L’Auditorium fête ses 40 ans : un orchestre dans une salle

- temps de lecture approximatif de 20 minutes 20 min - Modifié le 09/07/2016 par Alfons Col

Véritable "Temple de la Musique", l'Auditorium Maurice Ravel a été voulu d'abord pour un public : spacieux, moderne, futuriste et édifié dans un quartier en pleine expansion. Mais il fut aussi conçu dans l'intention de donner une adresse respectable à l'un des orchestres les plus remarquables d'Europe.

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L'Auditorium Maurice Ravel © Didier Nicole
Un lieu, un orchestre, et deux article pour rendre hommage à ces quarante années d’émulation musicale. Découvrons ici l’histoire de l’Orchestre national de Lyon à travers une discographie sélective.

L’histoire de l’Orchestre national de Lyon ne commence pas à l’ouverture de l’Auditorium Maurice Ravel et il convient de rappeler quelques faits.

- En 1905 Georges Martin Witkowski fonde la Société des Grands Concerts de Lyon, ancêtre direct de l’Orchestre national de Lyon.

- En 1908 : inauguration de la Salle Rameau, ancêtre de l’Auditorium. Elle sera l’antre de la musique symphonique pendant presque 70 ans.
- En 1943 : Décès de G.-M. Witowski, remplacé par son fils Jean.

- En 1953 : décès de Jean Witkowski. Son successeur Robert Proton de la Chapelle, industriel, mélomane et homme politique lyonnais va devenir pendant trente ans un défenseur acharné de la musique à Lyon.

- En 1969 sous l’impulsion de Landowski, directeur de la musique au ministère des Beaux-Arts, se créent des orchestres régionaux permanents dont le nouveau Orchestre Philharmonique Rhône Alpes (OPRAL) sous la baguette de Louis Frémeaux jusqu’en 1971.

Avant que Louis Frémaux ne devienne le premier chef permanent, l’orchestre connut une multitude de chefs invités dont les prestigieux André Cluytens, Charles Münch, Ernest Ansermet ou encore Pierre Monteux. On y vit aussi des compositeurs venir diriger leurs œuvres (d’Indy, Ropartz, Honegger, Jolivet, Hindemith…)
Ce système d’invitation perdurera sporadiquement pendant les années Auditorium.

Serge Baudo (1971-1987)

Lorsqu’il entre en fonction en 1971 Serge Baudo a déjà une expérience conséquente en tant que chef : à la tête de l’orchestre de la radio de Nice, invité à conduire l’orchestre de la Scala de Milan en 1962, chef permanent à l’Opéra de Paris (1962-1965) puis de l’Orchestre de Paris (1967-1969) et enfin directeur artistique de l’Opéra de Lyon.
L’admiration de Serge Baudo pour le répertoire français romantique et moderne est réputée, il excelle à diriger Berlioz, Ravel ou Debussy, trio qui fondera le socle du répertoire de l’orchestre. A ses détracteurs qui l’accusent de négliger la musique contemporaine, il répondra : “Je suis porté à jouer des œuvres contemporaines qui sont rattachées à une grande tradition musicale”.

A l’inauguration de l’Auditorium, le 14 février 1975 Serge Baudo et son orchestre de 103 musiciens exécutent un programme composé de la symphonie fantastique de Berlioz (œuvre fétiche de l’orchestre) et bien sûr deux œuvres de Ravel dont le “concerto pour piano en sol majeur” interprété par le jeune pianiste lyonnais Pierre-Laurent Aimard, lauréat de plusieurs prix qui inaugure une carrière depuis flamboyante.

Les années Baudo seront émaillées de grands événements :

- Serge Baudo emmène son orchestre à travers le monde : en Grèce et en Tchécoslovaquie d’abord, puis en 1979 ce sera en Corée, au Japon et pour la première fois pour un orchestre européen une tournée en Chine.
- Sa passion pour Hector Berlioz l’amène à créer la même année, un festival à son honneur qui mettra en avant l’immense diversité des œuvres du compositeur. La célébrité du Festival Berlioz n’a cessé de croitre depuis la mise en scène en 1980 de l’intégrale des Troyens, opéra gigantesque (4h) créé pour la première fois en France et télédiffusé. Le festival perdurera 10 ans, et après quelques années sans programmation il sera remis sur pied à la Côte-Saint-André, ville natale de Berlioz.

