Les trois sonates
Claude Debussy
lu, vu, entendu par GLITCH - le 14/10/2022
Les 3 sonates de Debussy sont rassemblées dans un éblouissant disque-testament. Une fête crépusculaire aux mille nuances, pour un enregistrement de référence.
Ces pièces forment la moitié d’un cycle de 6 sonates, que la mort du compositeur a interrompu. Elles sont un manifeste de cette « sensibilité dans la fantaisie » que Debussy recherchait comme antidote au romantisme allemand.
D’une sensualité frêle, pleines d’espièglerie et de danse sur les pointes, ce sont des objets délicats pour archets sensibles. Difficile de ne pas les brutaliser, ou de ne pas les confire dans un « mousse et pampre » suranné. Défi relevé avec un naturel confondant par Isabelle Faust (violon), Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Antoine Tamestit (alto) et leurs partenaires de jeu.
La Pastorale de la sonate pour flûte, alto, et harpe, rêve, danse et soupire tendrement comme jamais. L’Allegro de la sonate pour violon infuse un lyrisme lunaire, d’élans vibrants en suspens graves. L’Intermède dessine une ombre de folie douce sur son allant “fantasque et léger”. Et la Sérénade de la sonate pour violoncelle vibre en sourdine de pizzicatos de chat, moelleux, alertes, tout en retenue.
C’est vers l’élégance délicatement ombrée de Rameau ou Couperin que Debussy regarde. « Ceux-là avaient le secret de cette grâce profonde, de cette émotion sans épilepsie.. » disait-il.
Les ultimes pièces pour piano de Debussy ponctuent ce triptyque de leur mélancolie franche ou tamisée par la lumière du soir.
Et la prise de son, d’une rare finesse, parachève cette fête de l’équilibre et du toucher juste.
Voir dans le catalogue de la BML
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