
Jimmy’s blues : poèmes
James Baldwin - 1/2
lu, vu, entendu par ym - le 04/11/2020
13 poèmes, en version bilingue anglais-français, qui décrivent aussi bien les ressorts (cruellement actuels) qui sous-tendent le racisme aux Etats-Unis que la beauté dont peut se parer le temps qui passe. Avec intensité. Dans une langue qui claque ! A déguster avec les oreilles : avec sa propre voix ou celle de Baldwin himself.
Lorsqu’on évoque James Baldwin, les premiers titres qui viennent généralement à l’esprit sont I am not your Negro ( DVD et livre), The fire next time (La prochaine fois, le feu)… On se remémore son combat pour les droits civiques de la population noire des Etats-Unis dans les années 1960, aux côtés de Martin Luther King, Malcolm X, Medgar Evers… On pense à l’essayiste, au romancier, à l’orateur… peut-être moins au poète.
Jimmy’s blues met en lumière diverses facettes de l’œuvre de James Baldwin et probablement de sa vie.
La poésie de James Baldwin est engagée. Elle peut être très dure, ironique, comme dans Staggerlee wonders / Les interrogations de Staggerlee, où, par la voix d’un personnage noir du folklore américain, il questionne l’Histoire des Etats-Unis. Enfin celle que certains, nombreux, se racontent :
Je me demande toujours
ce qu’ils croient que font les nègres
pendant qu’eux s’affairent à contenir
la Russie,
à définir, redéfinir, repartager la Chine,
et s’interdisent en même temps avec noblesse
de faire sauter cette planète
qu’ils ont déjà par leur mépris
transformée en fumier :
aimables et bonnes avec leurs yeux béants
les femmes, et leurs bonshommes,
nostalgiques de la noble cause du Vietnam,
nostalgiques de toutes les nobles causes,
souffrent avec noblesse de patauger dans le sang des sauvages…
James Baldwin a donné une lecture de ce poème au cours d’une émission
radiophonique, en 1986 : Poems to a listener.
Cette poésie se fait douce lorsqu’elle rend hommage à une amie, l’actrice Simone Signoret. Dans A lady like landscapes / Une femme comme un paysage où le temps se mue en “châle amusant” :
A lady like landscapes,
wearing time like an amusing shawl
thrown over her shoulders
by a friend at the bazaar […]
La dame qui porte ce châle s’en réjouit en francais dans le texte :
Regarde.
Ca n’était pas donné bien sûr
mais c’est quand même beau, non ? […]
Oui, c’est beau… et tellement d’autres choses encore.
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