Festival d’Avignon : la chance du débutant
Publié le 07/07/2017 à 10:14 - 7 min - Modifié le 14/12/2018 par le fonctionnaire inconnu
Ce jeudi 6 juillet 2017 débutait le 71ème festival d’Avignon, soit le plus grand et le plus gros festival de théâtre en France, voire au monde. Il est aussi tentant qu’effrayant de vouloir s’y rendre... Tentant parce que c’est le plus grand, effrayant parce que c’est le plus gros !! Voici notre guide pour une première expérience en Avignon.
Créé en 1947, le festival d’Avignon (le In) propose durant trois semaines (6-26 juillet) environ 40 spectacles et 300 représentations. Jusque là, tout va bien. Mais en parallèle s’est développé un festival Off qui propose quant à lui environ 1300 spectacles, et un nombre de représentations qui doit avoisiner les 20 000 !?!! Au total 150 000 entrées pour le In et 1 300 000 pour le Off !!!
La démesure même du festival fait d’ailleurs régulièrement polémique (en alternance avec la question de savoir si Avignon est encore un festival populaire ? – à lire dans le numéro 2747 de L’Obs) !
Choisir, c’est renoncer
La première question qui se pose quand on souhaite aller au festival d’Avignon, c’est donc celle du choix des spectacles.
Ce qu’il faut déjà savoir, c’est que le festival d’Avignon, ce n’est pas que du théâtre. C’est aussi des spectacles de danse, de cirque, de clown, de magie, de mime, de marionnettes, des concerts, du cabaret, des spectacles d’humour, des expositions… Et c’est aussi de nombreux spectacles pour les enfants. Ce qui est sûr, c’est que, quoique vous fassiez, vous raterez toujours quelque chose ! Et oui, il faut l’accepter !
La seule chose qu’il ne faut absolument pas rater, par contre, sous peine de rater son Festival, c’est : la cour d’honneur du Palais des Papes ! Peu importe le spectacle, peu importe le jour, peu importe l’heure. Vous ne pourrez pas vous vanter d’être allée au festival d’Avignon si vous n’êtes pas passé par la cour d’honneur du Palais des Papes.
Pour le reste du choix des spectacles, c’est plus compliqué, et chacun a sa méthode sans qu’il y en ait une qui soit meilleure qu’une autre ! Certains se consacrent au In exclusivement, d’autres font confiance à leur instinct, au bouche-à-oreille ou aux critiques, d’autres enfin se laissent séduire par des compagnies qui font tant d’effort toute la journée dans la rue pour faire la promotion de leur spectacles qu’il faut bien à un moment donné qu’ils aient une récompense !?!… Et puis il reste enfin à appliquer le coefficient “places disponibles” !…
Car pour les spectacles que vous ne souhaitez absolument pas manquer, et principalement ceux du In, il est indispensable de réserver dès l’ouverture de la location (fin juin sur le site officiel du festival). Et donc pour cela d’être allé éplucher les programmes en ligne dès le début du mois de juin.
Notre sélection à 100 balles
Le problème, c’est que pour 100 balles t’as plus rien. Et que c’est toujours aussi vrai, surtout en plein tarif…
- Comme on vous l’a dit, le premier objectif, c’est la cour d’honneur du Palais des Papes. Et pour 20 euros, vous aurez droit à un strapontin vous permettant d’assister à la représentation de l’un des 3 spectacles qui y seront donnés. Par chance pour votre séant, ils n’excèdent pas 1h45 de représentation. Par chance pour votre porte-monnaie, il n’y aura peut-être plus de place !
- On mise ensuite 30 euros pour le pass des 3 spectacles de L’a-démocratie de Nicolas Lambert : #Bleu, #Blanc, #Rouge est une trilogie de théâtre d’investigation, consacrée à l’a-démocratie française par le prisme de ses principales sources de richesse : le pétrole, le nucléaire et l’armement. Notre grand “Coup de cœur” de l’année ! On va donc voir les 3 !!!
- 17 euros pour 1336 (paroles de Fralibs). Un de nos textes “Coups de cœur” de l’année écoulée. Evoquant la lutte (gagnée) par les ouvriers de cette usine de thé et tisane bien connue, implantée à Marseille, que son propriétaire Unilever voulait délocaliser en Pologne.
- 19 euros pour Le quatrième mur / d’après le roman de Sorj Chalandon. Par la Compagnie du théâtre des Asphodèles. On avait adoré leur précédent spectacle, euphorisant, mêlant hip hop, commedia dell’arte et tout ce que vous voulez.
- 19 euros pour Discours à la Nation d’Ascanio Celestini. On vous en a parlé et reparlé de ce texte. Mais il paraît que c’est seulement à la troisième écoute qu’on retient les informations. Donc on vous re-re-conseille d’entendre ce texte.