- En 1983 John Eliot Gardiner a besoin d’un orchestre propre pour l’Opéra de Lyon, l’Orchestre de Serge Baudo se consacre désormais exclusivement au répertoire symphonique. Lyon devient la seule ville de province à abriter deux grands orchestres.

- En 1984 Serge Baudo offre à sa phalange le disque d’or, première récompense de ce type pour un orchestre symphonique. . En effet l’enregistrement du Boléro dépasse les 120 000 exemplaires vendus et coïncide avec les festivités du 15ème anniversaire. Année faste s’il en est l’Orchestre devient “National” et rivalise désormais avec bon nombre de grands orchestres européens. Modestement Serge Baudo admet qu’en plus d’une rémunération supplémentaire pour ses musiciens ce nouveau label lui permettra de montrer une plus jolie carte de visite.

- L’année suivante sa version du Stabat Mater de Poulenc, pour lequel il convoque la soprano Michèle Lagrange nouvellement engagée par Louis Erlo à l’Opéra de Lyon, est récompensée d’un Diapason d’or par la revue spécialisée.

- La saison 1986-1987 est marquée par un programme gigantesque en hommage à Maurice Ravel à l’occasion des 50 ans de la mort du compositeur. L’intégrale des œuvres pour orchestres est jouée à travers 41 concerts durant la saison, auxquels s’ajoutent des expositions et des conférences.

Discographie

Nous avons retenu 3 disques marquants de cette période même si la discographie de Serge Baudo à la tête de l’ONL peut être considérée comme parfaite.

-Pelléas et Mélisande. En septembre 1978 est donné l’intégrale de l’opéra de Debussy à l’Auditorium Maurice Ravel en présence du maire Francisque Collomb. C’est le seul témoignage discographique d’un opéra exécuté dans l’enceinte de l’Auditorium, puisque à l’époque l’orchestre s’occupait encore de la programmation lyrique. Le disque récoltera plusieurs prix.

Cette première collaboration avec Bernard Tétu (chef de l’ensemble vocal de Bourgogne) sera le point de départ pour la création d’un chœur spécifiquement dédié à l’ONL. Associé à la création du Festival Berlioz, il facilitera la tâche du chef d’orchestre pour monter des œuvres chorales mémorables que seront le Stabat Mater de Poulenc (1983), le Christ au mont des Oliviers (1986) ou encore le requiem de Fauré (1988).
En 1993 le chœur de l’orchestre de Lyon deviendra Les Choeurs et solistes Bernard Tétu
Chœur professionnel, devenu une entreprise à part entière, il est sollicité partout dans le monde (avec ou sans l’ONL) et donne une cinquantaine de concerts par an.

En octobre 1985, Serge Baudo rend hommage à un de ses compositeurs favoris : Henri Dutilleux. Il enregistre un disque comprenant la première symphonie (1951) couplé avec Timbres, espace, mouvement (1978) composition symphonique inspirée de la nuit étoilée de Van Gogh.
Henri Dutilleux lui-même félicite l’ONL et le remercie d’avoir réalisé le premier enregistrement de Timbres ainsi qu’une version remarquable de sa première symphonie.


Baudo dutilleux

-Christus am Ölbrege (le Christ au mont des oliviers). Dernier enregistrement de Serge Baudo à la direction de l’orchestre lyonnais l’oratorio de Beethoven constitue un choix très inattendu pour un orchestre qui n’enregistrait que le répertoire français. C’est aussi une œuvre peu jouée et peu enregistrée (une dizaine de versions seulement et exclusivement par des orchestres allemands) et l’ONL lui offrira sa première édition française. Restée à part dans le catalogue de Beethoven, cet oratorio nécessite l’exécution d’un grand chœur (celui de Bernard Tétu) et de 3 chanteurs solistes. Cette version reste une des plus remarquables.

baudo christus

Enfin il faut citer deux créations originales :

- La Messe d’Elsa est un poème d’Aragon mis en musique par le compositeur italien Lino Léonardi. Elle est chantée ici par Monique Morelli et la musique volontairement dramatique soutien la voix théâtrale de l’interprète. L’œuvre fut créée et enregistrée le 19 juin 1981 à l’Auditorium de Lyon en présence de Louis Aragon.

