First Cow
Kelly Reichardt
lu, vu, entendu par Mad - le 11/10/2022
Oregon, début du XIXe siècle. Des colons s’implantent tant bien que mal au cœur de la nature sauvage et prodigue du Grand Ouest des Etats Unis. Parmi eux, Cookie, un pâtissier dans l’âme un peu tendre, et King-Lu, un rescapé débrouillard qui n’a pas froid aux yeux. Et une vache, la première à fouler la région.
L’action se déroule dans la région chère au cœur de la réalisatrice, depuis le très réussi « Old Joy », déjà salué par la critique. Kelly Reichardt nous démontre encore qu’elle sait filmer comme nulle autre les enchevêtrements verdoyants des forêts de l’Oregon, et elle place le nœud de son intrigue à l’époque des pionniers, posant les jalons d’un western intimiste et personnel.
Les deux protagonistes principaux, Figowitz, surnommé Cookie, et celui qui se fait appeler King-Lu se rencontrent, au détour d’un talus, noyés dans un océan végétal. L’un tente de s’échapper, l’autre de s’intégrer. Se tissent alors des liens solides entre les deux hommes, qui se matérialisent par leur projet commun d’une vie meilleure à San Francisco, et par le moyen qu’ils mettent en place pour voir leur rêve se réaliser : en volant le lait de la seule vache à des centaines de kilomètres à la ronde, Cookie confectionne des beignets qui se vendent à prix d’or.
Le film tient deux heures sur le fil d’une histoire d’amitié dont la retenue et la simplicité tranchent avec la rudesse et la brutalité des hommes qui les entourent. Le cinéma de Kelly Reichardt est contemplatif et intelligent, tout en plans subtils qui traduisent une ambiance, des couleurs, une musique. Il offre un tableau à la fois tendre et sans concessions de la vie sauvage dans l’Ouest des Etats-Unis, sous la déclinaison du thème favori de la réalisatrice : celui de l’amitié, ici touchante et indéfectible.
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