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Dum dum

Lukasz Wojciechowski

Dans le cadre du festival de la bande dessinée d’Angoulême qui a eu lieu du 25 au 28 janvier, nous vous proposons une petite série coup de cœur sur des titres faisant partie de la sélection officielle de cette édition 2024.

La nouvelle œuvre de Lukasz Wojciechowski est une bd qui aborde les séquelles psychologiques de la Grande Guerre.

Un Polonais sans Pologne

Le protagoniste, Stan Wojiechowski, est un vétéran de la Première Guerre mondiale. Originaire du village de campagne polonaise Przemet, sa position est particulière. On parle polonais à la maison, allemand à l’école et au travail.

La Pologne en tant qu’Etat n’existe plus depuis 1795. Elle est partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie. Ainsi, les Polonais, peuple apatride, se voient engagés dans une guerre où ils s’affrontent entre eux. C’est notamment le cas de la famille de Stan (Stasiu en polonais) car il combat pour le Kaiser tandis que son frère aîné est enrôlé dans les légions polonaises.

Mais je n’ai pas bien compris. Tu es allemand ou polonais ?
Tu as fait la guerre ? Dans quel camp ?

A la suite de la guerre, la Pologne se voit octroyer de nouveau un Etat, au détriment des vaincus mais aussi de l’URSS après une guerre entre 1919 et 1921. Pendant les évènements narrés, Stan se retrouve dans le Berlin de 1930, période de crise intense notamment à cause du krach boursier de 1929, où communistes et nazis s’affrontent dans les rues. Il trouve refuge chez sa tante communiste, toujours apeurée d’une éventuelle descente de SA. Stan, grâce à son cousin est engagé comme dessinateur technique et se retrouve à dessiner des formes géométriques, un reflet du Berlin en affres de la modernité.

Stress post-traumatique

Il se perd dans cette ville comme il a perdu tant de choses à la guerre. Car Stan vit un stress post-traumatique qu’il a acquis au front. Il est presque muet, il prononce des timides “euh…” quand on lui adresse la parole. Il ne prend pas ses médicaments car ils le rendent somnolent et indifférent, mais sans ceux-ci il n’est que “pure rage”.

Le combat à mains nues, voilà ce qui me permet de tenir jusqu’à ma prochaine journée en tant que dessinateur industriel, dans cette ville déshumanisée

Néanmoins, il prend plaisir à voir et revoir Anne, une femme qu’il a rencontré en sortant d’une séance de cinéma. Ensemble, ils vont voir des films, même si cela provoque des crises à Stan car les sujets abordés lui rappellent ses traumatismes. Ceux-ci ne le quittent jamais et ses pensées nous font ressentir beaucoup de pitié pour lui.

La mort…
Je n’aurais pas dû survivre…
Ici je me sens comme un fantôme.
Je pourrais être à leurs côtés

Lukasz Wojciechowski nous délivre une œuvre qui fait prendre conscience que la guerre survit en ceux qui l’ont vécu.

Pour aller plus loin concernant le stress post-traumatique en bd : Revenants de Maël et Olivier Morel ; Motor Girl de Terry Moore ; Heroes in Crisis de Tom King.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la liste des sélections officielles du Festival d’Angoulême 2024

Voir dans le catalogue de la BML

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