- Oratorio à la gloire des ouvriers tisserands lyonnais, Les Canuts a été composé par Joseph Kosma en 1959 sur un livret du poète Jacques Gaucheron. Cela ne pouvait pas se produire ailleurs qu’à Lyon et le premier enregistrement mondial de l’œuvre fut effectué « sur le vif » en juin 1981 à l’Auditorium de Lyon.
Ses deux œuvres préfigurent l’ouverture de l’orchestre à un répertoire non classique et notamment par la suite aux ciné-concerts amenant un nouveau public moins mélomane.

On trouve ici un chef au meilleur de sa forme qui s’autorise toutes les audaces et à qui on ne refuse rien. Son passage à la tête de l’orchestre reste inoubliable tant cette période, riche en événements, a forgé la maturité de l’orchestre.

Emmanuel Krivine (1987-2000)

Premier chef invité depuis 1983, Emmanuel Krivine connait bien l’orchestre lyonnais quand il prend ses fonctions en octobre 1987. Assurément l’un des meilleurs chefs français (il tient la baguette depuis l’âge de 17 ans) il admet que sa franchise et son exigence parfois couplées avec un mauvais caractère lui donnent une réputation difficile. Il a pour ambition de donner à l’ONL sa plus haute stature, et d’atteindre le niveau des plus grands orchestres internationaux. Vœu pieux mais qui a rencontré une résistance forte de sa phalange avec laquelle il connut plusieurs crises.
Sans politique musicale précise, il propose pourtant une diversité de programmes alternant les époques et les styles, en s’alliant avec plusieurs chefs invités pour des répertoires qu’il affectionne moins. Malgré son désintérêt pour la musique moderne il lui donnera pourtant une place importante dans sa programmation avec des intégrales Edgar Varèse (1995-96), Anton Webern (1997-98).
Il créé les résidences de compositeurs où pendant 2 ans de jeunes compositeurs sont associés à la programmation et à qui on commandera des créations. Se sont succédés : Michael Jarrell, Pascal Dusapin, Jean Louis Florentz et Philippe Hersant. Quelque peu hermétique à la musique contemporaine, le maestro admettra que ces collaborations l’ont fortement enrichi.

Discographie

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Deux de ces résidences donneront lieu à des enregistrements de disques :
Extenso de Pascal Dusapin, auréolé d’une victoire de la Musique et Les jardins d’Amènta du compositeur et ethnomusicologue Jean Louis Florentz.
- Ce dernier est en résidence à l’ONL de 1995 à 1997, Emmanuel Krivine lui commande la création des Jardins d’Amènta, conte symphonique inspiré du livre des morts égyptien. Musicien du voyage (ici aussi bien géographique que métaphysique),  Florentz invente un conte symphonique (s’apparentant au poème) qui témoigne de ses recherches sur les musiques africaines. Les instruments remplacent les dialogues et n’ont pas de rapports hiérarchiques. Florentz se montre ici comme un grand symphoniste s’inscrivant dans une lignée Debussy-Dutilleux-Messiaen et poussant encore l’excellence française en la matière.

-Concertos pour violoncelle de Lalo et Saint Saëns.

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En 1995 Emmanuel Krivine se lance dans l’enregistrement d’un disque dédié au cœur du répertoire de l’ONL, à savoir la musique française romantique et post-romantique. C’est la jeune violoncelliste lyonnaise (24 ans à l’époque) Anne Gastinel qui tiendra l’archet. Bien qu’en pleine ascension et auréolée d’une victoire de la musique classique l’année précédente, elle doit relever le défi de passer derrière des interprétations historiques (Rostropovitch ou Yoyo Ma) de l’opus 33 de Saint Saëns. Le disque obtiendra le prix de “l’enregistrement classique français” de l’année 1996. Ce succès amènera les mêmes protagonistes à enregistrer un an plus tard le concerto pour violoncelle de Dvorak.

- En 1998 Emmanuel Krivine exhume un compositeur oublié du début du XXe siècle : Pierre-Octave Ferroud. Né à Chasselay près de Lyon, Ferroud est un disciple puis ami de Florent Schmitt lorsque ce dernier dirige le Conservatoire de Lyon.

Ferroud n’est pas un grand compositeur ou n’a pas eu le temps de le devenir. Mais on touche ici à une composante importante du travail de l’ONL. Depuis sa création il a tenté de faire connaitre un répertoire régional souvent délaissé. Ce fut le cas pour les créations des œuvres de G-M. Witkowki, Jean Martinon, Robert de Fragny ou encore Jean Guy Bailly.