- 10 euros pour le Le Roi Navet. D’accord c’est un spectacle pour enfants et personne n’a envie d’aller au festival avec ses enfants. Mais c’est de la compagnie Germ36, notre compagnie chouchou, avec Pierre Germain notamment venu plusieurs fois en résidence à la médiathèque de Vaise.
- 17 euros pour le Cabaret Burlesque. Et oui, vous n’avez pas d’enfant, on vous le rappelle. Et ce spectacle vous donnera peut-être chaud mais la salle est climatisée…
- 19,50 euros pour Le Chien, la Nuit et le Couteau de Marius von Mayenburg. Ça aussi, ça devrait vous refroidir… Mais bon, nous pour le Marius, on est chaud bouillant !
- 0 euro pour le feuilleton théâtral du Festival, une sélection de textes classiques choisis cette année par Christian Taubira, et qui seront lus à la FabricA du Festival d’Avignon, un autre lieu à découvrir absolument. Je répète : 0 euro. Oui, ça existe, même à Avignon.
- Alors bon tiens oui tiens au fait ah oui ça fait 151,50 euros au total… C’est bizarre, ça !?! On aurait peut-être dû appeler ça “Notre sélection à 151,50 balles”, alors… Quand on vous disait que pour 100 balles t’as plus rien…
D’un point de vue pratico-pratique
Retenez, qu’une moyenne entre 3 et 4 spectacles par jour, pour une première année au Festival, ce n’est déjà pas si mal ! Car, outre le budget, il vous faudra gérer les déplacements dans une ville que vous ne connaissez pas. Ainsi que trouver des ravitaillements, bons et bon marché, ce qui n’est jamais simple. Et tout cela peut grandement varier en fonction de la température (pensez d’ailleurs, dans ces cas là, à vous assurer que la salle dans laquelle vous allez voir un spectacle est bien climatisée – c’est précisé sur le programme).
Mais avant d’aller voir des spectacles, il faudra vous rendre en Avignon. La voiture s’impose si vous n’avez pas trouvé de chambre climatisée – et à un prix correct – dans le centre d’Avignon, ou si vous souhaitez quitter provisoirement l’atmosphère épuisante du festival pour vous rendre, par exemple, à l’Isle-sur-la-Sorgues (un peu loin mais tellement apaisant et rafraîchissant…). L’inconvénient de la voiture, c’est de pouvoir se garer à proximité. Il y a bien le parking des Italiens mais ce sera inutile d’y chercher une place si vous arrivez après 15 heures.
En tout cas, envisagez la solution du train seulement si vous êtes assuré d’avoir une chambre climatisée ; sinon vous serez obligé d’ouvrir la fenêtre et il y aura tellement de bruit que vous ne pourrez pas dormir – dixit notre expérimentée collègue Héléna.
En ce qui concerne la nourriture. Une seule adresse : Le cul de la poule. Pourquoi ? Parce que le cul de la poule. Un seul conseil, même s’il fait froid : mangez des glaces ! Il y a une multitude de marchands de glaces et parmi eux quelques artisans de bon goût !
Pour aller plus loin
- Site officiel du Festival In
- Site officiel du Festival Off
Quelques sites qui donnent de bons conseils et proposent des critiques de spectacles :
- Lebruitduoff.com (premier quotidien en ligne des festivals OFF et IN d’Avignon)
- Plusdeoff.com (interview, critiques et sélections sur les spectacles du Festival d’Avignon Off)
- Festi Tv (WebTV du festival, présentée par des étudiants)
- France Culture (petite radio bien sympatoche)
A lire entre 2 spectacles :
Les règles d’affichage pendant le festival [Site web du festival Off]
Pourquoi dit-on “en Avignon” et non pas “à Avignon” [Guichet du savoir]
Provence [Livre] : guide touristique Géo Guide. Avignon en 25 pages.
A lire aussi
Voici la liste des textes joués au Festival d’Avignon (le IN, pas le OFF, y’en a trop) et disponibles en version papier. A rajouter à votre liste de livres à lire pour l’été !
- Tristesse et joie dans la vie des girafes / Tiago Rodrigues (théâtre, 2016)
- Les suppliants / Elfriede Jelinek (théâtre, 2016)
- L’imparfait / Olivier Balazuc (théâtre jeunesse, 2016)
- Roberto Zucco / Bernard-Marie Koltès (théâtre, 1990)
- Antigone / Sophocle (théâtre, y’a beaucoup longtemps)
- La princesse Maleine / Maurice Maeterlinck (théâtre, 1889)
- Les bonnes / Jean Genet (théâtre, 1947)
- Penthésilée / Heinrich von Kleist (théâtre, 1808)
- Les parisiens / Olivier Py (roman, 2016)
- Le roman de monsieur de Molière / Mikhaïl Boulgakov (roman, 1962)
- Le sec et l’humide / Jonathan Littell (essai Histoire, 2008)
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