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Et l’île s’embrasa

John Vasquez Mejias

Dans le cadre du festival de la bande dessinée d’Angoulême qui a eu lieu du 25 au 28 janvier, nous vous proposons une petite série coup de cœur sur des titres faisant partie de la sélection officielle de cette édition 2024.

La nouvelle œuvre de John Vasquez Mejias, Et l’île s’embrasa est un roman en gravure sur bois politiquement engagé.

Une insurrection portoricaine

Car en effet, cette île qui s’embrase, c’est Porto Rico. Dès le XVIe siècle, elle est colonisée par les Espagnols puis par les Etats-Unis à la toute fin du XIXe siècle. Après des décennies de dépendance étasunienne, des mouvements indépendantistes se mettent en place.

“L’Amérique s’étendra tant que personne ne lui dira non”

C’est en 1950 que prend place le récit délivré par John Vasquez Mejias. Après des années de volonté de résistance pacifique, Pedro Albizu Campos (chef du parti nationaliste de Porto Rico) et ses compères décident d’employer la manière forte pour décider du destin de leur île.

Ces évènements se produisent pendant un contexte de guerre froide particulièrement tendu. La même année, la guerre de Corée démarre et de nombreux portoricains sont envoyés au front. Du fait de l’envoi de sa population à la mort mais aussi de l’élaboration de bases et d’armes étasunienne chez eux, l’insurrection portoricaine se met en place.

Celle-ci est narrée par Mejias sans omettre les nombreuses violences des affrontements et de la répression qui a fait échouer l’insurrection. On peut y remarquer un parti pris notamment dans une planche où il fait une imitation du tableau Tres de Mayo de Francisco de Goya ; une toile étant considérée comme étant “la première grande toile qui peut être qualifiée de révolutionnaire dans tous les sens du terme” par l’historien de l’art Kenneth Clark.

Un auteur révolutionnaire

Dans l’entretien présent à la fin du roman, l’auteur ne cache pas la dimension engagée de son œuvre, notamment concernant sa forme.

Tout comme l’art mural, la gravure a des rapports étroits avec le socialisme et sa conception d’un art pour les masses, distribués massivement. […] l’aspect graphique des gravures évoque toujours l’art révolutionnaire.

Mejias se donne une mission de mémoire à un évènement passé sous silence par les gouvernants pour qui ce fut un mauvais souvenir. Ainsi, quand on lui demande pourquoi il a consacré un livre entier à l’insurrection de ces indépendantistes portoricains, il répond :

Tout simplement parce que personne ne connaît cette histoire, pas même la plupart des Portoricains. J’avais donc envie de la mettre en lumière.

Et quant à l’avenir qu’il souhaite à l’île, il est très clair :

J’aimerais beaucoup que l’île devienne indépendante plutôt qu’elle ne reste un territoire états-unien. Je ne pense pas que les Etats-Unis nous méritent.

Pour aller plus loin concernant Porto Rico : Les veines ouvertes de l’Amérique latine de Edouardo Galeano ; Le choc des utopies : Porto Rico contre les capitalistes du désastre de Naomi Klein.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la liste des sélections officielles du Festival d’Angoulême 2024.

Voir dans le catalogue de la BML

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