A la tête de l’orchestre lyonnais pendant douze ans, Emmanuel Krivine part la tête haute et fier d’un orchestre qu’il a mené aux sommets. Il exécute une magistrale 9ème de Beethoven en guise de concert d’adieu, symphonie fétiche de l’orchestre depuis presque cent ans.

David Robertson (2000-2004)

Le chef américain David Robertson (né en 1958 à Santa Monica) est choisi pour succéder au chef français et prend ses fonctions le 1er septembre 2000.
Son arrivée marque un renouveau du répertoire et un nouvel investissement auprès du public. Conscient du niveau très élevé qu’a obtenu Krivine à la tête de l’orchestre il vient surtout donner une impulsion de plaisir et de décontraction tout en gardant une exigence forte.
La politique envers de nouveaux publics est offensive et il y a une véritable volonté de démocratisation de l’accès à l’institution : proposition de tarifs très réduits, distribution gratuite des programmes, mise en place des concerts expresso (œuvres courtes et populaires jouées sur le temps du déjeuner) ou création des avant-propos (explication de l’œuvre une demi-heure avant son interprétation) effectués par Robertson lui-même.

Pour la programmation, David Robertson allie continuité et modernité avec une forte touche d’éclectisme.

Dans les faits il signe l’arrêt des “résidences de compositeurs” instaurées par Krivine mais il invente les “Semaines” dédiées à un compositeur contemporain reconnu pendant lesquelles concerts, conférences et expositions forment une sorte de mini-festival.
Luciano Berio, Steve Reich, Pierre Boulez et György Ligeti sont mis à l’honneur entre 2001 et 2003.

Discographie

Deux de ces semaines donneront lieu à un enregistrement :

- celle de Pierre Boulez (septembre 2002). La forte complicité entre Robertson et Boulez amène les deux hommes à parfaire ce travail par une tournée américaine l’année suivante avec une ouverture au Carnegie Hall.

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-celle de Steve Reich : Different trains, œuvre pour quatuor à cordes et bande magnétique est adaptée par Steve Reich en 2000 pour grand orchestre (48 musiciens pour honorer une commande de l’ONL et de l’Orchestre de Philadelphie. Cette version est donnée en première audition européenne en avril 2002 pour la semaine Reich et enregistrée chez Naïve. Pour la première fois on y entend les trains de l’enfance et ceux de la déportation dans une version plus apaisée par un jeu fin et discret de l’orchestre.

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- En septembre 2000, l’orchestre enregistre un disque entièrement consacré au compositeur argentin Alberto Ginastera. Outre des œuvres de jeunesse aux accents ravéliens, l’orchestre nous donne à entendre une version très remarquée du concerto pour harpe (1956) interprétée par la flamboyante harpiste et lyonnaise d’origine, Isabelle Moretti.

- David Robertson enregistre aussi une œuvre jugée difficile de Béla Bartok, dans laquelle peu de chefs se sont illustrés mis à part son mentor Pierre Boulez : le Mandarin merveilleux. Ce disque paru chez Harmonia Mundi constitue le premier enregistrement de la version originale restaurée en 1999 par Peter Bartok, fils du compositeur. Ce nouveau défi montre qu’en plus d’être un très bon orchestre d’exécution, l’ONL peut être aussi aux avant-gardes grâce aux commandes mais aussi aux premières mondiales.

La programmation de nouveaux genres tels que les musiques du monde et le jazz (accompagnements d’artistes comme Wayne Shorter, Abdullah Ibrahim, Dianne Reeves) et la création des ciné-concerts en partenariat avec l’Institut Lumière montrent une ouverture volontariste du répertoire pour le plus grand bonheur de l’orchestre.
- Ultime enregistrement du chef américain à la tête de l’ONL, 3ème souffle est un album hommage au troisième courant, mouvement musical américain des années 1960, voulant marier musique classique et jazz.

