Depuis mon corps chaud
Gwendoline Soublin
lu, vu, entendu par Delphine - le 27/06/2023
Une belle façon d'aborder la fin de vie : traiter une personne mourante comme encore vivante.
La pièce s’ouvre sur un homme de 40 ans à l’agonie, il est “celui qui part “. Il ne parle plus mais pense à tout ce qu’il emmène avec lui en mourant : le souvenir de sa mère, de son premier baiser, de Platini ! Il donne à voir un patchwork de sa vie. Dans un second temps, il est question de “celle qui reste”, une jeune soignante qui accompagne son “premier mort”. Elle ne sait rien de lui mais essaie de deviner l’identité de ce patient à travers les marques de son corps (tatouage, piqure d’héroïne) afin de prendre soin de lui du mieux possible. Elle lui parle, l’accompagne dans ce qui est inévitable.
Ce texte est saisissant d’humanité, il évoque la fragilité de l’être humain. La vie, la mort s’entremêlent, l’un étant intimement lié à l’autre. Il n’est pas question de souffrance, ni douleur mais d’accompagnement : être présent pour l’autre, c’est tout et c’est tellement ! Récit initiatique, empathique et plein d’humilité…
Diplômée du département “écrivain dramaturge” de l’ENSATT , Gwendoline Soublin écrit pour les adultes (Pig Boy 1986-2358, pièce lauréate du Prix Bernard-Marie Koltés des lycéens, TNS, et des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre) et pour la jeunesse. Elle écrit Depuis mon corps chaud dans le cadre d’une résidence auprès des étudiants et formateurs de l’Institut de formation en soins infirmiers de Strasbourg en 2020.
Extrait
je te lave
petit bout par petit bout
petit bout par petit bout
membre après membre
Platini nous regarde
je te dis depuis mes mains : je vais laver votre cou
je te dis depuis mes gestes doux : je lave maintenant
votre ventre
votre jambe
la droite
je lave vos mains
je lave votre coude
je lave votre épaule
je lave le pied droit
les orteils
(…)
je ne vous connais pas
je vous dis au revoir
Monsieur
je te dis
au revoir
je te dis d’une voix qui à présent sonne claire, et fait
vibrer mes cordes vocales
Merci de m’avoir laissé m’occuper de vous
tu es parti
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