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ROCK & TV

Retour vers le passé du tube cathodique

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 31/07/2019 par pj

Entre underground et ultra conformisme, la télévision a pu et su parfois réaliser des prouesses. Grâce à quelques-uns que le hasard ou autre chose a placé dans les champs (chants) magnétiques de nos ondes hertziennes. Petite chronologie non exhaustive d’une époque où les écrans n’étaient pas si plats.

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Flash-back…

Comme en toute alchimie, la formule rock et TV est relativement instable et ne dure que le temps d’une transmutation éphémère. Mais dans tous les cas qui suivent, la curiosité, un véritable contenu éditorial et la volonté affichée de partager la musique d’une époque font tout l’or de ces programmes.

Voici de brefs portraits de ces quelques passeurs passionnés et des émissions qu’ils ont brillamment portées avec élégance, conviction, engagement et humilité.

Patrice Blanc-Francard et Bernard Lenoir

 


Pierre Lattès | Bouton rouge

  • diffusion d’avril 1967 à mai 1968 sur la deuxième chaîne de l’ORTF

Pierre Lattès devient à 26 ans le premier animateur rock de la télévision française. L’émission qu’il présente s’appelle Bouton rouge. Diffusée sur la 2ème chaine de l’ORTF, c’est un format court inséré au début dans l’émission 16 millions de jeunes et c’est alors le premier magazine télévisé estampillé rock en France. Initialement programmée le dimanche, l’émission sera déplacée au samedi et passera de 30 à 45 minutes.

De 1972 à 1974 sur la première chaîne de l’ORTF, le même Pierre Lattès présentera Rock en Stock une fois par mois le samedi soir avec les mêmes exigences et la même qualité.

Chroniqueur pour Rock & Folk, Pierre Lattès sévira également dans les colonnes de Charlie Hebdo et Hara-Kiri toujours à propos de pop music et de rock.


Patrice Blanc-Francard | Pop 2

  • diffusion de 1970 à 1973 sur la deuxième chaîne de l’ORTF

Patrice Blanc-Francard, également chroniqueur à Rock & Folk, croise un jour la route de José Artur, créateur du fameux Pop Club, l’émission qu’il animera pendant quarante ans (1965-2005). Et tout comme Pierre Lattès et Bernard Lenoir, Patrice Blanc-Francard fait ses débuts sur France Inter comme conseiller musical du Pop Club.

Il présente Pop 2 avec un ton impertinent, intello-sérieux, décalé, inimitable. Les groupes phares des années 70 sont là : Soft Machine, MC5, The Velvet Underground…


Antoine de Caunes | Chorus

  • diffusion de septembre 1978 à juin 1981 sur Antenne 2

Plus jeune encore, Antoine de Caunes n’a pas 25 ans lorsqu’il fait ses débuts à la télévisons en présentant Chorus.

L’émission capte en temps réel le nouveau rock anglais notamment et présente les groupes en live sur la scène du théâtre de l’Empire et du Palace. Les groupes sont aussi souvent filmés sur les lieux de concerts mêmes. Le programme est hebdomadaire et le rendez-vous est fixé juste après la messe du dimanche. Chorus c’est la modernité qui passe à la télé, c’est la new-wave qui pénètre le foyer familial et la chambre d’ado.


Alain Maneval | Mégahertz

  • de 1982 à 1983 sur TF1

Stéphanois d’origine, Alain Maneval est surtout un homme de radio, une voix. Un temps attaché de presse (Téléphone, Lou Reed…) il participe à la vie de plusieurs radios libres, dont Bellevue à Lyon. Sur Europe 1 en 1978 il présente Po-Go, une émission consacrée au punk.

Programmé environ une année à un rythme hebdomadaire, Mégahertz était co-présenté par Brenda Jackson, journaliste à Best dès 1976 et rédactrice en chef du fanzine Feelings (circa 1977). La brève existence de Mégahertz permet tout de même aux 16-25 ans – c’est la tranche d’âge visée par l’émission générique Pour Changer dans laquelle le magazine s’insère –  de découvrir l’essor de la new wave et les différents courants du post punk de Visage à Killing Joke.

Au cours de l’année 1982 plusieurs sujets sont par ailleurs consacrés à Lyon capitale du rock et à quelques-uns de ses groupes les plus emblématiques.


Bernard Lenoir | Rockline

  • de 1983 à 1987 in Les enfants du rock

Comment ne pas mentionner la figure presque fraternelle (mais est-ce qu’elles ne le sont pas toutes ?) du plus secret des journalistes rock d’ici.

Homme de radio pendant plus de 40 ans sur Europe 1 et France Inter avec Feedback et C’est Lenoir, Bernard Lenoir n’a jamais vraiment souhaité faire de la télé. Incorruptible, il présentera d’ailleurs Rockline en voix off, n’apparaissant que quelques rares fois à l’écran. Rockline est l’un des programmes thématiques de l’émission générique Les Enfants du Rock diffusée de 1982 à 1992. Comme le générique le laisse deviner, les sujets viennent principalement d’outre-Manche : The Cure, New Order, font alors les beaux soirs de ceux qui ne sont plus tout à fait des enfants.


Antoine de Caunes | Rapido

  • diffusion en 1986 sur TF1 puis de 1987 à 1992 sur Canal+

L’émission au célèbre débit voir le jour au cœur de nuit. C’est en effet sur TF1 qu’Antoine de Caunes passe quelques temps à tester une formule nocturne qui ne le satisfait pas. Il réclame une heure de plus large audience mais celle-ci durerait la moitié, c’est-à-dire 30 minutes (vous suivez ?). Alors pour ne pas en dire moins Antoine de Caunes décide d’en dire autant mais beaucoup plus vite.

Rapido débarque ensuite sur Canal+ pour 200 émissions hebdomadaires au total pendant cinq années d’existence.

La fin des 80’s était proche. Rapido rend parfaitement  compte de cette transition esthétique ; du hip-hop à la musique de stade, de Prince au grunge, du rock alternatif à la techno, tout ou presque est dans Rapido.

 


La période qui court de 1974 à 1978 ressemble à un évanouissement. Le rock n’est plus télévisé. Ni glam, ni folk, ni punk… Excepté le très éphémère Melody (1974), Juke Box (1975-1977) et Blue Jean 78 (1978), il ne se passe pas grand-chose sur les écrans… S’il ne s’agit pas véritablement d’une émission rock, signalons quand même la longévité de Point Chaud d’Albert Raisner programmé de manière assez aléatoire pendant plus de dix ans de 1968 à 1979.

Et en 2019, quid de la place du rock à la télé ?


Pour en voir plus :

 

 

 

 

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