3eme souffle

Lorsque le trompettiste Thierry Caens, instigateur du projet, commande des œuvres à des compositeurs du registre non-classique (William Sheller, Richard Galliano ou Michel Colombier), il insiste sur le choix de la phalange lyonnaise – bien que conduite par Michel Plasson – pour exécuter ces œuvres pour trompette et orchestre. Membre de l’orchestre lyonnais à ses débuts (1979), il estime alors que :“l’ONL culmine en alliant le professionnalisme d’envergure internationale acquis sous l’impulsion de Baudo et Krivine et l’ouverture du répertoire insufflée par Robertson.”

Malgré une expérience enrichissante pour tout le monde, David Robertson n’ira pas jusqu’au bout de son deuxième mandat, préférant le rôle de chef invité et quittera l’ONL en juin 2004.

Jun Märkl (2005-2011)

La Ville repart à la chasse d’un chef et choisit Jun Märkl, chef allemand sans grande réputation internationale mais connu pour son adaptabilité et sa connivence avec l’orchestre lyonnais. Ayant déjà tenu la baguette pendant le mandat de Robertson, il est fort apprécié de l’orchestre. Il participera aussi avec d’autres chefs invités à la saison charnière 2004-2005 avant de prendre ses fonctions officiellement en septembre 2005.
Né à Munich d’un père allemand et violoniste et d’une mère japonaise et pianiste, Jun Märkl prend les commandes d’un orchestre érigé au niveau international et qui fête à cette rentrée, son centenaire. Les festivités, trois mois après son arrivée vont le mettre tout de suite dans le bain.
Le programme, laissé au choix du public, sera ovationné par une salle comble.
Pour l’occasion sont édités un livre, Cent ans d’orchestre ainsi qu’un disque et un D.V.D.
Le disque du centenaire contient des œuvres de divers compositeurs (Ravel, Wagner, Stravinsky, Debussy…) inédites et enregistrées entre 1984 et 2002 sous la direction des trois premiers chefs.

centenaire

Quant au DVD l’Orchestre national de Lyon a 100 ans, il retrace l’histoire de l’orchestre et retransmet deux œuvres à succès données lors des festivités : l’ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner et la Symphonie du nouveau monde de Dvorak.
La soirée se termine même par la constitution d’un “coffre aux trésors” à l’intention des générations futures dans lequel sont enfermés outre un magnum de beaujolais, des programmes, le cd et le DVD du centenaire, ce coffre ne devant être ouvert qu’en 2105.

Discographie

Pour sa discographie “lyonnaise”, Jun Märkl enregistre l’intégrale des œuvres pour orchestre de Claude Debussy. Cette entreprise fastidieuse nécessitera plusieurs années et le résultat final sera édité en 2012 par Naxos à l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Debussy, sous la forme d’un coffret de 9 cd.

- Jun Märkl reprend les résidences de compositeurs et invite pour trois ans (2007-2010) le compositeur et organiste virtuose Thierry Escaich. Par la même occasion c’est l’orgue Cavaillé-Coll qui est réhabilité, mis au purgatoire depuis le décès en 1992 de son plus fidèle conservateur, Patrice Caire. Thierry Escaich s’illustrera dès la première saison, à l’occasion du centenaire de la naissance de son maître Olivier Messiaen (1908-1992).
Passion à la fois de l’organiste mais aussi du chef allemand, l’œuvre de Messiaen sera le sujet de trois disques de L’ONL.
-Thierry Escaich compose au printemps 2008 la barque solaire, poème symphonique pour orgue et orchestre composé en hommage à son maître Olivier Messiaen. L’œuvre est donnée pour la première fois en France à l’Auditorium de Lyon le 23 avril 2009. Son enregistrement -couplé avec les Nuits hallucinées et le concerto pour violon et orchestre, toutes deux commandes de l’ONL- récoltera un Choc de la revue Classica.

De son côté Jun Märkl consacre deux autres disques en hommage au compositeur dont il loue la profondeur et la spiritualité.

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-Poèmes pour Mi
est une œuvre méconnue, originellement écrite pour piano et voix (1936) puis orchestrée l’année suivante. Ce cycle de chants sur des textes du compositeur lui-même sera confié à la soprano allemande Anne Schwanewilms.

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- Composée en 1964, Et exspecto resurrectionem mortuorum, est une œuvre liturgique pour orchestre (sans texte), destinée à être joué dans un lieu imposant. Elle n’a connu que peu de témoignages discographiques -car réputée difficile- si ce n’est ceux de Pierre Boulez (par deux fois) et de Serge Baudo en 1968 alors à la tête de l’Orchestre de Paris.

