H. H.
Jean-Claude Grumberg
lu, vu, entendu par le fonctionnaire inconnu - le 04/04/2017
Le conseil municipal d'une petite ville de Bavière s'apprête à adopter le nom du poète Heinrich Heine pour son nouveau collège. Les initiales H. H. sont déjà sculptées. Mais ce qui semblait n'être qu'une formalité va se révéler objet de discorde, Certains élus lui préférant une autre célébrité portant les mêmes initiales, et qui est originaire des lieux... Sauf que cet autre H. H. n'est autre que "Le meurtrier du XXème siècle", Heinrich Himmler !!!
Ce qu’il faut savoir, c’est que Heinrich Heine est l’auteur de la Lorelei, poème écrit en 1834 et sans doute le plus connu en Allemagne. Sauf que Heinrich Heine était d’origine juive, et que dès 1933 les nazis brulèrent ses livres. Mais comme ils ne pouvaient effacer la Lorelei de la mémoire de chaque allemand, ils décidèrent de supprimer la mention de l’auteur du texte ! La Lorelei fut donc maintenue dans les livres, scolaires notamment, mais avec la mention “auteur anonyme”…
Sauf qu’au conseil municipal, on ne semble pas non plus se souvenir des horreurs commises par Heinrich Himmler et le régime nazi !?! Aussi convient-on, dans un souci de démocratie directe, qu’on va faire faire la lecture d’un “florilège d’extraits significatifs des œuvres des deux H. H.” pour départager les prétendants…
S’ensuit donc une lecture croisée, complètement surréaliste, de textes sélectionnés parmi les œuvres poétiques de Heinrich Heine d’un côté, et les lettres adressées par Heinrich Himmler à Adolf Hitler et l’état-major nazi de l’autre !!!
Tout est mis sur le même plan. Le beau et le mal. La poésie et la haine.
On rit de l’absurde. On est effrayé par la lâcheté.
La démocratie molle est vampirisée par le fascisme banalisé.
Jean-Claude Grumberg, lui, n’oublie pas qui sont les assassins. C’est tout le sens de son œuvre théâtrale. C’est tout le sens de sa vie. A nous de ne pas l’oublier.
Ralf du département Arts Vivants à la médiathèque de Vaise
Voir dans le catalogue de la BML
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