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And there was music (Et la musique fut) [DVD]

Pascal Goblot

La musique est partout, et semble l'avoir toujours été. Comment expliquer cette universalité et cette diversité ? Est-il possible de remonter à sa source primordiale ? Sans prétendre, évidemment, apporter toutes les réponses ce documentaire nous entraine dans une passionnante enquête archéo-musicale.

La recherche archéologique s’était jusqu’à ces dernières décennies concentrée sur les indices visuels : de ces temps disparus que peut-on encore voir ? Peintures et artefacts rescapés apportent certes une certain nombre d’indices, mais encore que peut-on encore en entendre ?

Animé par cette interrogation le musicologue et spécialiste du chant sacré Iegor Reznikoff fait l’expérience d’émettre des sons (instrument, voix) dans les cavernes ornées de peintures rupestres. Il constate que plus l’endroit sonne, plus il est orné et/ou inversement.  Certaines balises picturales (taches de couleur) ne sont pas placées au hasard, indiquent clairement une corrélation et révèlent une véritable cartographie sonore. Nos ancêtres possédaient, par la force des choses et les besoins de la survie en milieu hostile, une ouïe bien plus aiguisée que la nôtre.  Affinant son périple souterrain Reznikoff découvre que certains endroits ont du constituer de véritables “auditoriums”, ainsi la variété des sons (musicaux) générés par la percussion d’un ensemble de stalagmites est étonnante, on croirait entendre un balafon ou quelque autre percussion archaïque. Dans cette optique certains artéfacts initialement classés  dans la catégorie des outils sont ces dernières années requalifiés en lithophones. D’ailleurs dans leur environnement naturel nos ancêtres, faisant outil de tout matériau, n’ont-ils pas naturellement fait son de tout matériau ? Son certes, mais bruit, musique ? On ne peut rien savoir à présent d’éventuels “instruments” périssables constitués de feuilles, écorces, peaux. Ne subsiste que le dur, pierre ou os. Les flûtes paléolitiques de la grotte d’Isturiz (35 000 ans) ne laissent pas d’émerveiller et les sons qu’en ont ressuscités quelques  musiciens sont profondément émouvants. On a même surenchéri avec la flûte de Divje Babe : encore plus vieux ! soit environ 43 000 ans …  Encore ne s’agissait-il  là “que” d’Homo Sapiens mais il y fort à parier que son prédécesseur (et, semble-t-il à présent, colocataire) Néanderthal ait eu lui aussi la fibre musicale.

Mais, s’interroge-t-on, quand est donc apparu la “musique”, au sens assez insaisissable et largement débattu, d’ensemble de sons organisés ? Il y a fort longtemps on est d’accord. Le premier instrument sonnant est à l’évidence le corps. Il semble d’après les spécialistes que la faculté de vocaliser, qui est liée aux mêmes ressources cérébrales (aire de Broca) et liée aux vertèbres n’était pas encore présente chez Homo Erectus (ancêtre commun de Sapiens, Néanderthal et d’autres). La vocalisation aurait alors mené à la double apparition sur une même longue période, du langage ET de le musique.

On connait l’effet apaisant d’un son répétitif. Nini-nana, do do , soum soum, la première musique, le premier chant, primordial, universel, ne furent-ils pas la berceuse de la mère à son enfant ?

Voici quelques unes des thématiques abordées dans cet intéressant documentaire, qui interpellera probablement plus d’un archéo-curieux.

Voir dans le catalogue de la BML

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