- Même si le répertoire allemand est régulièrement joué dans la programmation de l’ONL (l’intégrale Mahler par Krivine), les enregistrements sont eux beaucoup moins fréquents. Lorsqu’il enregistre 3 symphonies de Beethoven (dont la 9ème) et la 3ème symphonie de Mahler, le chef allemand veut laisser une trace de l’interprétation particulière par l’orchestre français de la musique germanique.
A l’honneur de la saison 2010-2011, Zarathoustra de Richard Strauss fera aussi l’objet d’un enregistrement. En avril 2015, Jun Märkl reviendra fouler les planches de l’Auditorium pour donner un programme autour du Chevalier à la Rose.

Ses mésaventures (principalement des désaccords avec le directeur administratif) ont laissé un souvenir amer de son passage au sein de l’orchestre.
C’est un peu en sauveur que l’américain Leonard Slatkin (67 ans) arrive à bord du navire Auditorium de Lyon.

Leonard Slatkin (2011-….)

Slatkin a alors deux objectifs : redonner à l’orchestre toute sa grandeur et son envie de jouer et surtout d’être le seul maître à bord. Il renoue avec un management à l’américaine (Robertson) seul décideur dans la direction musicale, il participe aussi à la politique de marketing et conduit l’orchestre comme une véritable entreprise.

Il marque tout de suite de sa patte la première saison avec un cycle “l’Amérique de Leonard Slatkin” dans lequel les compositeurs Bernstein ou Copland partagent l’affiche avec le jazz des big bands et la musique hollywoodienne. Après deux années consacrées à la musique russe, Leonard Slatkin, qui a signé pour un nouveau mandat en 2014, inaugure la nouvelle saison avec une initiation au…baseball, place Charles de Gaulle, à l’occasion de son 70ème anniversaire. Les points forts de la nouvelle saison seront la danse (de Tchaikovski à Bernstein) et Johannes Brahms. La rénovation de l’orgue Cavaillé-Coll en 2013 permettra de jouer des œuvres dédiées à cet instrument, notamment la symphonie n°3 avec orgue de Camille Saint-Saëns que l’orchestre vient juste d’enregistrer.

Discographie

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- Le chef américain renoue avec l’œuvre d’Hector Berlioz et projette une intégrale du compositeur. En 2012 pour son premier enregistrement à la tête de l’orchestre lyonnais, il défend sa version de la symphonie fantastique. Devenue un exercice de style et en même temps une œuvre fétiche pour l’ONL, la fantastique reste une partition minée compte tenu de plusieurs versions historiques. Celle de Slatkin sera saluée par la critique.

- L’année suivante l’orchestre enregistre une version publique d’Harold en Italie, deuxième symphonie du compositeur. Composée quatre ans après la fantastique, Harold en Italie est une symphonie pour alto, inspirée du poème de Lord Byron. Peu enregistrée, la deuxième symphonie de Berlioz trouve ici une version très bien interprétée. En plus d’une direction très juste, la critique se réjouit de la merveilleuse prestation de la jeune altiste, Lise Berthaud.
Il projette aussi d’enregistrer une intégrale Ravel dont les deux premiers volumes ont eux aussi été félicités par la critique.

Un Audi devenu trop petit ?

A l’ouverture de l’Auditorium de Lyon l’Orchestre comptait que 950 abonnés et le défi était de remplir chaque soir le 2100 places nouvellement attribuées. A la fin des années 1980, l’institution comptait 8000 abonnés et durant les 3 dernières décennies de grands événements musicaux ont dû être déplacés au Palais des Sports, puis à la Halle Tony Garnier. Avec des programmations toujours plus alléchantes, on est en droit de se demander si l’Audi ne serait pas victime de son succès.
Si les Lyonnais ont eu du mal au début à accepter l’architecture d’un bâtiment futuriste, ils restent très attachés à un établissement devenu indispensable au paysage culturel français.

Pour aller plus loin

- L’ONL organise une semaine de festivités du 30 janvier au 8 février avec comme point d’orgue le retour de Serge Baudo au pupitre pour éxecuter une Symphonie fantastique.

-Cent ans d’orchestre : Orchestre national de Lyon 1905-2005

-Centenaire de l’Orchestre de Lyon 1905-2005

-Cinquante ans de vie culturelle à Lyon 1924-1977

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