvante, nous renvoie vers l'enfance de cette aventure moderne.
1860. Telles les premiers contours estompés d’un embryon à l’échographie, quelques secondes de son enregistré émergent du néant. Le coup d’envoi est donné par le français Léon Scott de Martinville, qui n’aura de cesse de perfectionner sa géniale trouvaille. L’inventeur américain Thomas Edison prend le relais et c’est lui qui le premier en 1878 parvient à faire fonctionner une machine parlante. Au delà des querelles de paternité et d’antériorité il faut admettre qu’il s’agit là d’une révolution en termes de civilisation.
De ces proto-enregistements, l’ingénieur du son Jean-Baptiste Mersiol nous livre un pertinent florilège, dont nous avons extrait :
- Les accents balbutiants et confus d’une danse hongroise de Brahms, au piano. Il faut vraiment, vraiment tendre l’oreille (1889) :
- La voix de Florence Nightingale dans une déclaration relativement intelligible malgré les déformations du son (1890) :
- Un air chanté par le célèbre ténor italien Enrico Caruso en 1902. Dans leur gangue de parasites la beauté et la richesse du timbre sont incontestablement là :
- La même année (1902) l’actrice Sarah Bernhardt déclame, avec toute l’emphase de la Comédie Française, un émouvant poème consacré à l’amour matrimonial inaltérable :
- 1904, voici la voix enregistrée du dernier castrat, Alessandro Moreschi, dans un extrait des Lamentations de Jérémie. Au delà de l’intérêt documentaire indéniable et de la prouesse phonographique, on reste sur sa faim quand on a en tête les éloges dithyrambiques célébrant les pirotechnies des stars baroque émasculées. Certes l’art de l’ornementation a considérablement évolué et le coup de glotte est moins en vogue de nos jours. Mais, au juste, que pensera-t-on des prestations de nos actuels falsettistes virtuoses dans deux siècles ?
- 1905, on est étonné du saut qualitatif opéré, le texte est à présent parfaitement intelligible, le rendu du timbre est fidèle, à part les craquements l’enregistrement est déjà de bonne qualité : “En revenant de le revue” chanté par Gabin :
- L’époque d’après est en marche : premiers pas vers la stéréo, en 1934, extraits de session studio EMI. Danse hongroise n° 5 de Brahms :
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